Mara, une fantastique trapéziste qui se balançait suspendue par les talons, sans filet.

Mara au Circo Americano - Mara

Mara au Circo Americano

Mara : Une rare intensité dramatique

L’incroyable Maria Papadopoulos Vaquero, dite Mara, était une trapéziste qui faisait frémir les foules. Gilles Margaritis confia à un journaliste de France Soir, qu’elle était la trapéziste la plus fantastique qu’il n’ait jamais vu ! Dominique Denis qui avait pu l’apprécier à Munich en 1966 au Spanischer National Circus, fut, lui aussi, particulièrement impressionné. Voici quelques notes qu’il avait écrit :

Sans longe et sans filet
Mara suspendue par les talons

Mara suspendue par les talons

« … Son numéro n’excédait pas six minutes, était présentée, sans longe et sans filet, à rythme particulièrement soutenu, sans aucun temps mort. Telle la belle de Cadix, Mara apparaissait en piste vêtue de blanc. Avec un art consommé, elle enlevait ses immenses gants, puis sa mantille. Elle faisait un signe de croix, puis saisissant une staffe, elle se laisser hisser jusqu’à son trapèze. Pendant la montée, elle se débarrassait de son ample jupe à volants et de ses chaussons.

Mara commençait par une suspension par les pieds, puis par un seul. Après avoir reprit avec les mains la barre de son trapèze, elle faisait une traction d’un seul bras, au ralenti, exercice très applaudi. Elle installait ensuite une chaise sur son agrès, puis en grand ballant, s’asseyait dessus, puis, brusquement, se laissait tomber en arrière et se rattrapait par les jarrets, puis les pieds…

Sans le temps de souffler, elle se mettait en équilibre sur les reins, puis glissait en arrière et se réceptionnait par les pieds. Sans laisser respirer les spectateurs, sur le même tempo infernal, toujours en grand ballant, elle se suspendait par la nuque…

Le public stupéfait

… Sans attendre la fin des applaudissements, elle effectuait un rétablissement en avant, et sans crier garde, et se jetait en avant, et après une demi-pirouette, se rattrapait par les pieds. Le public était stupéfait !

Arrivait le dernier trick de son numéro, un exploit fantastique, présenté avec une rare intensité dramatique : Toujours en ballant, Mara se suspendait par la pli des genoux, puis avec une lenteur savamment calculée, se laissait glisser sur les mollets jusqu’aux talons. La tête en bas, elle saluait alors triomphalement.

Enfin, en quelques secondes, elle redescendait à terre, se drapait d’une vaste cape bleue et, telle une reine adulée, recevait les ovations des spectateurs enthousiastes, réalisant qu’ils venaient d’assister à un numéro exceptionnel… »

Mara : Oscar International du Cirque
Mara suspendue par la nuque - Mara

Mara suspendue par la nuque

Née à San Fernando (Cadix), le 29 juillet 1933, d’un père grec du nom de Miro Papadopoulos Stavanovich et d’une mère espagnole, Canela Remedios Vaquero, elle débuta dans le cirque familial. Elle avait cinq ans. Son frère aîné, Tonito qui était un remarquable fildefériste l’encouragea, et travaillant sans relâche, elle finit par obtenir des résultas surprenants.

En 1948, Mara fut victime d’une chute survenue au Cirque Segura. Un mois plus tard, elle remontait sur son trapèze. Elle se produisit l’année suivante au Portugal et fut vite remarquée par le directeur Juan Carcelle. Ensuite, elle fut engagée de 1951 au fameux Ringling Bros and Barnum & Bailey Circus en Amérique. Avant de s’envoler vers le nouveau monde, elle avait prit le temps de se marier avec Enrique Campos Munoz. Un mois après ses débuts, elle donnait naissance à son enfant Enriqueta.

L’accident

En tournée sous le plus grand chapiteau du monde, le 11 septembre 1953, à Tacoma, elle tomba et se blessa grièvement. Deux ans plus tard, elle réapparaissait courageusement sous la toile des Ringling.

Plus tard, elle retourna ensuite en Espagne, en décembre 1957, au Circo Price de Madrid puis au Circo Americano. Travailleuse acharnée, elle enchaîna avec une tournée de plusieurs années avec le cirque de Carola Williams en Allemagne sous l’enseigne du Spanischer National Circus.

En 1962, elle reçut à Vienne, l’Oscar International du Cirque. Puis, elle se produisit ensuite chez Scott en Suède, Togni en Italie, au Circo Berlin en Espagne… Elle visita de nombreux autres pays dont l’Australie. Son numéro fut filmé pour la Piste aux Etoiles et pour le Ed Sullivan Show, en Amérique.

Mara participa encore au Festival du Cirque au Palais des Sports de Madrid en 1976, où elle fut acclamée et récompensée par un nouvel Oscar. Elle termina sa carrière en beauté avec une tournée au Circo Atlas des frères Tonetti en 1979 et 1980.

En 1999, parut en Espagne un livre de Simon Gonzales intitulé Una vida apasionante en la barra del trapecio, dédiée à cette reine du trapèze.

Claudia Vivaldi

couverture du livre : Les Reines du Trapèze par Claudia Vivaldi

Les Reines du Trapèze par Claudia Vivaldi

Extrait deLes Reines du Trapèze – Claudia Vivaldi –  collection Dossier de l’Histoire – Arts des 2 Mondes – 2011.

Vidéo : 

Sources
  • Une rare intensité dramatique
  • Le livre d’or de la piste aux étoiles – Hélène Margaritis.
  • Mara n’a eu qu’un accident grave – France Soir – 25/1/1963.
  • Notes Dominique Denis.
  • Oscar International du Cirque
  • Ils donnent des ailes au cirque.
  • Programme Ringling 1951.
  • Six Oscar du Cirque décernés à Madrid – Le Cirque dans l’Univers – 1976.
  • Una vida apasionante en la barra del trapecio – Simon Gonzales.
  • Cen anos de Circo en Espana – José M. Armero & Ramon Pernas.
  • Die Unternehmen der Geschwister Althoff – Henk van den Berg & Guido Ross.