Ecuyère exceptionnelle, Thérèse Renz, le temps d’une longue vie, fut unanimement reconnue comme une des plus grandes étoiles du monde du Cirque.
Thérèse Renz née Stark
Artiste de premier plan, Thérèse Renz, née Stark, était une authentique enfant de la balle.
Son père Wilhelm Stark et Lina sa mère née Wollschläger dirigeaient un cirque réputé dans les états germaniques. De 1836 à 1863, plusieurs cirques des frères Stark sillonnèrent les états germaniques de Nuremberg à Berlin, en passant par Stuttgart ou Munich.
Thérèse naquit le 10 avril 1859 à Bruxelles. Selon l’usage, elle reçut une éducation de ballerine à cheval et fit ses débuts en piste à l’âge de dix ans.
Adolescente, elle se produisit au Circus Wulff puis au Zirkus Renz. Dans cet établissement elle rencontra Robert Renz (1843-1897), le neveu du patron. Ils partirent au Cirque Herzog puis se marièrent le 3 février 1883. Ils eurent un fils, Hugo Renz.
Au Nouveau Cirque
Sous la conduite d’Heinrich Herzog, Thérèse Renz étudia, à partir de 1886, la haute école selon les principes de James Fillis. Par la suite elle rencontra Elisa Paetzold, dite Elisa de Vienne, qui l’encouragea à approfondir ses études équestres. Ses démonstrations furent particulièrement appréciées du grand public, à tel point que le maestro Hans von Bülow composa la partition de son numéro.
Malgré le décès de son mari Robert Renz survenu le 11 novembre 1897, elle continua le métier.
À partir du 22 octobre 1898, engagée par Hippolyte Houcke, Thérèse Renz fut à l’affiche du Nouveau Cirque de Paris. Sur son cheval d’école Albarac, un alezan trakène, elle fit sensation !
La vie au grand air
G. Davin de Champclos, dans la revue La vie au grand air, lui consacra un article de deux pages. En connaisseur, il détailla son travail :
« … Voici une série « d’appuyés » exécutés au petit passage : croupe en dedans, croupe au mur, voltes ; puis une suite de mouvements au passage, changements de main, demi-voltes ; un peu de galop, puis Cromwell est mis au pas espagnol ; changements de main de chaque côté, changements de pied, un temps, deux temps, trois temps : piaffer, salut, genoux ployés, et sortie au pas espagnol… »
En réalité, Thérèse Renz montait différents chevaux : Blitz,un poulain hongre irlandais, Cromwell, gris pommelé de Mecklembourg, Solon, bai brun trakène et Soleil, alezan doré russe.
En plus des airs de haute école, elle pratiquait le saut de haie ainsi que le saut à la corde.
De Londres à New York
Le public parisien put l’apprécier durant toute la saison, et à nouveau en 1900, à l’occasion de l’Exposition Universelle, avec Cromwel et Beautiful, jusqu’en mars de l’année suivante. Les Londoniens l’acclamèrent à l’Hippodrome de Londres en août 1901.
Sa notoriété avait franchi les océans, et elle fut appelée à l’Hippodrome de New York en 1906, puis tourna avec le Keith Circuit dans son numéro de la dame blanche. Il s’agissait du numéro de la statue équestre : sur une plate-forme circulaire éclairée par une seule poursuite, le reste de la piste étant plongé dans l’obscurité, vêtue de voiles vaporeux, elle présentait une série de poses plastiques.
De retour en Europe, aidée de son fils Hugo, elle dirigea, son propre cirque en Belgique. Elle avait acquis deux éléphants et des poneys. Jean-Léo signala son passage à Bruxelles en 1913. Malheureusement, cette année là, elle eut la douleur de perdre son fils.
L’éléphant Dicky
Elle termina l’année 1913 à l’Olympia de Londres sous la direction de Carl Hagenbeck, puis reprit la route avec son chapiteau en Belgique lorsque se déclencha la guerre mondiale.
Après une période particulièrement difficile durant ce long conflit armé, elle fut engagée avec son éléphant Dicky au Cirque Knie en Suisse. Les frères Knie lui achetèrent son animal et elle resta sous ce chapiteau durant deux saisons.
Les demoiselles Vesque immortalisèrent Thérèse Renz lorsqu’elle vint au Cirque de Paris ex-Metropole, à partir de décembre 1921, avec son poney et son éléphant Dicky.
Toujours en France, nous la retrouvons en mars 1923 au Cirque Municipal de Troyes dirigé par Ugo Ancillotti, puis elle se rendit à Vienne, au Cirque Busch, dirigé par Paula Busch, avec sa monture Last Rose.
Jacob Busch et le capitaine Schneider
Jacob Busch l’engagea pour sa tournée d’été 1926 en Bavière et dans le Bade Wurtemberg, puis au Krone-Bau à Munich, en décembre, et à nouveau sous son chapiteau l’année suivante.
Ce fut au tour du capitaine Schneider de la programmer fin décembre 1931 à Dresde, dans le merveilleux cirque de Sarrasani, qu’il avait loué pour la période des fêtes.
Alors qu’elle portait allègrement ses 73 ans, On pouvait croire sa carrière terminée, il n’en était rien puis qu’elle fit un retour triomphale à Medrano, avec Malachit et Last Rose, en septembre 1932. De plus, elle ne chercha à jouer aux coquettes et ne cacha son âge.
