Frederico Demetrio Zavatta dirigea un cirque de famille renommé dans les pays du Magreb de 1913 à 1926.

Frederico Demetrio Zavatta

Frederico Demetrio Zavatta
Frederico Demetrio Zavatta – photo Archives Arlequin

Frederico était le fils de Pietro Riccardo Zavatta (1850-1940). Son père, directeur du Circo Equestre Gimnastoco était marié avec Luigia Belley. Son grand-père Giovanni Antonio (1822-1899), marié avec Anna Bougonis, fut le créateur du Circo Zavatta en 1844. Le fondateur de la lignée fut Domenico Zavatta (1794-1857) originaire de Vénétie, marié avec Elisabetta Giraldini. 

La famille Zavatta fait partie des familles les plus nombreuses dans le monde du Cirque italien. Elle est alliée aux Belley, Bogino, Orfei, Pellegrini, Tomelleri, Zanfretta, Zamperla ou Zoppe. La branche française de Frederico, quant à elle, est associée aux familles Figuier, Foottit, Lamy et Moore.

Enfant de la balle, Frederico pratiqua plusieurs arts de la Piste.  Il se maria avec la trapéziste, fildefériste et écuyère Emma di Tomelleri. Ils eurent de nombreux enfants qui furent tous artistes ou directeurs de cirque.

Le cirque voyageur de Frederico

Après avoir voyagé en Autriche-Hongrie, en Bavière et dans les états des Balkans, Frederico Demetrio,  à partir de 1903, organisa ses propres tournées en Italie. Dix ans plus tard, il s’embarquait pour la Tunisie.

Son chapiteau n’était qu’un modeste parapluie. Quant au spectacle il animé par le patron en personne. Au programme : Le jongleur de force avec des poids et haltères, l’échelle antipodiste avec Riccardo, le clown musical avec Emma, et l’Hercule. C’était le clou de la représentation. Rien que par sa force musculaire, il résistait à la traction de deux paires de bœufs reliés par une grosse corde. 

Le chapiteau parapluie de  Frederico Zavatta
Le chapiteau de Frederico Zavatta

La petite troupe présentait également des pantomimes comme le Bal masqué ou L’ours et la sentinelle .

Lors de la grand guerre, Frederico ses fils Riccardo et Luigi, alors citoyens italiens, furent appelés sous les drapeaux pour lutter contre les armées austro-hongroises. Pendant ce temps, Emma, restée en Tunisie, tenait un stand de tir.

Le triple jockey

De retour de la guerre, Frederico Demetrio et ses fils reprirent les tournées. Il améliora son chapiteau avec un pourtour en toile ondulée.

Le spectacle s’était étoffé avec la participation des autres enfants : Isolina, trapéziste et écuyère ; Rodolfo, contorsionniste,  acrobate à cheval et clown ; Eleonora, fildefériste et écuyère. Le petit dernier Alphonso Alessandro se tenait à la barrière costumé en Auguste.

La troupe passa ensuite en Algérie en 1921. L’attraction principale fut le triple jockey par Michel, Louis et Rodolphe… Les prénoms avaient été francisés.

De nouveaux numéros

D’années en années, la famille Zavatta créait de nouveaux numéros comme celui de Fortunello et Cirillino par Michel, Rodolphe et le petit Alphonso.

le cirque de  Frederico Zavatta ) 1923
Affiche du cirque de Frederico Zavatta en 1923

Les affaires étant prospères, Frederico engagea des artistes comme le comique grime Zozo Novara, puis les acrobates Nautis et Guelfo Fabbrini. En 1924, il fit l’acquisition d’un chapiteau à deux mâts de 28 mètres de diamètre.

Le cirque de Frederico Zavatta partit au Maroc malgré la guerre du Rif qui sévissait. Les affaires ne furent pas bonnes et l’année suivante, la troupe Zavatta, au complet, fut engagée au Cirque Nava.

Rétabli financièrement, Frederico put reprendre ses tournées avec son chapiteau en Algérie en 1926, une année de grande sécheresse. Attiré par la métropole, en 1927, il emmena sa troupe en France. À partir de ce moment, les membres de la famille se produisirent dans les cirques français ou européens.

Les enfants de Emma et Frederico Zavatta

Riccardo, dit Michel (1896-1986)

Affiche de Michel et Tonino Zavatta - Frederico Zavatta
Affiche de Michel et Tonino Zavatta

Il était l’aîné. Artiste complet, il fit partie de la troupe équestre Zoppe-Zavatta qui se produisit aux Etats Unis en 1936, au Cole Bros Circus. Michel fut marié avec Jeanne Cesario, avec qui il eut trois filles : Yolande, Micheline et Claudine. Ensuite, il épousa ensuite Luba Babenko avec qui il eut trois enfants : Catherine, Yves et Emma. Catherine fut l’auteur du livre (en collaboration avec René-Charles Plancke) Il était une fois Le Zavatta.

