Étoile de la Piste européenne du milieu du XIXème siècle, élève de François Baucher, Pauline Cuzent reste une écuyère d’école légendaire.
La troupe Jolibois
Louise Pauline, dite Pauline, naquit le 11 octobre 1815 à Sète. Elle était la troisième enfant de Paul Cuzent et de Marie Françoise Joseph Fouant de la troupe de comédiens ambulants Jolibois. Cette compagnie était alors dirigée par Eleuthère Fouant. Le répertoire était composé de musiques, chants, scènes comiques et également de danse sur la corde.
La jeune Pauline avait deux frères Paul Joseph, dit Paul, Hillaire Victor et deux sœurs Zélie Hermentine, dite Armantine, et Marie Antoinette Angélique, dite Antoinette.
Tandis que Paul Joseph, Armantine, et Antoinette apprenaient les rudiments de la voltige à cheval, Pauline, handicapée par une malformation à la hanche, étudia plus particulièrement la musique et la comédie.
Après des engagements dans les cirques des Loisset et des Lalanne, les enfants Jolibois eurent le privilège de se produire à paris au Cirque Olympique dirigé alors par Adolphe Franconi.
Aux Champs-Elysées
Les Cuzent participèrent à l’ouverture du premier Cirque des Champs-Elysées au Carré Marigny. Pour le plus grand plaisir de la gentry parisienne, Paul brillait dans ses Jeux romains, tandis que Armantine et Antoinette voltigeaient à cheval.
Ne pouvant danser comme ses sœurs, Pauline étudia, avec assiduité, la haute école avec le maître François Baucher. Ce dernier, associé avec Jules-Charles Pellier, dirigeait, depuis 1834, une école d’équitation rue du faubourg Saint-Martin à Paris, dont la clientèle était composée principalement d’officiers de cavalerie et d’aristocrates.
Une révélation
Lorsque Pauline Cuzent fit ses débuts, en mai 1836, en tant qu’écuyère d’école au Cirque des Champs-Élysées, ce fut une révélation.
Le baron de Vaux analysa avec finesse les raisons de son succès. Il la dépeint comme le type idéal de l’amazone élégante. À défaut d’être jolie, selon les canons de l’époque, elle était charmante. Adroite et gracieuse, elle possédait cette finesse et cette distinction qui la classait d’emblée comme une amazone exceptionnelle. Les nombreux partisans du professeur Baucher ne se lassaient pas d’admirer son travail. Pour eux, elle était la seule femme qui montait à la perfection selon les préceptes du maître.
Pour ses débuts, elle montait Buridan, le cheval d’école dressé par Baucher. Avec un fini et un brillant incontestable, elle exécutait différents airs : : le piaffer, le passage, et le travail au galop.
Les dames colonels
En compagnie de sa sœur Antoinette, Caroline Loyo, Camille Leroux, Pauline Hinné, mademoiselle Mathilde, mesdames Antony, Bassin, Charles et Paulenquet, costumées en officier de cavalerie, elle interpréta le tableau équestre intitulé Les dames colonels
Lors de l’ouverture du cirque en pierre des Champs-Élysées, en juin 1841, Pauline Cuzent continua d’émerveiller les messieurs du Jockey-Club. Le mois suivant, elle présenta une double haute école avec Jules Pellier.
Buridan
Dans L’Argus, le journaliste qui signait S. T. écrivait, trois ans plus tard :
« …Grande fut la sensation lorsqu’un beau jour, on vit paraître mademoiselle Cuzent, montant l’étonnant cheval de course que Baucher avait rendu si souple, d’indomptable qu’il était.
Mademoiselle Pauline Cuzent entre dans le manège, émue, impressionnée ; elle allait accomplir une tâche difficile, prouver à tous l’excellence de la méthode du maître ; et Buridan, obéissant à la main légère qui le guidait, exécuta son travail avec la précision qui avait fait de lui une merveille, sous la main savante de Baucher… »
L’étoile européenne
Son frère Paul et son beau-frère Jean Lejars s’étaient associés avec François Loisset, le fils de Jean-Baptiste, pour une tournée dans les états de la Confédération Germanique et à Vienne, Sous l’enseigne de Cirque de Paris.
Naturellement, Pauline était une des étoiles de la troupe. Elle montait Buridan, Capitaine, Auriol et Robert de Normandie, qu’elle avait achetés à François Baucher.
De Munich à Pest, la compagnie Cuzent & Lejars obtenait un énorme succès, et fut invité à Saint-Pétersbourg en 1846. A la demande du général Guedeonoff, Pauline donna des cours d’équitation aux dames de la noblesse.
Alessandro Guerra l’engagea à Berlin en décembre 1847. De retour à Paris en 1850, elle participa aux festivités données au parc d’Asnières en compagnie du mime Charles Deburau.
Pauline Cuzent artiste de légende
Le 12 novembre 1850 à Paris, elle mit au monde un fils Jules Michel Cuzent,.
Louis Dejean lui demanda, en 1851, de participer à ses spectacles à Berlin dans son cirque de la Friedrichstrasse, puis à Leipzig, et à nouveau dans la capitale prussienne.
Sa santé délicate, ne lui permit pas de résister à cette vie de voyages, et le 20 avril 1852, elle décédait à Paris, à l’âge de 37 ans.
Les mondes du Cirque et de l’Équitation venaient de perdre une de ses plus brillantes étoiles. Digne héritière des principes de Baucher, Pauline Cuzent avait le tact et l’élégance d’une amazone de la grande tradition française.
Dominique Denis
Sources
- La troupe Jolibois
- Cirque Cuzent & Lejars : l’excellence – Dominique Denis – circus-parade.com.
- Actes d’état civil de la famille Cuzent – recherches Paul Salasca.
- Ecuyères romantiques – La Belle Madame Lejars et ses sœurs Pauline et Armantine – Tristan Rémy.
- Troisième Cirque Olympique – direction Adolphe Franconi – Dominique Denis – circus-parade.com.
- Dictionnaire des comédiens français – Henry Lyonnet.
- Aux Champs-Elysées
- Lalanne : une grande famille de Cirque – Dominique Denis – circus-parade.com.
- Jean Baptiste Loisset gentilhomme de cirque – Dominique Denis – circus-parade.com.
- Troisième Cirque Olympique – direction Adolphe Franconi – Dominique Denis – circus-parade.com.
- Cirque des Champs-Elysées – Dominique Denis – circus-parade.com.
- François Baucher – Etoile des Champs-Elysées – Dominique Denis – circus-parade.com.
- Une révélation
- Ecuyers et écuyères – Baron de Vaux.
- Les dames colonels
- Trésors du Cirque des Champs-Elysées – Dominique Denis.
- Cirque Olympique de Louis Dejan – Dominique Denis – circus-parade.com.
- Le Corsaire – 9/07/1841.
- Buridan
- Argus – S. T. – 15/05/1845.
- L’étoile européenne
- Journal Illustré des Théâtres – Vienne – 28/04/1845.
- Programmzettel – 28/02/1846.
- Artisten Lexikon – Signor Saltarino.
- Pauline Cuzent artiste de légende
- Louis Dejean – Dominique Denis – circus-parade.com
- Circus Archeologia – Hermann Sagemüller.
- Le Monde Illustré – 1/02/1862.