Funambules : Artistes qui marchent sur un câble tendu à grande hauteur et exécute des exercices acrobatiques et d’équilibre.
Funambules en 1700 - Funambules

Funambules en 1700

Funambules de l’Antiquité

Dans l’antiquité, la langue grecque possédait plusieurs termes précis pour désigner les différents danseurs de corde : Les neurobates qui, les pieds suspendus à la corde tournaient autour de celle-ci – Les oribates glissaient sur une corde tendue à l’oblique – Les schœnobates marchaient sur la corde. Les Romains traduisirent ce dernier terme par le mot funambuli.

Funambules à l'époque ottomane - Funambules

Funambules à l’époque ottomane

En Grèce, les schœnobates originaires de Cysique, en Asie mineure, étaient précédés d’une solide réputation. À Rome, les funambuli jouèrent d’abord en plein air, puis donnèrent leurs représentations dans des théâtres. Au Moyen-Age, ils étaient appelés des voleurs de ciel, parce qu’ils semblaient voler comme des oiseaux. Ils exerçaient leur art à l’occasion des réceptions royales. Certains étaient connus d’après leur origine tels le Génois, en 1385 à Paris, ou l’Aragonais, en 1547 à Londres. D’autres eurent l’insigne honneur de voir leur nom passer à la postérité comme George Menustre, grâce aux écrits de Jehan d’Authon, le chroniqueur de Louis XII. En Angleterre, sous le règne de Charles II, Jacob Hall eut lui aussi son heure de célébrité.

Madame Saqui en 1816 - Funambules

Madame Saqui en 1816

Au XVIIème siècle, Trivelin se tailla une solide réputation en travaillant sans balancier. Des troupes telles les Allard, les Bertrand ou les Vondrebeck participèrent au succès de la foire de Saint-Germain. Le siècle suivant vit l’essor prodigieux des funambules et danseurs de corde, annonçant les grands noms du début du XIXème siècle, comme madame Marguerite Antoinette Lalanne, dite Madame Saqui, la Malaga, Pierre Forioso ou Gabriel Ravel. Dans les pays Germaniques, Wilhelm Kolter et Jack Barred se faisaient une concurrence habilement orchestrée. Les grandes familles de funambules telles les Chiarini, les Lalanne ou les Weitzmann tendaient leurs câbles sur toutes les places européennes.

Blondin - Funambules

Blondin

Traversée du Niagara

Jean-François Gravelet, dit Blondin, est entré dans la légende. Le 30 juin 1859 il réussit l’exploit de traverser une des chutes du Niagara sur un câble. Blondin suscita de nombreuses vocations et toute une nouvelle génération de funambules, comme Farini ou Maria Spelterini, eut à cœur de tenter des performances exceptionnelles sur le câble.

Le XXème siècle vit l’avènement d’intrépides funambules tels Etienne Blanc, dit D’jelmako, qui roulait sur une torpille de son invention, Cam Mario ou Rover qui créa son Cirque des Funambules. En Suisse, de grandes familles comme les Knie, les Bauer, les Buhlmann, les Gasser, les Stey, les Nock diversifièrent leurs activités et montèrent des cirques qui allaient devenir célèbres.

Les Wallenda - Funambules

Les Wallenda

Les grandes troupes

Entre les deux grandes guerres mondiales, les Wallenda, troupe fondée en 1874, par Karl Wallenda, s’imposaient en Amérique. La troupe tchèque Triska, qui fut la créatrice de la fameuse pyramide à sept en 1943, tint le haut de l’affiche du Cirque Medrano en 1949.

D’autres troupes importantes telles les Traber, les Camilio Mayer, les Diavolos, les Oskani, les Monti, les Orsola, les Diables Blancs ou les Compagnons du Ciel travaillaient sur les places publiques. Les troupes Bob Guerry, Berosini, Bob Kion, Elleano, Cimarro’s ou celle des Eagle, se produisirent sous la toile des chapiteaux. En 1962, en présentant la pyramide à sept, les Wallenda furent victimes d’une chute spectaculaire qui coûta la vie à Dieter Schepp et Richard Faughnan.

Aux USA, Harold Davis, dit Alzana, travaillait à grande hauteur sans balancier. La façon dont il sautait à la corde était incroyable. Il faudra attendre Gene Mendez ou les frères Carillo pour voir accomplir des exploits aussi audacieux. Joselito Barreda, lui aussi sans balancier, pédalait sur une roue à pédale. En France, des artistes tels Fred Martin, avec sa descente vertigineuse à bicyclette sur un câble incliné, Gilbert Lods ou Michel Brachet réalisaient des traversées spectaculaires.

Camilio Meyer - Funambules

Camilio Meyer

Révélations

La troupe Tsovkra du Dhagestan, qui vint en Europe avec la première tournée du Cirque de Moscou, fut une révélation. Dans les années 1970, les Voljanski créèrent une véritable pantomime sur le fil intitulée Prométhée. De nombreuses troupes russes et asiatiques réalisent des exercices défiant l’imagination. Cependant l’abus de longes et de mécaniques douteuses enlève tout caractère d’authenticité. Le spectateur un tant soit peu perspicace ne peut s‘empêcher de faire le rapprochement avec un numéro de marionnettes à fil. Heureusement, les véritables funambules comme Manfred Doval, Sacha ou Freddy Nock, les Pentchovi, Roger Regor, les Farell, ou encore Didier Pasquette, élève de Rudy Omankowski, font honneur à cet art ancestral.

