Le Cirque François Loisset fut en Europe, de 1853 à 1877, un exemple de l’excellence culturelle française.

 

Frères Loisset à cheval

Enfant de la balle

 

Lorsque François prit, naturellement, la suite de son père Jean-Baptiste, le nom de Loisset était déjà un gage de qualité.

 

Rappelons que François Séraphin Loisset, était le fils de Jean-Baptiste Loisset et de Virginie Hélène Delinsky. S’il est présumé être né en 1826, sa date et lieu de naissance ne nous sont toujours pas connus.

   

Il avait deux sœurs : Antoinette Fortunée, la mère des célèbres Clotilde et Emilie Loisset, et Louise, qui avait épousé le comte Rossi… et deux frères : Charles, auteur d’un traité équestre, et Baptiste, fameux voltigeur à cheval.

 

Comme tout enfant de la balle, François fit ses classes dans le cirque paternel. Dès l’âge de six ans il voltigeait à cheval dans l’exercice Le pas d’amour. Son numéro d’élévations à cheval avec son cadet Baptiste fut particulièrement apprécié en 1841, au Cirque des Champs-Elysées, puis au Cirque Renz à Berlin durant trois saisons.

 

Avec Caroline LoyoCaroline Loyo

 

En plus de la voltige, François Loisset, présenta en haute école son étalon Montrose.

 

Connaissant bien les États germaniques, il devint, en 1844, l’associé de Cuzent et Lejars pour une tournée à Hannovre, Berlin, Breslau, Leipzig et Vienne.

 

La venue du Cirque François Loisset fut annoncée dans les états de la Confédération germanique en 1853 (année de son mariage à Paris, le 10 mars, avec l’écuyère Caroline Loyo, l’ambassadrice de l’école française d’équitation).

 

En juillet, il séjourna à Dusseldorf avec Fraulein Massota, Kennebel, GärtnerHerr Stack, Vailhe, Schreiber, J. Godfroid, et Rochez.

 

Brême l’accueillit en octobre. La troupe était composée de son épouse (présentée sous son nom de jeune fille) son frère Baptiste, des demoiselles Herzog et Bassin… de messieurs Vailhe, Constant, Pellerin, Perelli, Herzog, Adolph Nief… et des comiques Kattendyk et Edwards. Des pantomimes étaient annoncées comme Robert Macaire et son ami Bertrand ou Arlequin statue.

 

 Charlottenstrasse Daniels - clowns au violo

 

Le mois suivant, François Loisset se produisait à Berlin jusqu’en avril 1854, puis passa l’été à Munich, pour retourner en fin d’année dans la capitale prussienne au 90 Charlottenstrasse. L’équipe fut renforcée des écuyères Elisa Ghelia-Tourniaire et Louise Loisset, et surtout, l’étoile du moment Miss Ella (Omar Kinsley). Le succès le retint dans cette ville jusqu’en février 1855.

 

Parmi les étapes suivantes, nous avons relevé, en 1855, Amsterdam au Groote Markt, puis à Cologne en novembre… Anvers en 1857, en pays flamand l’année suivante, et à Gand de 1857 à 1859.

 

Retour en 1860 dans la Confédération germanique : à Crefeld en mai, Munich et Dusseldorf en juin, Wiesbaden en juillet, Francfort en septembre, puis Stuggart et Berlin en décembre. Les programmes changeaient en permanence, avec une troupe composée d’artistes de renom comme Fouraux, Permané, Goldkette ou les frères Daniel. Les écuries comptaient 55 chevaux. 

 

Contrecarre avec Théodore Rancy

  

Les tournées continuèrent, début 1861, à Stuggart. Les frères Godefroy et Leonard Renz voltigent à la Léotard. Les deux saisons suivantes se passent à Copenhague.

 

Dans ses mémoires, Théodore Rancy évoqua sa contrecarre avec François Loisset à Liége, en 1863. Il écrivait :

 

« … François Loisset était un concurrent sérieux avec lequel il était préférable de ne pas se mesurer sans risquer de perdre l’avantage… »

 

La famille Loisset fut endeuillée par la perte du patriarche Jean-Baptiste Loisset à Maison-Lafitte le 25 février 1865.

 

Après Gand, le public français put apprécier le Cirque François Loisset en 1865 à Lille, et l’année suivante au Havre.

 

Inauguration du Cirque de ReimsCirque de Reims - CPA

 

Installé au Théâtre des Boulevards à Bruxelles en février 1867, François Loisset annonçait la pantomime Les merveilles de l’électricité. Toujours en Belgique, ses passages à Gand furent réguliers jusqu’en 1873.

 

Lorsque le monumental Cirque Municipal de Reims fut construit à la Patte d’oie, François Loisset eut le privilège de l’inaugurer le 21 avril 1867. Dans son livre Les Saltimbanques, Gaston Escudier écrivit :

 

« … Ce cirque est un des plus beaux que je connaisse ; il est beaucoup plus grand que nos deux cirques de Paris ; le personnel compte environ trois cent cinquante ou quatre cents personnes, artistes, écuyers, écuyères, cochers, palefreniers. Les écuries supérieurement organisées renferment environ soixante ou quatre-vingts chevaux, indépendamment des chiens, poneys, lions, animaux féroces… » 

 

L’attrait des écuyèresPhoto ancienne de Emilie Loisset de Raschkow junior 

Les publics français et belges apprécièrent les spectacles de François Loisset comme à Anvers, Lille et Roubaix en 1868. A Amiens, l’année suivante, l’intrépide écuyère Sarah l’Africaine fut la vedette du spectacle. Ses nièces Clotilde et Émilie, dites les petites Loisset, obtinrent également un succès amplement mérité. Très vite, elles allaient se classer parmi les meilleures écuyères de leur temps.

