Les contorsionnistes peuvent se diviser en trois catégories : Les disloqués en arrière, appelés benders par les anglo-saxons, les disloqués en avant (posturers), et les désarticulés.
Chester Kingston par M. Kiesling-Debussy - contorsionnistes

Chester Kingston par M. Kiesling-Debussy

Les contorsionnistes peuvent également pratiquer ces trois genres à la fois.

Les Schillys - contorsionnistes

Les Schillys

Disloqués en arrière

Appelés, autrefois, femme ou homme-serpent, la plupart d’entre eux étaient costumés en reptiles, tels Sprunkelly, les Schillys, les Sayton, ou en personnage simiesque comme Dichter Johann Nestroy.

Un des plus célèbres hommes-serpents du XIXème siècle fut Marinelli (1862-1924), qui devint par la suite un impresario réputé. Il a donné son nom à une figure de base, nommée Marinelli bend.

Les contorsionnistes Sarina ou les frères Girard, quant à eux, se costumèrent en Méphisto.

Disloqués en avant
Edward Klischning - contorsionnistes

Edward Klischning

Ils étaient appelés, autrefois, femme ou homme grenouille, costumés en amphibiens ou en singe. Ce style de présentation est attribué à Edward Klischnig (1813-1877). Dans les pays germaniques, les numéros de contorsion sont souvent appelés Klischnig act.

Le major Zamora fut une vedette du genre à la fin du XIXème siècle. Les Maeb étaient costumés reptiles et Leonaly en diablotin.

Plus tard, Alberto s’annonçait comme The Human Alligator. Chez  Pinder, en 1954, les Schafars interprétaient un sketch intitulé La princesse et la grenouille.

Junios - contorsionnistes

Junios

Les désarticulés

C’est l’appellation circassienne pour désigner les contorsionnistes qui pratiquent la désarticulation d’épaules et de jambes. On les appelle femmes ou hommes caoutchouc.

Ces exercices consistent en déboîtements des épaules, grands écarts, en avant et facial.

Dès la fin du XIXème siècle les styles de présentation se mirent à évoluer. Manuel Woodson se présentait costumé en Mercure, les Donaldson utilisèrent un piédestal et Junios s’éleva encore plus haut, à l’extrémité d’un mât. À la Belle Epoque, miss Athéa sortait de son lit pour et se livrait à sa gymnastique du matin.

Dans une petite boîte
Chester Kingston par les demoiselles Vesque - contorsionnistes

Chester Kingston par les demoiselles Vesque

L’américain Chester Kingston, à la fois disloqué avant et arrière, fut l’un des contorsionnistes les plus originaux de XXèmesiècle. Il était annoncé comme The Chinese Puzzle. Costumé en Chinois, il se faufilait au travers du dossier d’une chaise. Avec un art consommé, il se nichait dans une boîte à thé cubique.

Son oncle Walter Wentworth présentait le même effet dans une petite caisse remplie déjà de six bouteilles. Ce travail fut repris par Miss Dora dans un dé, puis par Rocky Randall qui utilisait un cube en Plexiglas transparent.

Entre les deux grandes guerres, Barbara la May agrémentait ses chorégraphies de contorsions et le trapéziste Albert Powel présentait le numéro de l’écharpe vivante. 

Ensuite, l’art de la dislocation fut représenté par Oréval, Régine Reyne, Mitsi Ray, Elizabeth, Boston, Ruby King…  Les Concha-Concha prenaient leurs postures sur un piédestal de six mètres de haut.

Archie et Diane Benett - contorsionnistes - Nogrady

Archie et Diane Benett – photo Nogrady

Artistes de grande classe

En Chine l’art de la contorsion fut représentée pat Xia Jihua, et en Mongolie par Tsen Ayouche.

Un des numéros les plus cotés des années 1960 était ceux de Pifar Shang, les Coudoux ou des Seiffert. 

Les Australiens Archie et Diane Bennnett présentèrent un numéro chorégraphié, d’une classe exceptionnelle.

Des jeunes femmes, telles Meribeth Old, Margaret Jorgensen, Fatima Zohra, Maty Munoz, ou Tatiana Dermendjeva apportèrent une notion de charme indiscutable.

Les contorsions de Kriss Thuras furent inscrites au Livre des Records en 1987.

De plus en plus fort
An-Hui - photo Yvon Kervinio - contorsionnistes

An-Hui – photo Yvon Kervinio

À la fin de XXème siècle, de nombreuses artistes chinoises et asiatiques ont présenté des numéros d’une grande perfection, comme Hsia Chu Hua. 

