Trapéziste et jongleur, Pierre Bel fut, de 1942 à 1972, un artiste international qui se produisit dans les plus grands cirques et music-halls du monde entier.
Par Christine Bel
Une lignée de gymnastes
Fils et petit-fils d’acrobate, Pierre Bel, mon père, débuta en tant que jongleur au Casino de Cannes. C’était en août 1942.
En réalité, il participait déjà au numéro de double trapèze avec son père Gustave, sous le nom des Alixons.
Gustave Bayle, avait initié à l’acrobatie aérienne par son père Michel Bayle – donc mon arrière mon grand-père – qui faisait partie de la troupe des Lockford, une équipe réputée aux barres-fixes et au trapèze volant. Sa mère Jeanne, était également une gymnaste qui enseignait au Lycée Grignan. En parallèle, Gustave monta, à Marseille, le Gymnase Bayle.
Pierre Bel était né le 29 Juin 1927 à Marseille. On peut dire qu’il fut à bonne école pour entreprendre une carrière d’acrobate, mais dès l’âge de dix ans, il manifesta un grand intérêt à la jonglerie.
Les Alixons
Dans son entourage, tout le monde parlait de Rastelli, cette star de la jonglerie disparue prématurément. Alors qu’il était écolier au Lycée Thiers, lors des récréations, il passait son temps à jongler avec des balles et des ballons.
Esprit curieux, il chercha à en savoir plus sur ses futurs prédécesseurs comme Cinquevalli ou Kara.
Doué néanmoins pour l’acrobatie, il devint le partenaire de son père dans le numéro des Alixons et entra ainsi dans le métier. Ce numéro des Alixons, il allait le présenter jusqu’en 1949, dans des grands établissements comme le Cirque Albert Rancy, Medrano à Paris, la Scala de Copenhague, le Folkets Park en Suède ainsi que dans les plus grands music-halls anglais.
Entre deux contrats, il réussit à se faire engager en octobre 1946 dans son numéro de jongleur au Corso de Zurich, avec Grock en vedette.
Le jongleur Pierre Bel au Palladium
Lorsque son père arrêta le numéro des Alixons, Pierre Bel démarra sa carrière en solo. En Juin 1949, il était au programme du prestigieux Palladium de Londres. À l’affiche, il y avait les vedettes de cinéma Harpo et Chico Marx. L’année suivante Pierre Bel était réengagé dans ce music-hall mythique, qui autrefois n’était autre que le fameux Cirque Hengler. Sa carrière était lancée !
Sans interruption, il se produisit dans le monde entier, à commencer par le Moulin Rouge ou l’Olympia à Paris. Ses voyages l’emmenèrent jusqu’en Afrique du sud, Australie et en Extrême-Orient au côté de stars internationales comme Frank Sinatra, Maurice Chevalier ou Dany Kaye.
Son numéro, classique dans sa forme, était présenté à un tempo rapide avec une progression permanente des effets. La musique, le costume et les lumières étaient minutieusement étudiés. Un travail d’artiste !
En entrée, il débutait avec des balles de tennis et une raquette… séquence avec des ballons et corde à sauter… lancers de huit cerceaux… en final, les massues à claire-voie, sur la musique de La danse du sabre.
Le Twirl
Juste deux mots sur sa vie privée : ll se maria avec, ma mère, Irene Mouton, le 15 Mars 1950, et cinq ans plus tard, je naissais le 30 septembre.
Deux talentueux jongleurs, Billy Finch et Norman Crider, avec qui il se lia d’amitié, l’initièrent à cet art nouveau à partir de 1958. Adepte convaincu du twirl, il intégra dans son numéro une routine de bâton. A son tour, il devint un maître en la matière et développa de façon significative cette discipline en Europe.
Championnats
A partir de ce moment, il mit fin à sa carrière de jongleur pour se consacrer totalement à sa nouvelle passion du Twirling Bâton.
Dès ma plus jeune enfance, il me fit découvrir le Ttwirling Bâton, cette forme de jonglerie qui faisait fureur aux Etats-Unis. Grâce à son enseignement, j’ai remporté le titre de championne France en 1969, celui d’Europe en 1971, et un titre mondial à South Bend aux U.S.A. en 1974.
A partir de ce moment, il mit fin à sa carrière de jongleur pour se consacrer totalement à sa nouvelle passion du Twirling Bâton.
Suite à une intervention chirurgicale, Pierre Bel, décéda subitement le 22 avril 1980 à Marseille. On peut comprendre que notre douleur fut profonde.
Pierre Bel, mon père
Alors, je profite de ces quelques lignes pour rendre hommage tant à l’homme qu’à l’artiste.
En terme de métier, la valeur d’un artiste de cirque et de music-hall se mesure à ce que l’on appelle les références, c’est à dire la liste des établissements de spectacles, dites les grandes maisons. Ce fut le cas de Pierre Bel, jongleur international, qui eut l’honneur d’être programmé dans les salles les plus cotées du monde.
Christine Bel
Notes de la Rédaction :
Nous pouvons ajouter que Christine Bel, depuis 1976, se consacre à l’enseignement du Twirling Bâton. Elle a fondé Twirling Boutique à l’intention des clubs sportifs et des associations à caractère festif.
Site internet : www.twirling-boutique.com/
Sources
- Marseille sur scène – Jean Bazal, Marcel Baudelaire et Adrien Eche.
- Articles de journaux – 1942 à 1972.
- Programmes cirques et music-halls – 1942 à 1972.
- Dictionnaire du cirque – Dominique Denis.
- L’Art de la Jonglerie – Dominique Denis.