En 1970, la troupe Camilio Mayer monta la pyramide à sept, qui fut reprise en 1994 par les White Angels, puis en 1997 par les Guerreros. Le téméraire Henry’s s’est consacré aux records sur câble en tous genres. Son exemple fut suivi par Michel Menin, un ex-spéléologue.

Philippe Petit, à ses débuts, eut l’audace de tendre son fil entre les deux tours de Notre-Dame de Paris. Cet artiste atypique continue une carrière extraordinaire parsemée de réalisations grandioses dans le monde entier. Comme leurs illustres prédécesseurs, les funambules continuèrent de tendre leurs câbles sur les places. Qu’ils s’appellent les Palmiri, les Chevaliers du Ciel, les Landri, ces artistes aériens continuent inlassablement leur marche vers les étoiles.

Toujours étonnants
Les Mesa - photo Jean Pierre Jerva - Funambules

Les Mesa – photo Jean Pierre Jerva

Les funambules n’ont pas fini de nous étonner. En 1998, au Cirque Knie, le porteur de la troupe Aishad Abakerova, tenait en équilibre sur ses épaules trois de ses partenaires ; l’année suivante, au Cirque de Moscou, les Tchigov se produisaient sans longe de sécurité. À Monaco, en 2002, les Quiros évoluèrent sur deux câbles tendus à des hauteurs différentes.

En 2010, au Cirque d’Hiver Bouglione, Aura Guerrero chantait tout en étant en équilibre sur les épaules de son mari Werner, lors d’une impressionnante descente sur un câble incliné. Au 14ème Festival de Latina, en 2012, la troupe Gerling présenta la fameuse pyramide à 7. Cette même année, Nik Wallenda fit une triomphale traversée de 550 mètres au-dessus des chutes du Niagara.

L’étonnante Eliza Khatchatryan fut une des révélations du XXXVIII ème Festival de Monte-Carlo avec ses danses sur les pointes à grande hauteur. À la Grande Fête Lilloise du Cirque, en 2016, la troupe Sema rééditait l’exploit de la pyramide à sept personnes, de même que les Robles au Cirque Nock en Suisse.

Pio Nock - Funambules

Pio Nock

Autres définitions

Funambule comique : Artiste qui présente un numéro à caractère humoristique sur le fil à grande hauteur. Parmi les meilleurs du genre, on retient le nom de Andreos Karindas doué d’une grande nature comique, ainsi que Pio et Bello Nock, Frank Cook ou Joe Seitz.

Funambulisme : Terme générique pour désigner l’art des funambules.

Funambuliste : Terme fantaisiste qui était utilisé au XIXème siècle par Nicolas Bertrand pour désigner le théâtre des Funambules, à Paris.

Funanferristes : Néologisme explicite créé par Eric Lederne, dit Alwin. Ce terme est constitué du préfixe du mot funambule et du suffixe du mot fildefériste.

Dominique Denis
Extrait et adaptation de : L’Encyclopédie du Cirque – Dominique Denis – Arts des 2 mondes – version e book
L'Encyclopédie du Cirque par D. Denis

L’Encyclopédie du Cirque par Dominique Denis

Sources
  • Funambule : M. F. A. – G. Depping – p 171 à 195.
  • A.- J. M. T. – B. N. – p 8.
  • Voleurs de ciel – T. Rémy – l’Humanité – 1977.
  • M. C. – H. Thétard – p 338 à 351-583 à 584.
  • Equilibristes, Jongleurs et funambules – C. Oger – G. L. C. – Vol II – p 198 à 211.
  • Forains – J. Garnier – p 343.
  • La pyramide à sept – C. Hamel – C. U. – n° 174.
  • L’accident des Wallenda – C. U. – n° 44.
  • Equilibre – Adrian – p 74 à 86 -100 à 119.
  • Le Cirque de Moscou – T. Rémy.
  • Monte-Carlo – P. Paret – p 170-224
  • Bretagne Circus n° 91 – p 10.
  • Sur le funambulisme – C. Waetzold – Echo – Juin 1958 – Octobre 1973.
  • C. U. – n° 124-155-185-188-189-204-239-247-252.
  • La traversée de chutes du Niagara par Nik Wallenda – D. Jando – C. U. – n° 246.
  • Flyer Grande Fête Lilloise du Cirque – 2016.
  • Nock 2016 – Pierre-André Chenaux – Bretagne Circus – n° 182.
  • Funambule comique : Notes de l’Auteur.
  • Funambulisme : Traité de funambulisme – P. Petit.
  • Funambuliste : Jean-Gaspard Deburau – T. Rémy – p 44.
  • Funanferriste : Document Eric Alwin.