Fontaines lumineuses : Ces ballet de jets d’eau et de lumières se combinant aux rythmes de la musique, furent inventés par l’ingénieur suisse Jean-Daniel Colladon, en 1841.
Fontaines lumineuses au Cirque Pinder

Fontaines lumineuses au Cirque Pinder en 1933

Premières représentations

Les premières représentations publiques eurent lieu à Londres, en 1884. A Paris, ces fontaines firent les honneurs de l’Exposition universelle de 1900, de Marseille en 1908, de Rio de Janeiro en 1910, et de celle des Arts Décoratifs de 1925.

Les fontaines lumineuses résultent d’un appareillage complexe, composé d’un réservoir d’eau muni d’ouvertures avec en vis à vis, des lentilles encastrées, par lesquelles on projette des rayons lumineux. Le phénomène physique fait que les jets liquides de forme parabolique restent éclairés pendant tout leur parcours. Même les gouttelettes apparaissent lumineuses. Un système de pompes, relié à un pupitre central, permet de faire jaillir les jets à la commande.

Cirque Blumenfeld en 1913 - fontaines lumineuses

Fontaines lumineuses au Cirque Blumenfeld en 1913

L’eau acrobate

Depuis 1868, date à laquelle Karl Magnus Hinné agença des installations hydrauliques dans ses cirques de Moscou et de Saint-Petersbourg, de nombreux directeurs voulurent à leur tour monter des spectacles nautiques. A Paris, Joseph Oller fit construire le Nouveau Cirque avec sa fameuse piscine, en 1886. Cinq ans plus tard, à Lyon, Théodore Rancy aménagea sa piste de manière à recevoir un bassin situé en contrebas du niveau général. A Berlin, en 1895, Paul Busch, dota aussi son établissement d’une piste nautique. Ces féeries nautiques à thème était composées de ballets, comédies, plongeons, joutes, avec pour le final, une baignade générale. Cependant, les fontaines lumineuses ne firent leur apparition que tardivement comme chez Blumenfeld en 1913 ou au Cirque Busch dans la pantomime Oberon.

Notes de Legrand-Chabrier
Fontaines lumineuses au Cirque Busch en 1919

Fontaines lumineuses au Cirque Busch

En 1926, le cirque Ancillotti-Plège présenta cette attraction féerique, qui fut reprise l’année suivante au Cirque de Paris. Dans La Volonté, Legrand-Chabrier écrivait :

« … Sans doute n’est-ce pas la première fois qu’on utilise l’eau dans les spectacles de cirque… oui, mais jamais on avait eu l’idée de présenter ainsi que le fait le Cirque de Paris, un jet d’eau multiple, à peu près comme un exercice d’acrobate, afin de faire voir toute la splendide et changeante beauté de forme, les jeux divers, la voltige des gouttelettes, le coloris caméléon à mille et un caprices de nuances, les aspects de cascade les plus diverses en leur ascension et leur retombées, l’ordonnance du feu d’artifices, la méthode et la discipline des incomparables Grandes Eaux de Versailles… »

Edouard Védovelli

Ces fontaines lumineuses étaient construites par Edouard Védovelli de la société Lumi-Or, à Boulogne sur Seine. Elles étaient présentées en fin de programme, après un entracte de dix minutes, le temps de monter les appareils.

L’ingénieur du haut de son pupitre, aux commandes d’un petit orgue à trois commandes et onze boutons, interprétait chaque soir, une symphonie féerique aux mille gouttelettes de pluies d’or scintillantes.

Cirque Jacob Busch en 1940 - fontaines lumineuses

Fontaines lumineuses au Cirque Jacob Busch en 1940

Du pôle à l’équateur

Dans les années 1930, les fontaines lumineuses furent le clou de la revue nautique intitulée Du pôle à l’Equateur du cirque Jacob Busch, en tournée en Allemagne, puis en Italie. Cette attraction allemande fut encore programmée en décembre 1932, au Cirque d’Hiver de Paris (direction Gaston Desprez), pour la pantomime intitulée Les nuits du Kalifat, mise en scène par Werner Westerholt, puis pour la tournée 1933 du Cirque d’Hiver voyageur. Cette même année, les frères Spiessert montèrent à leur tour un Cirque sous l’eau, en s’inspirant des pantomimes nautiques du Nouveau Cirque de la fin du XIX e siècle, telle la Noce à Chocolat. Dans Face aux fauves chez Pinder, Roger Spessardy (en collaboration avec Jacques Garnier) écrivait :

« … Il y avait divers jeux d’eau autour de la piste, que différents ajustages, utilisés alternativement et à ouvertures variables pouvaient diversifier. Une passerelle en forme d’arc de cercle, une gondole, un énorme ballon permettaient des jeux multiples et des présentations changeantes. Les éclairages colorés émis par des projecteurs irradiaient une lumière puissante… 

