Artistes exceptionnels, les Concello se sont imposés comme les dignes successeurs des Codona, et qui à leur tour, ont formé les plus grands trapézistes américains du milieu du XXe siècle.
Affiche des Concello - Archives Arlequin

Affiche des Concello

D’origine portugaise Arthur Vasconcellos, dit Art Concello, naquit le 26 mars 1912, à Spokane, dans l’état de Washington. Comme ses parents, il apprit les rudiments du trapèze dès l’âge de dix ans, sous la férule de Clarence Curtis. Ensuite, il se perfectionna sous la conduite d’Ed Ward Senior, un des grands maîtres américains du trapèze volant, à Bloomington, dans l’Illinois.

Rencontre de deux étoiles
Les 3 Concello - photo

Le trio Concello – photo Archives Arlequin

Arthur mesurait un mètre cinquante sept, et pesait soixante cinq kilos. Il exécutait tous les tours d’Alfredo Codona, certes sans son assurance, sa précision, ni son élégance. Cependant il était infatigable et ambitieux. Six ans plus tard, Art était engagé comme voltigeur au Cirque Hagenbeck-Wallace. Il rencontra Antoinette Comeau, une jeune fille, qui était novice dans un couvent. Svelte et jolie brune, elle mesurait un mètre cinquante cinq, et pesait cinquante et un kilo. Elle allait vite se révéler comme une étoile du trapèze. Ils se marièrent en 1928. L’année suivante, lorsqu’Ed Ward Senior mourut, ils achetèrent son école de trapèze de Bloomington.

En 1932, les Concello furent engagés au Bertram Mills Circus à l’Olympia de Londres. A cette époque, mis à part Alfredo Codona, peu de voltigeurs pouvaient prétendre réussir le triple, cependant Art Concello était de ceux là, quant à Antoinette, elle était unique. Dans La Merveilleuse Histoire du Cirque, Henry Thétard écrivait à son propos :

« … Elle accomplissait les tours les plus difficiles : double saut périlleux, puis double et demi, passe en twist casse-cou, rappelant étonnamment par la précision de la trajectoire, la sûreté de la rattrape, l’élégance du style, la silhouette d’Alfredo Codona… »

Leur engagement stipulait qu’Art devait tourner le triple à chaque représentation. Dès la première, Art se blessa. Leur contrat fut résilié, et ils durent retourner en Amérique. Ils furent néanmoins réengagés deux ans plus tard, dans ce cirque. Lors d’un engagement à la Scala de Berlin, en 1934, Antoinette se blessa. Elle fut remplacée au pied levé par Ginevra Amadori. Les Concello passèrent ensuite, du 30 novembre au 14 décembre, au Cirque d’Hiver de Paris, qui venait d’être repris par les frères Bouglione.

Sous le plus grand chapiteau du monde
Affiche du Ringling Bros and Barnum & Bailey Circus - Concello

Affiche du Ringling Bros and Barnum & Bailey Circus

De retour, en Amérique, les Concello devinrent les trapézistes vedettes du Ringling Bros and Barnum & Bailey Circus. En 1937, à l’ouverture de la saison au Madison Square Garden de New York, Art et Antoinette, tournaient tous deux régulièrement le triple, chacun à leur tour, rattrapés par Ed Ward junior. Art exécutait aussi un double incroyable. Dans le bulletin du Club du Cirque, Alfred Court, qui fut son ami, décrivait cet exercice :

« … En lâchant son trapèze, il tournait un premier saut périlleux en arrière, compliqué d’une demi-pirouette, de sorte que son corps se trouvait tourné dans le sens opposé à celui du départ. Donnant alors, un brusque coup de tête en avant, en même temps qu’un coup d’épaule, il tournait un second saut périlleux en avant, et en demi-pirouette, puis rattrapait son porteur.

C’était en somme, un saut périlleux twist en arrière, suivi d’un saut périlleux en avant… »

Art Concello forma plus de cinquante trapézistes, parmi lesquels on peut citer des vedettes du genre comme Wayne Larrey ou Fay Alexander, qui tous deux tournèrent le fameux triple.

Little Cesar
Affiche Russell Bros Circus - Concello

Affiche Russell Bros Circus

Art fut nommé aerial director, puis devint directeur général du Ringling Bros and Barnum & Bailey Circus, en 1942. Deux ans plus tard, il dirigeait sa propre affaire, le Russel Bros Circus, avec un spectacle dont les animaux de Clyde Beatty étaient la vedette.

En 1947, John Ringling qui venait de reprendre la firme Ringling Bros and Barnum & Bailey Circus, fit appel à nouveau à Concello pour la direction de son cirque.

Ingénieux, Art Concello fut à l’origine de l’invention des voitures gradins. Ces véhicules, s’ouvraient en éventail, au moyen de treuils actionnés par moteur. Cette innovation permettait, une fois le chapiteau monté, de mettre en place tous les gradins en moins d’une demi-heure.

Omniprésent et volontaire, il dirigeait son équipe sans faiblir. Il réussit à évincer les malfrats qui gravitaient autours du cirque. Ce n’est pas par hasard qu’il fut surnommé le petit César. D’ailleurs, dans le film Sous le plus grand chapiteau du monde, l’acteur Charlton Heston, le prit comme modèle pour interpréter le personnage du directeur de la tournée.

Après avoir dirigé la tournée européenne de Ringling Bros and Barnum & Bailey Circus, en 1963, il se retira des affaires, et prit sa retraite en Floride. Antoinette Concello décéda en 1984. Par la suite, Arthur se remaria avec Margaret Smith. Le 12 juillet 2001, le Daily Telegraph nous apprenait la mort d’Art Concello.

Peu connus en Europe, malgré leurs passages chez Mills et au Cirque d’Hiver, les Concello méritent largement de figurer au Panthéon des as du trapèze volant.

Dominique Denis 

Adaptation de l’article paru dans Le Cirque dans l’univers – n° 202 : Les Concello, as du trapèze volant par Dominique Denis.

Sources : Concello
  • Arthur Concello – Scènes et Pistes – 1957.
  • Sur Ginevra Amadori – C. Teubert-Folz – Le Cirque dans l’Univers – 1962.
  • Antoinette Concello – Le Cirque dans l’Univers – 1962.
  • Dictionnaire du Cirque – Dominique Denis.
  • Un maître du triple : Fay Alexander – Dominique Denis – Le Cirque dans l’Univers – n° 198.
  • Les aériens – Jean Barret-Zemganno – Le Grand Livre du Cirque – Vol II – p 214.
  • Bertram Mills Circus – David Jamieson.
  • Ils donnent des Ailes au Cirque – Adrian – p 83.
  • Affiche Concello – Collection Jean Villiers.
  • Le Nouvelliste – Décembre 1934.
  • Programme Ringling Bros and Barnum & Bailey Circus – 1963.
  • La Merveilleuse Histoire du Cirque – H. Thétard – p 362-365-367.
  • Le triple – P. Couderc – Le Cirque dans l’Univers – n° 54-55-56.
  • Toujours le triple – P. Couderc – Le Cirque dans l’Univers – n°62.
  • Lettre de Sarasota – Alfred Court – Bulletin du Club du Cirque – n°4.
  • A propos de doubles saut périlleux – Alfred Court – Bulletin du Club du Cirque – n°5.
  • Daily Telegraph – 12/7/2001.