Les Dompteuses et dompteurs de Bostock figurent parmi les personnages les plus extraordinaires de la Belle Époque.
Jack Bonavita - dompteurs de Bostock

Jack Bonavita

Jack Bonavita

Incontestablement, le capitaine Jack Bonavita qui présentait un impressionnant groupe de 27 lions, était la vedette de dompteurs de Bostock.

Franck C. Bostock qui avait la plus grande estime pour lui, écrivit dans ses mémoires :

Bostock Frank

Bostock à Earl Court

« … Quand il fit son début en 1901 à l’exposition Pan-Américaine, son entrée dans l’arène avec ses vingt-sept lions fit une telle impression qu’après les premiers accords de l’orchestre un silence intense régna pendant quelques minutes. Peu de personnes oublieront cette scène. Les portes de l’arène s’ouvrirent ; d’un pas majestueux et lent, les rois des animaux, les vingt-sept lions, entrèrent fièrement et sur l’ordre muet d’un homme – car il ne leur adresse jamais la parole pendant la représentation – chacun prit sa place particulière sur un certain piédestal et, plus tard, fit les évolutions variées pour lesquelles il avait été si soigneusement dressé. Le spectacle de cet homme seul circulant au milieu de ces lions impressionna vivement et profondément le public. 

Le Président Roosevelt, après avoir assisté à cette représentation, dit qu’il n’avait jamais ni vu, ni entendu parler d’un spectacle pareil et ajouta qu’il admirait le courage de cet homme, car c’était un héros… »

Accrochages

Par la suite, Jack Bonavita fut victime de plusieurs accrochages. Le 31 juillet 1904, à la suite d’une attaque de ses lions Baltimore et Denver, il dut être amputé d’un bras. Courageusement, le capitaine reprit sa cravache et continua de dresser des fauves, notamment pour le cinéma, à la ménagerie Selig à Venice. Son groupe de lions, réduit à quinze éléments, fut repris par Gaillard.

En 1918, alors qu’il dressait un groupe d’ours blancs, Jack Bonavita fut tué par une de ses bêtes. Sans aucun doute, il fut un des plus extraordinaires belluaires de la Belle Epoque.

Henrik Henricksen

Selon Henry Thétard et Alfred Court, Henrik Henricksen, originaire du Schleswig-Holstein, était doté d’une forte personnalité. De forte stature, il pouvait porter un ours blanc autour du cou. Au Bostock’s Great Animal Arena, il présentait un groupe de 15 ours bruns et blancs, avec un poney et deux Barzoïs, de chez Wilhelm Hagenbeck. Franck C. Bostock lui confia ensuite un groupe de tigres qu’il avait acheté à plusieurs ménageries françaises dont celle des Poisson, et des Breton.

Le numéro fut prêt dès 1906, et Henricksen le présenta dans de nombreux cirques français dont celui des frères Court à Marseille. En final, il présentait un impressionnant face à face, en férocité, avec son tigre géant César.

 Henri Ray

Ce dompteur présentait – fait assez rare – son entrée de cage sur le mode comique. Henri Ray (qui s’orthographie aussi Rey). Il était marié avec la dompteuse Louise Morelli. En 1904, il dirigeait un groupe de lions et d’ours bruns. Les Parisiens le retrouvèrent six ans plus tard, au Jardin d’Acclimatation lors d’une démonstration de ses deux pensionnaires Raffles et Martino.

Grace Selica

En octobre 1904, Miss Grace Selica avait choisi une manière originale de présenter son numéro puisqu’elle dansait au milieu de son groupe de six lionnes. Ce groupe de fauves était dressé par le dompteur Bob MacPherson.

Charles Miller - dompteurs de Bostock

Charles Miller

Charles Miller

Ce dompteur présenta en 1904 un dressage original de deux tigres du Bengale, de deux zèbres, et d’un troisième, appelé en allemand Quagga. Dans une autre entrée de cage, il se mesurait à un groupe de cinq tigres. Par ailleurs, il dressait aussi des éléphants.

Miss Aurora - dompteurs de Bostock

Miss Aurora

Mlle Aurora

Appelée la Princesse Polaire, Aurora qui était mariée avec Charles Miller, présentait en 1904, un groupe de cinq ours blancs. Le contraste entre cette élégante jeune femme et ces plantigrades polaires contribua largement au succès de l’entreprise Bostock.

Herman Weedon
Herman Weedon- dompteurs de Bostock

Herman Weedon

Costumé en cow-boy, Herman (avec un seul N) Weedon dirigeait un impressionnant groupe mixte de fauves composé de deux lions, un tigre, un léopard, un puma, deux hyènes, un ours blanc et un ours brun.