Cirque Strassburger en 1951 - fontaines lumineuses

Fontaines lumineuses au Cirque Strassburger en 1951

À Blackpool

Le Blackpool Tower Circus en 1939, pour son final nautique, utilisa des effets de jets d’eau lumineux, qui par la suite, furent repris de nombreuses fois. Jacob Busch continuait, en 1940, de mettre à l’affiche des spectacles sur l’eau. Après la Guerre, en Allemagne, Appolo remit au goût du jour de tels spectacles. Dans sa revue Une nuit à Venise, le Cirque Strassburger présenta au Bénélux, en 1951 et 1952, de nombreux effets hydrauliques avec moult cascades et fontaines jaillissantes. Ce show fut ensuite programmé au Cirque Mijares-Schreiber en Suède, et l’année d’après chez Amar, en France.

A l’Hippodrome de Great Yarmouth, des fontaines fluorescentes furent le clou du Grand Water Spectacle. Le Cirque Trolle Rhodin présenta, à son tour, la Danse des Eaux, qui passait chaque année, pour Christmas, en attraction dans le hall de l’Olympia de Londres. Durant l’année 1959, le Circo Coliseum en Espagne, et le Cirque Hansa en Allemagne firent de même.

La piste aux Etoiles

En 1964, la Piste aux Etoiles fit appel aux fontaines lumineuses de Quiry. En Suisse, Knie donna trois fois des spectacles nautiques, en 1934, 1952 et 1969. Au Danemark, chez Benneweis, pour la saison 1972, Henrick Krogsgaard fut l’animateur des fontaines lumineuses. À la même époque, Pedro Lavia tourna au Mexique et en Amérique du Sud, avec un show aquatique.

Cirque Jean Richard - fontaines lumineuses

Fontaines lumineuses au Cirque Jean Richard

Le Cirque National de Budapest a produit un spectacle nautique, qui fut présenté en France, au Nouvel Hippodrome de Paris Jean Richard, en 1977, et par les Biasini en 1998.

À partir de 1992, Fliegenpilz divertit le public suisse, allemand et belge, avec son Circus unter Wasser.

Féeries et fontaines lumineuses

Le Cirque sur l’eau de Russie, qui vint à Paris en décembre 1994, pour agrémenter son final, utilisa aussi des jets d’eau alliés à des jeux de lumière. Au Cirque d’Hiver de Paris, en 1997 et en 1998, Muriel Hermine fut la vedette de Crescend’O. Cette féerie fut reprise ensuite, à Disneyland Paris. En octobre 1998, au Casino Bellagio, à Las Vegas, Michel Crête a monté, pour le Cirque du Soleil, une super production nautique dotée de moyens techniques extraordinaires, intitulé O comme océan. Ensuite, le cirque sous chapiteau Medrano (direction Raoul Gibault) proposa à son public un spectacle sur l’eau.

Un beau final à Lille - fontaines lumineuses

Un beau final à Lille – photo Thierry Fééry

Thierry Fééry termina le spectacle de la Grande Fête Lilloise du Cirque en 2016 par un final de jets colorés du bel effet. Depuis, plusieurs cirques ont repris ce principe comme le Cirque du Soleil, notamment au Futuroscope, ainsi que le Cirque de Budapest et Le Cirque sur l’eau de Raoul Gibault.

Actuellement, des sociétés comme  la Féerie de l’Eau, Les Fontaines DansantesAquatic Show, ou Atlantid proposent des fontaines lumineuses pour des spectacles en tous genres.

 Dominique Denis

Adaptation de : Les fontaines lumineuses au Cirque par Dominique Denis – Le Cirque dans l’Univers – n° 191.

Sources
  • Pierrot – mai 1936.
  • Larousse.
  • G. R. I. C. F. – R. Barrier – p 26-130.
  • Programme Cirque de Paris – janvier 1927.
  • Cirques n° IV – T Rémy – p 12.
  • Au Cirque d’Hiver – Inter-Forain – A. Héritier – 17/12/ 1932.
  • Face aux fauves chez Pinder – Roger Spessardy – p 135 à 139.
  • Il circo nell’acqua – R. Pandini – Circo – 11/1982
  • Cirques sur l’eau et sur glace – J. Garnier – G. L.C. – Vol II – p 331 à 338.
  • Echo – 8/1952 – 7/1953 – 6/72.
  • Télé 7 jours – juin 1964.
  • Le cirque sur l’eau – P. Tabuteau – C. U. n° 176.
  • Affiches – Archives Arlequin.
  • Photo Thierry Fééry.
  • Note France Thomasse.