Article de Giovanni Frediani : Il Miracolo – La colonne à 3 à cheval, un exploit exceptionnel qui a marqué l’histoire du Cirque. 

par Giovanni Frediani 

Les Frediani - acrobates à cheval
Les Frediani

 Poulette                                

 Mon grand-père Guillermo Frediani, dit Willy, mon grand-oncle Aristodemo, successivement devenu le clown Béby, et – vu que les enfants de Willy étaient soit trop jeunes soit point encore nés, – René, l’élève, ont été les créateurs sans doute du plus grand numéro d’acrobates à cheval de l’histoire du Cirque, ceci à la fin du XIX ème siècle.

  Le cheval, un puissant percheron répondant au doux nom de Poulette, lorsque la célébrissime colonne à trois s’élevait, exerçant une forte pression, accentuée par la recherche de l’équilibre, principalement sur l’arrière de  sa croupe, soit sur ses pattes postérieures, n’était pas à la fête, d’autant plus que les pistes, recouvertes de sciure de bois, pouvaient présenter des embûches. 

 Poulette ainsi pouvait perdre le pas, voire trébucher, précipitant la colonne dans une chute qui n’était pas toujours sans conséquences pour les acrobates, car bien entendu, en ces temps héroïques, la longe était rigoureusement proscrite. 

Le défi

à medrano : antonet et baby
Antonet et Beby par Pavil

  Contrairement à ce qu’on pourrait supposer, lorsque l’incident se produisait, ce n’était pas le voltigeur qui essuyait les plâtres, mais plutôt le second. Des collègues dans la piste se souciant d’au moins amortir la chute de René, mais ne pouvant s’occuper de Béby. 

  Béby, devenu l’auguste d’Antonet, partenaire déjà de Grock, d’abord, du non moins célèbre clown « blanc » Maïss ensuite, devait une partie de son succès à sa démarche, résultant de ses jambes fortement arquées, tribut aux chutes en question.

  Il arriva que lors d’une de celles-ci, Willy, aboutissant dans la piste, réussit à maintenir la colonne sur ses épaules !  Une prouesse ahurissante. On ne lui ménagea pas ses félicitations. Un miracolo que seul Willy Frediani pouvait réaliser ! 

Un po di fortuna

Les Frediani - Année 1908
Les Frediani en 1908

 Mais quelque collègue y mit un bémol : 

 Bravo, si ! Ma senza un po di fortuna… « J’ai eu du bol ? Bon ! Soyez présents demain lors du numéro… »

  Willy, René hissé en troisième hauteur sur le cheval au galop, sauta volontairement de la croupe de Poulette dans la piste, maintenant son frère et son élève sur ses épaules !

  «  Fortuna, un corno ! »

  «  Se non e vero e ben trovato » pourrait sourire d’aucun.

 Plutôt, s’il s’agit d’une légende, convenons au moins qu’elle est séduisante. 

Giovanni  Frediani 

10/06/2020

Note de la Rédaction :

couverture du Nouveau Cirque - livre

Nous remercions Giovanni  Frediani pour ce témoignage inédit de cet événement artistique qui fait partie du patrimoine culturel universel.

À lire :

Nouveau Cirque – Paris de la Belle Époque – Dominique Denis – Arts des 2 Mondes – Paris – 2020.