Puis, il y eut Daï Wenxia (médaille d’or au Festival du Cirque de Demain en 1981), Li Lipin (clown d’or à Monte-Carlo 1883), ou An Hui avec ses étonnants équilibres de pagodes de verres, au Festival du Cirque de Demain en 1991.

L’année suivante, dans ce même spectacle, les Mongoles Tsendbiamba et Nandintsetseg multipliaient de savantes évolutions, tandis que la troupe de Shenyang présentait un trio de contorsionnistes avec de périlleux équilibres de bols.

Au XVIème Festival International du Cirque de Monte Carlo, les quatre jeunes Québécoises, Laurence, Isabelle, Jinny et Nadine obtinrent le Clown d’or grâce à une prestation originale tant pour le travail acrobatique que pour la chorégraphie et la musique.

Victor Bagrov - contorsionnistes - photo Yvon Kervinio

Victor Bagrov – photo Yvon Kervinio

Florilège de contorsions

Plusieurs artistes prirent la relève telles Natalia Vasiliuk ou Anastasia Mazur… Il y en eut aussi Elodie Guézou, Lunga, Elena, Ramah, Emma Richard, Elodie Chan… et d’autres comme Séverine Bellini, Juma, les Batkimo, Claudia, ou le duo Asia… Ajoutons Hugo Zamoratte, Victor Bagrov ou Little Angels.

Erdene Tchimyeck fut une des révélations du Festival du Cirque de Massy en 1993. Euphoria, au Cirque d’Hiver Bouglione, se contorsionnait en équilibre de mâchoire. Rich Metiku envoûta le public du Festival de Figueres, en 2012.

Les sœurs Seyranyan, à Monaco en 2013, réussissaient l’exploit d’entrer, toutes les deux, à l’intérieur d’une petite boîte transparente.

Contorsionnistes comiques
Barto - photo Yvon Kervinio - contorsionnistes

Barto – photo Yvon Kervinio

De par leur style de présentation, certains artistes surent rendre leurs contorsions comiques. Les premiers du genre furent les frères Girard, puis les Marco Twins à la fin du XIXème siècle.

Au siècle suivant, Walter et Bryant, Streeth and Streeth ou les Syras renouvelèrent le genre avec le sketch de l’homme qui se dégonfle. Le numéro du pantin désarticulé eut par la suite de nombreux interprètes tels John Vree, le trio Allegro, les King Toys ou Joe Kay… sans oublier Bespaly, les Morlidor, les Forida, les Wicky ou le Lime trio .

De nature enjouée, Barto passait au travers d’un cintre métallique. L’amusant Alexandre Yenivatov, dit Sacha la grenouille, fut la vedette du Cirque Phénix en 2006.

Une des attractions vedettes de la saison 2018/2019 du Cirque d’Hiver Bouglione fut Andrey Romanovsky qui, costumé en ramoneur, évoluait dans l’étroit conduit d’un poêle..

Dominique Denis

Adaptation de : L’Encyclopédie du Cirque – Dominique Denis – Arts des 2 Mondes – version e book

Sources
  • Benders et Posturers – E. M. Shears – Le Cirque dans l’Univers  – n° 38.
  • Une vie : Edward Klischnig – Jean Brabec – Echo – Décembre 1965 à Avril 1966.
  • L’Acrobatie et les Acrobates – G. Strehly – p 96 à 107.
  • Au Music-Hall – Gustave Fréjaville – p 155 à 159.
  • La Merveilleuse Histoire du Cirque – Henry Thétard – glossaire – p 322 à 324 -575.
  • Cirque Parade – Adrian – p 115 à 118.
  • En piste, les Acrobates – Adrian – p 73 à 86.
  • Une vie de cirque – Jérôme Medrano – p 229.
  • Von Fliegenden Menschen und Tanzerden Pferden – Gisela Winkler – p 171.
Sources – suite
  • Découvrez le Cirque – Dominique Denis.
  • Le Grand Livre du Cirque – Monica J. Renevey – Vol II – p 158 à 160.
  • Le livre d’or de la Piste aux Etoiles – Hélène Margaritis – p 63.
  • La First Lady du Cirque Mongol – D. Mauclair – Le Cirque dans l’Univers  – n° 215.
  • Programme du Festival du Cirque de Demain – 1991 – 1992.
  • Dictionnaire du Cirque – Dominique Denis.
  • Trente ans – Festival du Cirque de Demain.
  • Programme Festival de Monte-Carlo – 2013.
  • Cirque Phénix – J. Motte – Le Cirque dans l’Univers  – n° 224.
  • Programme Cirque d’Hiver Bouglione – 2018.
À lire 
  • L’Acrobatie et les Acrobates – Georges Strehly.
  • En piste les Acrobates – Adrian.