Alfonso 

Né en 1897, ce petit garçon est mort prématurément à la suite d’une méningite.

Luigi, dit Louis, dit Tonino (1898-1986)

Ecuyer émérite, acrobate et clown, il était doué d’une forte nature comique. Avec son épouse Adrienne Lamy, veuve de Tommy Foottit, il dirigea le Cirque Lamy de 1928 à 1952. Tonino reprit ensuite son métier de clown et fit équipe avec Totor Foottit, John Figuier et Dédé Gruss.

Isolina (1902-1955)

Isolina - Frederico Zavatta
Isolina

Gymnaste de première force, elle fut la porteuse du numéro de perche qu’elle présentait avec son mari Guelfo Fabbrini. Isolina monta ensuite un numéro audacieux au trapèze Washington. Cette femme exceptionnelle faisait encore de la moto à 83 ans. Elle eut trois enfants : Michel, Helena et Luciana.

Rodolfo, dit Rolph (1906-1998) 

Rolph débuta comme homme-serpent, acrobate et jockey. Il présenta le saut à la batoude par-dessus trois automobiles, et l’hélice humaine avec son épouse Berthe Zone. Rodolfo devint un clown renommé avec son frère Louis, Landry, les Rastelli, Carlo Manetti, Achille Zavatta, Eugène Léonard et son cousin Emilio. Il se maria en seconde noce avec Suzanne Aubin.

Rolph et Achille Zavatta - affiche Frederico Zavatta
Rolph et Achille Zavatta

Elonora, dite Titine (1910-1976)

Fildefériste et écuyère, elle se maria avec Jean Albert Figuier avec qui elle dirigea le Nouveau Cirque des frères Figuier de 1932 à 1946. Ce chapiteau prit ensuite comme enseigne Bostok Circus, Zoo-Circus, Bostok-Zoo-Circus, Super Circus et Intrépide Circus. Elonora eut six enfants : Emma, Romuald, Rodolphe, Jean-Claude, Billy et Michel.

Alfonso Alessandro Achille (1913-1993)

Achille Zavatta fut en France, l’Auguste le plus populaire de cette moitié du XXème siècle. Marié avec Julia Moore, il eut trois enfants, Lydia, William et Willie. D’une deuxième union avec Mona Sylvy, il eut un garçon Eric, puis avec sa troisième épouse Annick, encore un autre enfant Franck. Il dirigea son propre cirque.

Une famille exemplaire

Dans sa caravane installée dans le remise du Bostock-Zoo Circus à Ivry-sur-Seine, Frederico Demetrio Zavatta décéda le 4 février 1953.  Son épouse Emma, née di Tomelleri mourut à son tour, le 14 décembre 1955.

Tous deux reposent en paix au cimetière de Lizy-sur-Ourcq

Artistes et directeurs de cirque, Emma et Frederico Demetrio Zavatta ont laissé à la postérité une famille exemplaire qui s’est illustrée sur les pistes des plus grands cirques du monde.

Dominique Denis

Sources

  • Arbre génélogique – Alain Nénert.
  • Achille Zavatta – Star du Cirque – Dominique Denis.
  • La storia dello spettacolo viaggente – Giancarlo Pretini.
  • Faire part de décès de Frederico Zavatta.
  • Frederico Demetrio Zavatta – Le Cirque dans l’Univers – Henry Thétard – n°13
  • Il Circo della memoria – Alessandra Litta Modognani & Sandra Mantovani.
  • Il était une fois le Cirque Lamy – René-Charles Plancke.
  • Une vie de clown – Souvenirs de Rolph Zavatta – Jacques Garnier – Suzanne Aubin-Zavatta.
  • Catherine Zavatta – René-Charles Plancke : Il était une fois les Zavatta.
  • 30 ans de Cirque – Achille Zavatta (écrit par Jean Mag).
  • Viva Zavatta – Achille Zavatta – Souvenirs recueillis par Jacques Labib.
  • Livre : Achille Zavatta par Lydia Zavatta.
  • A. Zavatta – Pierre Robert Levy – Le Cirque dans l’Univers – n° 171.
  • Affiches du Cirque Frédéric Zavatta.
  • Alberto Braglia – A. Cervellatti – Le Cirque dans l’Univers – n° 74.
  • Les Clowns – Tristan Rémy.
  • Clowns de Cirque – Dominique Denis.
  • Louis Zavatta – Jean Biberon – Le Cirque dans l’Univers – n° 140.
  • Emilio Zavatta – Serena Bassano – Le Cirque dans l’Univers – n° 140.
  • Rolph Zavatta – Dominique Denis – Le Cirque dans l’Univers – n° 190.

À Lire

Il était une fois les Zavatta – Catherine Zavatta – René-Charles Plancke – Editions Amatteis – Le Mée-sur- Seine – 1995.