 

Les Amiénois eurent le plaisir de retrouver le cirque de François Loisset, en 1872, avec une importante troupe de plus de 350 personnes. Le directeur présenta Zeeheld, son cheval gastronome et la pantomime avait pour titre Le petit chaperon rouge. Rouen, à son tour, fêta ce cirque l’année suivante. 

Après ses remarquables tournées françaises, François Loisset s’installa à Anvers en 1873 et 1874, puis en Allemagne, l’année suivante. 

 

En Scandinavie

Après Hambourg et Berlin, François Loisset partit en Scandinavie… D’abord au Danemark à Copenhague en 1876 puis en Suède à Goteborg, et l’année suivante à Stockolhm. 

Pour la petite histoire, Henry Thétard et, plus tard, Alain Chevillard, écrivirent que le poète Arthur Rimbaud fut un des membres de son personnel.

Une autre artiste, Eleonora Olsen, qui se remaria plus tard avec John Madigan, faisait partie également de la troupe. Nous mentionnons cette fil-de-fériste uniquement parce qu’elle était la mère d’Elvira Madigan dont le destin tragique inspira de nombreux écrivains et cinéastes scandinaves. 

 

François Loisset

 

Âgé de cinquante-et-un ans, François Loisset décéda le 19 juillet 1877, à Norrköping, en Suède. Sa veuve Caroline retourna en France à Bléré, à côté de Tours.

 

A la suite de son père Jean-Baptiste, François Loisset fut un digne représentant de l’excellence de 1853 à 1877, en Allemagne, au Benelux et en Scandinavie. Par la qualité de ses spectacles, il apporta en Europe, une contribution non négligeable au rayonnement de la culture française.

 

Dominique Denis

 

Sources

 

  • Enfant de la balle
  • Jean-Baptiste Loisset, gentilhomme de Cirque – Dominique Denis – circus-parade.com.
  • Fiche François Séraphin Loisset – generanet.
  • Cirque des Champs-Elysées – Dominique Denis.
  • Avec Caroline Loyo
  • Caroline Loyo – Dominique Denis – circus-parade.com
  • Annonces Cirque Olympique (direction Loisset) – Le Précurseur – 4/10/1832 – 7/10/1832.
  • Les Coulisses – 10/06/1841.
  • Charlottenstrasse
  • Cirque Cuzent & Lejars – Dominique Denis – circus-parade.com
  • Circus-Archäologie – Hermann Sagemüller.
  • Programme Loisset – 10 octobre 1853.
  • Affiches Loisset 1 – 4 – 10 mai 1854.
  • Der Circus Renz – Alwill Raeder.
  • 200 jaar circus in Nederland – Marja Keyser, Jacques Klöter, Paul Blom, Renée Waale.
  • Contrecarre avec Théodore Rancy
  • Theater-Zwischenakts-Zeintung – 19/03/1861.
  • Notes Hermann Sagemüller.
  • Gentcircusstrasse – André de Poorter.
  • Théodore Rancy et son temps – 1818-1892 – Jacques Garnier.
  • Cirques en  bois – Cirques en Pierre en France – Charles Degeldère et Dominique Denis.
  • Inauguration du Cirque de Reims
  • Bruxelles – affiche – 5 février 1867.
  • Charles Degeldère et Dominique Denis – Cirques en  bois – Cirques en Pierre en France.
  • Les Saltimbanques –  Gaston Escudier.
  • L’attrait des écuyères
  • Grand Cirque François Loisset – affiches : Lille – 21 septembre 1868 – Amiens – 5 juillet 1872.
  • Sarah l’Africaine – Tristan Rémy – Le Cirque dans l’Univers – n° 60.
  • Émilie Loisset, la diva de l’équitation -Dominique Denis – circus-parade.com.
  • André de Poorter, Charles Degeldère et Dominique Denis – notes.
  • Deux affiches allemandes – 12 – 22 juin 1875
  • John Holtum – affiche 1875.
  • En Scandinavie
  • Alwill Raeder – notes.
  • Livre : Cirkus i Danmark – Anders Enevig.
  • Cirkus i Sverige – Arne Wählberg.
  • Gravure du Cirque Loisset – 1877.
  • Arthur Rimbaud et le Cirque – Henry Thétard – Revue des deux mondes – n° 23.
  • Une dynastie de cirque éteinte – Henry Thétard – Le Cirque dans l’Univers  – n° 13.
  • A propos d’un centenaire – Alain Chevillard – Le Cirque dans l’Univers  – n° 163.
  • François Loisset
  • Recherches généalogiques de Paul Salasca.
  • Notes Jules Vallès – baron de Vaux.