À Medrano
Dans Dimanches de la Femme, la journaliste Paule Malardot la décrivit ainsi :
« … Sa taille, qu’envieraient bien des parisiennes, étroitement moulée dans la longue amazone de velours noir, le cou pris dans une cravate blanche, un énorme bouquet de violettes de Parme retenu au creux du décolleté, la tête coiffée du haut chapeau de soie, Thérèse Renz entra dans la piste de Medrano sur un splendide alezan.. »
Tandis que Serge, le poète des étoiles, dessinait son portrait dans Comoedia, l’éminent critique André Legrand-Chabrier écrivit dans l’Illustration :
« … La haute école de Thérèse Renz à Medrano est événement historique dans la chronique du cirque… »
La presse unanime
Henry Thétard précisa dans Le Petit Parisien :
« … En regard de cette magnifique écuyère, à l’allure de grande dame, dont les gestes sobres et précis, la maîtrise souriante indiquent la joie d’être en piste, la volupté de pratiquer son art, que devient le souvenir des petits femmes que nous avons vu parfois depuis quelques années se produire dans un numéro de haute école ?… »
L’incomparable Gustave Fréjaville conclut dans Comoedia :
« … Madame Thérèse Renz a été chaleureusement acclamée d’un bout à l’autre de son travail et sa sortie a donné lieu à des ovations enthousiastes… »
Jérôme Medrano prolongea ensuite son engagement dans sa semi-construction au Havre. En novembre, Jacques Fermo l’invita au Cirque Royal de Bruxelles. Les Bruxellois eurent le plaisir de la voir à nouveau dans ce cirque, sous la direction artistique de Jacob Busch, en mars et avril 1933.
Les anniversaires de Thérèse Renz
Partout, elle fut fêtée, notamment à Berlin sur la scène de la Scala, un des plus prestigieux Variétés du monde, en avril 1834, à l’occasion de son 75ème anniversaire.
Le public allemand l’applaudit à nouveau sous le chapiteau de Jacob Busch, et à la fin de l’année 1935, dans le cirque de Magdebourg. En permanence, elle voyageait avec sa cousine Lina Wunderlich et son mari Otto qui l’assistaient dans son travail.
Son anniversaire était devenu un événement médiatique qui était célébré avec faste au Cirque Jacob Busch jusqu’en 1938, année de son décès, le 26 septembre à Berlin.
Merveille de grâce et de classicisme, écuyère exceptionnelle, Thérèse Renz reste un exemple d’une artiste dévouée à son art, une des plus grandes étoiles incontestée de la piste.
Dominique Denis
Sources
- Thérèse Renz née Stark
- Artisten Lexikon – Signor Saltarino.
- Medrano-Magazine – n° 1.
- Ecuyers et écuyères – baron de Vaux.
- Das Buch vom Zirkus – Joseph Halperson.
- La merveilleuse histoire du Cirque – Henry Thétard.
- Hier ruht in Frieden – Dietmar Winkler.
- Performing Animality – Jennifer Parker-Starbuck.
- Au Nouveau Cirque
- Henry Thétard – Dietmar Winkler – notes.
- Nouveau Cirque – Dominique Denis – circus-parade.com.
- Nouveau Cirque – Paris de la Belle Époque – Dominique Denis.
- L’Orchestre – octobre 1898.
- Le Figaro – 21/10/1898.
- La vie au grand air
- Thérèse Renz – G. Davin de Champclos – La Vie au Grand Air – 1/12/1898.
- L’Orchestre – avril 1900.
- Le Nouveau Cirque – Le Figaro – 18/05/1900.
- Le Figaro – 4/05/1900 – 11/05/1900 – 13/05/1900 – 18/05/1900 – 25/05/1900.
- De Londres à New York
- Année 1901 au Cirque – Dominique Denis – circus-parade.com.
- Der Artist – 18/08/1901.
- The New York Hippodrome – Catherine M. Young.
- Dictionnaire du Cirque – Dominique Denis.
- Histoire Illustrée du Cirque à Bruxelles – Jean-Léo.
- L’éléphant Dicky
- Olympia – Carl Hagenbeck – programme.
- Grand répertoire illustré des cirques en France – Robert Barrier.
- Knie 1920 – 1933 – Dominique Denis – circus-parade.com.
- Livre Knie – Peter Küchler.
- Illustration des demoiselles Vesque – 2/01/1022.
- Histoire illustrée des cirques parisiens – Adrian.
- Cirques en bois, cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis.
- Jacob Busch et le capitaine Schneider
- Cirkus Jacob Busch – Dietmar Winkler.
- Kapitän Alfred Schneider – Dietmar Winkler.
- Programmes Medrano – Paris – Le Havre – septembre 1932.
- Une vie de Cirque – Jérôme Medrano.
- À Medrano
- Doyenne des écuyères – Paule Malardot – Dimanches de la Femme – 15/01/1933.
- Portrait par Serge – Comoedia – 8/09/1932.
- La résurrection de l’amazone – Legrand-Chabrier – l’Illustration – 17/09/1932.
- La presse unanime
- Chronique de Cirque – Henry Thétard – Le petit Parisien – 21/09/1932
- La réouverture de Medrano – Gustave Fréjaville – Comoedia – 8/09/1932.
- Jean-Léo – Histoire Illustrée du Cirque à Bruxelles.
- Histoire du Cirque Royal – Laurent Weinstein.
- D. Winkler – notes.
- Les anniversaires de Thérèse Renz
- Un Abends in die Scala – Wolfgang Jansen.
- Dietmar Winkler – Hier ruht in Frieden – Cirkus Jacob Busch.
- Notes de l’auteur.