Jacques Tati en fête : Extrait du livre Les comiques à bicyclette par Dominique Denis paru aux éditions Arts des 2 Mondes, en 1998.
par Dominique Denis
La dernière séance

Lorsque l’on évoque un comique à bicyclette au Cinéma, le premier nom qui vient à l’esprit est, Jacques Tati.
Jour de Fête, ainsi que Les Vacances de Monsieur Hulot, ou Mon Oncle, font partie de notre patrimoine culturel et artistique.
Incontestablement, Jacques Tati est l’un de nos plus grands poètes.
Au Music-Hall
Avant de devenir un grand du cinéma, il fut un comique de music-hall. Il débuta en 1933 au Gerly’s avec un numéro de mime sportif.
Deux ans plus tard, Colette écrivait dans Le Journal :
« … Cet étonnant artiste a inventé d’être, ensemble, le joueur, la balle et la raquette, le ballon et le gardien de but, le boxeur et son adversaire, la bicyclette et le cycliste. En Jacques Tati, cheval et cavalier, tout Paris verra, vivante, la créature fabuleuse : le centaure… »
En quelques lignes, l’auteur du Blé en herbe, a parfaitement décrit son numéro. Jacques Tatischeff (1907-1982), entreprit une carrière internationale.
Il passa à Tabarin, à l’Alhambra en 1936, puis, l’année suivante, au Casino de Nice. En octobre 1942, il était à la Scala de Berlin.
Jacques Tati à l’Olympia de Paris
J’ai eu le privilège de l’applaudir, lors de son grand spectacle donné à l’Olympia en 1961.
Outre son numéro de mime sportif, il interprétait le sketch de l’école des facteurs, avec les Romano.
Jacques Tati était entouré des cascadeurs Rayros, de la comique Michèle Brabo, des danseurs Rudy et Charles Wlatt avec leur chien teigneux… Nono Zammit réglait la circulation, Katch-Matt jonglait, Arlys armé d’un immense fouet, domptait son petit chien Poker… La fanfare des Beaux Arts de Léon Malaquais tonitruait, Ménito et Michèle illusionnaient, Pierre Etaix perdait les boutons de sa veste…
Il y avait encore Loriot, Monique et Richard, les ballets de Georges Reich, l’orchestre dirigé par Gaston Lapeyronnie... Quel programme !
Les courts métrages
En tant que comédien, Jacques Tati joua dans quelques courts métrages : Oscar Champion de tennis, Gai Dimanche en compagnie d’Henri Sprocani, plus connu sous le nom de Rhum, et On demande une brute.
En 1936, il rencontra René Clément, le futur réalisateur de Jeux interdits. Ensemble ils tournèrent Soigne ton gauche, un petit film burlesque sur la boxe. Après avoir joué dans Sylvie et le fantôme, il proposa au producteur Fred Orain, de tourner une adaptation de son sketch L’école des facteurs.
Dominique Denis
Sources
Le Journal – Colette – 1935.
Comœdia – Octobre 1936.
Cinéma – Robert Pilati – Paris Match.
L’Encyclopédie du Cinéma – Roger Boussinot.
Dictionnaire historique – Music-hall et café-concert – Philippe Chauveau – p 183.
Le Nouvelliste des Concerts – Juin 1937.
Uns abends in die Scala – Joseph Donderer – p 128-129.
Jacques Tati à l’Olympia – Adrian – Scènes et Pistes – Juin 1961.
Jour de fête à l’Olympia – E. Kindler – Das Organ – Mai 1961.
Monsieur Hulot à l’Olympia – Pierre Etaix – Music-hall et Café-concert – p 22.
Suite des sources

A Sainte-Sévère, le facteur s’appelle toujours Tati – Jean-Claude Lapy – Le Figaro – 7/1/1995.
Jacques Tati n’est plus – Adrian – Scènes et Pistes – 1982.
Le facteur Tati – B .A. L. – Le Figaro 29/11/93.
Les coups du père François – Georges Buis – Le Nouvel Observateur.
Le facteur prend des couleurs – Emmanuèle Frois – Le Figaro – 10/1/1995.
La palette à Tati – Alain Riou – Le Nouvel Observateur – 4/1/1995.
Au rayon des rêves – Alain Riou – Le Nouvel Observateur – 4/1/1995.
À lire
Les comiques à bicyclette – Dominique Denis – Arts des 2 Mondes – Paris – 1998.