Élève douée de Jules Pellier et de François Baucher, Caroline Loyo fut l’ambassadrice de l’école d’équitation française de Paris à New York en passant par Londres et Berlin.

Autorité et hardiesse

Caroline Loyo - dessin
Caroline Loyo par F. Onuchyiv

Les fringants messieurs du Jockey Club n’avaient pas assez de mains pour acclamer Caroline Loyo qui présentait des airs de haute école avec l’autorité et la hardiesse d’un officier des hussards. Elle montait en amazone son cheval arabe Mahmoud réputé indressable. C’était en été 1835, aux Champs-Élysées, au lieu-dit le Carré Marigny, dans une installation en planches et en toiles, sous la direction de Louis Dejean.

En réalité, Caroline Loyo faisait déjà partie de la troupe du Cirque Olympique – troisième du nom – dirigé par Adolphe Franconi et Fernand Laloue, et dont Louis Dejean venait d’être propriétaire. 

Alors que l’équitation savante était l’apanage des hommes, Caroline Loyo prit des cours auprès de Jules-Charles Pellier qui, associé avec François Baucher, avait fondé une école rue du Faubourg Saint-Martin, à Paris. Non seulement, elle apprit à monter, mais également, fait rarissime, à dresser ses montures. A la recherche du saint-graal, elle se perfectionna avec Baucher en personne.

Coqueluche des Parisiens

Quatre illustrations de C. Loyo
Quatre illustrations de Caroline Loyo

Fille de Nicolas Loyo et de Gertrude Wilhelm, Gertrude Caroline Loyo était née le 16 septembre 1820 à Sarrelouis.

Lorsque les représentations reprirent au Carré Marigny les étés suivants, après la saison d’hiver au Cirque Olympique, Caroline Loyo était devenue une des coqueluches du public parisien. Certes, elle n’était pas la seule, car les évolutions des autres écuyères comme Antoinette Lejars, Pauline Cuzent, Camille Leroux ou Pauline Hinné étaient également appréciées par les aficionados de la piste.

Quand le bâtiment en pierre des Champs-Elysées, le plus beau cirque du monde, fut construit en 1841, Caroline Loyo tenait admirablement son rang.

Mademoiselle Loyo

Dans L’Argus du 15 mai 1845, on pouvait lire : 

« … Après Baucher, une femme jeune et belle s’est lancée dans le manège, forte de sa constitution presque masculine, de son courage, j’allais dire de son audace, et plus forte de ses leçons qu’elle avait reçue d’un habile professeur, M. Pellier, et des principes de savant équitation qu’elle avait puisé en s’associant aux travaux de M. Baucher. Cette écuyère, qui la première fit applaudir ses talents équestres et sa hardiesse toute virile, c’est mademoiselle Loyo… »

Au début de la saison d’été, au Cirque des Champs-Élysées, Caroline Loyo s’imposa avec Rutler puis avec Russe, annoncés en haut de l’affiche en septembre 1847. La saison suivante, elle montait JupiterEnsuite, elle présentait Mayfly, Frisette, et Junon.

De New York à Berlin

C. Loyo - Niblo - 1851.
C. Loyo au Niblo de New York en 1851.

Dans son livre Écuyers et Écuyères, le baron de Vaux, précisait que Caroline Loyo était une virtuose de l’art de dresser des chevaux de haute école. Il citait certains de ses chevaux comme Fortunatus et Partisan de François Baucher.

Le 3 juillet 1849, elle était engagée à l’Hippodrome de l’Étoile. Une affiche du Cirque des Champs-Élysées de juillet 1850 annonce Jupiter et Junon dressés par mademoiselle Caroline Loyo. 

Elle partit pour Londres où selon Paul Morand, elle obtint un succès encore plus grand qu’à Paris. Ce fut au tour des New-Yorkais de l’apprécier au Niblo Theatre au mois de mai 1851.

De retour en Europe, elle se maria, le 10 mars 1853, avec le directeur François Séraphin Loisset, le fils de Jean Baptiste. Dans le cirque de son époux, elle se produisit avec Mayfly dans les états de Confédération germanique jusqu’à Berlin.

Caroline Loyo ambassadrice

Son mari François Séraphin Loisset décéda le 19 juillet 1877 à Norrköping, en Suède. Elle se retira dans la vallée du Cher à Bléré, non loin de Tours, puis mourut à Paris, le 7 décembre 1892.

Artiste exceptionnelle, Caroline Loyo, non seulement présentait des airs de haute école, mais dressait elle-même ses montures, certaines d’entre elles réputées rétives. Son courage et sa détermination, la classèrent parmi les grands de la haute école. Suivant, avec une intelligence rare les préceptes de ses maîtres Jules Pellier et François Baucher, elle fut la parfaite ambassadrice de l’école d’équitation française.

Dominique Denis

Sources 

  • Autorité et hardiesse
  • Troisième Cirque Olympique – direction Adolphe Franconi – Dominique Denis – circus-parade.com
  • Cirque Olympique de Louis Dejean – Dominique Denis – circus-parade.com
  • Louis Dejean le monarque du cirque français – Dominique Denis – circus-parade.com
  • Cirque des Champs Élysées – Dominique Denis.
  • Le cheval à Paris – Ghislaine Bouchet.
  • Coqueluche des Parisiens
  • Actes d’état civil – recherches Paul Salasca.
  • Les Coulisses – 3 juin 1841. 
  • Mademoiselle Loyo
  • L’Argus- 15 mai 1845,
  • Affiches du Cirque des Champs Élysée – 17 septembre 1847 – 24 juillet 1850.
  • Le Moniteur – 3/06/1848.
  • De New York à Berlin
  • Ecuyers et écuyères – baron de Vaux
  • Journal l’Argus 25/05/1850 – 31/05/1850 – 6/06/1850 – 20/07/1850  – 6/08/1850
  • Gazette des tribunaux – 28/06/1852.
  • Anthologie de la littérature équestre – Paul Morand
  • Gleason Pictorial and Illustrated Boston Newspaper – 10 mai 1851.
  • Jean-Baptiste Loisset, gentilhomme de Cirque – Dominique Denis – circus-parade.com
  • Caroline Loyo ambassadrice
  • Le cirque commence à cheval – Adrian.
  • La Merveilleuse Histoire du Cirque – Henry Thétard.
  • Notes Jules Vallès – baron de Vaux.

À ne pas manquer :

Stars féminines au Cirque – Michèle Pachany-Léotard & Dominique Denis – Arts des 2 Mondes – Paris – 2021.