Dans ses mémoires, Franck C. Bostock notait :

« …Herman Weedon est connu pour ses troupes composées d’animaux hétérogènes dont j’ai déjà parlé. Il a un courage et une hardiesse sans limite et c’est un excellent dompteur, mais il court un risque terrible dans son dressage de Goldie, tigresse farouche des plus dangereuses ; maintes et maintes fois on l’a averti qu’il devait renoncer à la dresser et l’exclure de sa troupe. Mais autant vaudrait demander à une montagne de se déplacer que lui demander d’abandonner Goldie. Malgré la perfidie et la haine de cette bête, Weedon l’aime sincèrement. Il vous le répétera mille et mille fois… »

Louis Joyat

Ce dompteur français eut le privilège de présenter en 1903 à Paris, aux Folies Bergère, Consul, le premier chimpanzé dressé. Originaire d’Afrique Occidentale. Consul fut amené en Angleterre et éduqué par M. Webb. Cet animal surdoué obtint un succès extraordinaire tant en Amérique qu’en Europe. Il mourut à Berlin en 1904, alors qu’il n’était âgé que de neuf ans. Consul eut de nombreux imitateurs.

Louis Joyat que les Bruxellois purent applaudir en 1910, à la tête d’un groupe mixte de fauves, dirigea également un théâtre forain original intitulé L’école des chimpanzés.

Brookes
affiche Bostock - dompteurs de Bostock

affiche Bostock

Les lions, lionnes, et tigres de ce dompteur cow-boy étaient annoncés comme étant dangereux et surtout treacherous c’est à dire particulièrement traîtres… De quoi faire frémir le beau monde de cette Belle Époque.

Colonel Tallon

Alors que certains des dompteurs de Bostock portaient avantageusement le grade de capitaine, Théodore, dit Tom Tallon fut gratifié du titre de colonel. En 1904, son régiment était composé de lions et lionnes.

Madame et Monsieur Gaillard

Joseph Gaillard ne doit pas être confondu avec Pierre Alfred Gaillard, dompteur lui aussi, marié avec Eugénie Loyal, dite Nelly Edith, la fille de Claude Loyal, dit Blondin et de Catherine Levergeois.

Joseph Gaillard, (1874-1944) n’était pas un enfant de la balle. Il se fit engager en tant que musicien dans des baraques foraines, puis fit ses débuts de dompteur en 1892, à la Ménagerie Castanet-Pezon. Il fut engagé chez Anna et Adrien Pezon, les frères Laurent, les Redenbach et à la Ménagerie Mondaine. Il devint ensuite un des dresseurs attitrés de chez Bostock, chez qui il resta pendant six ans. Il se spécialisa aussi dans le dressage des chimpanzés. Il se maria avec Léonie Albert, la fille de Louis Joyat.

En 1910, au Jardin d’acclimatation de Paris, Madame Gaillard présentait en intermède le repas du lion d’Artagnan et de son invité Chocolat.

Madame Dorcy

Née Georgia Gaillard en 1880, elle était la fille de Pierre Alfred Gaillard et d’Eugénie Loyal.

Au Jardin d’acclimatation de Paris, en 1910, elle présentait la lionne Nely accompagnée de deux lionceaux. Elle était mariée avec le bonisseur Charles Davilly. Celui-ci en septembre 1912, à la Ménagerie Franck Bostock installée à l’Exposition de Gand, voulant remplacer au pied levé son épouse indisposée, fut tué par un ours brun.

Charles Degeldère

Adaptation de : Dompteurs et Dompteuses de la Belle Époque – Charles Degeldère – Arts des 2 Mondes – 2005.

Sources : dompteurs de Bostock
  • Le dressage des fauves par Franck C. Bostock – Ellen Velvin – Hachette.
  • Les dompteurs – Henry Thétard Gallimard.
  • La Merveilleuse Histoire du Cirque – Henry Thétard – Prisma – Paris – 1947.
  • Die Hohe Schule der Raubtierdressur – Hans-Jürgen und Rosemarie Tiede.
  • Cirques en bois, Cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis – Volume II – Arts des 2 Mondes.
  • Programmes des Cirques en France de 1860 à 1910 – Alain Simonet – Arts des 2 Mondes.
  • La reine des jaguars – Renée Allard.
  • Les ours au cirque – Christian Hamel – L’Aventure Carto.
  • Dictionnaire illustré des mots et locutions du Cirque – Dominique Denis – Arts des 2 Mondes.
  • Histoire Illustrée des Cirques Parisiens – Adrian.
  • Le Cirque – Nicole Wild & Tristan Rémy – Paris – 1969.
Sources : dompteurs de Bostock – suite
  • Le Vème hippodrome de Paris – Tristan Rémy – Le Cirque dans l’Univers – n° 88.
  • Artisten Lexikon – Das Organ.
  • Dompteurs de tigres – Henry Thétard – Le Cirque dans l’Univers – n° 8.
  • Mes débuts comme directeur de cirque – Alfred Court – Le Cirque dans l’Univers – n° 22.
  • Chimpanzés célèbres – Jacques Garnier – Le Cirque dans l’Univers – n° 67.
  • La vente aux enchères de la ménagerie Bostock – Le Cirque dans l’Univers – n° 126.
  • Monsieur Loyal – Lorenzo Frediani.
À lire :
  • Cirques en bois, cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis – Arts des 2 Mondes – 2002 – 2003. (En cours de réédition).
  • Dompteurs et Dompteuses de la Belle Époque – Charles Degeldère – Arts des 2 Mondes – 2005. (Epuisé).