Le funambule Jean-François Gravelet, dit Blondin, surnommé le héros du Niagara, reste un des plus célèbres artistes de la planète.
Vu par Serge
Hommage à Jean-François Gravelet.
Avec le lyrisme qu’on lui connaît, le merveilleux Serge, dans son Histoire du Cirque, consacra plusieurs pages à cet artiste exceptionnel. Citons juste une phrase :
« … Le destin ce vieux destin qui s’y connaît en hommes et sait fort bien les choisir, tendit la main à blondin pour une aventure qui allait faire de lui le plus populaire, le plus célèbre de tous les acrobates du globe… »
Tel père, tel fils
Quelle lignée ! notre Jean-François Gravelet, dit Blondin, était fils et petit-fils d’artistes.
Son grand-père, Pierre Gravelet (qui à cette époque s’orthographiait aussi Gravelais), directeur d’une troupe de sauteurs, était né en 1736 et mort en 1803.
Son père : André Gravelet, sauteur, danseur de corde et voltigeur, vit le jour le 17 novembre 1790 à Saint-Mexan, et décéda à Castres le 3 avril 1837.
André Gravelet s’était marié avec Augustine Caudin, puis, en seconde noces, avec Eulalie Françoise Merlet. De cette union, naquit Jean-François Gravelet, le 28 février 1824, à Hesdin dans le Pas-de-Calais. Signor Saltarino dans Artisten-Lexikon, le disait originaire de Saint-Omer, information reprise pieusement par un certain nombre d’auteurs. On ne sait pourquoi, d’autres encore décidèrent de le prénommer Charles, sans compter ceux qui le firent mourir à Liverpool.
Plusieurs Blondin
Il importe de préciser que le surnom de Blondin fut, de par la passé, déjà utilisé des grands noms de la Piste tels Anselme Pierre Loyal (1753 – 1826) et ses fils Pierre, dit Blondin aîné, Pierre Claude, Joseph et Xavier Joseph, dit Lami.
Nous trouvons encore Franciscus Josephus Erasmus qui dirigeait aux Pays-Bas le Cirque Royal, dans la première moitié du XIXème siècle.
D’autres artistes, plus tard, tel Arsens Blondin (Federico Alvarez) allaient prendre ce nom.…
Élève de Jean Ravel
Très jeune, Jean-François Gravelet eut comme père d’élève Jean Ravel, surnommé également Blondin.
Cette troupe de danseurs de corde et funambules était très ancienne puisque, déjà au début du XVII ème siècle, Jacques Ravel présentait ses exercices d’équilibre à Danzig. Un siècle plus tard, à Paris, Gabriel Ravel (fils de François) surnommé Le terrible,lançait un défi à son concurrent Pierre Forioso, ce qui allait lui assurer une enviable notoriété.
Âgé de dix-neuf ans, Jean-François Gravelet se maria le 6 août 1846 à Tarascon avec Marie-Rosalie Blanchery avec qui il eut pluieurs enfants dont Aimé Léopold, Aimé Jean Baptiste, et Émilie.
En Amérique du nord
En compagnie de la famille Ravel, Jean-François Gravelet partit en tournée en Amérique du nord à partir de 1851.
L’année suivante, il se maria à nouveau avec Charlotte Lawrence, avec laquelle il eut des enfants : Adèle, Edward, Iris, Enry et Charlotte.
Toujours dans le Nouveau monde, il fit équipe, ensuite, avec la troupe Martinetti.
Niagara
Incontestablement, Blondin devint célèbre avec sa traversée des chutes du Niagara. Le premier exploit, et non des moindres, consista à tendre le câble entre les deux rives. Ensuite, de le faire savoir… enfin, d’effectuer la course proprement dite. Tout un métier !
La première eut lieu le 30 juin 1859. Selon les journalistes américains de l’époque, une corde de 330 mètre de long fut tendue entre le quai du vapeur Maid of the Mist et le parc White’s Pleasure Grounds. La foule était nombreuse. En multipliant les superlatifs, les reporters décrirent la traversée de Blondin. Ce fut un triomphe !
Et le héros du Niagara réitéia cet exploit plusieurs jours de suite.
Nombreux contrats
Les directeurs de cirques, d’hippodromes et de music-halls lui proposèrent imédiatement des contrats.
À Londres, le Crystall Palace le mit à l’affiche en juin 1861. Cet engagement fut suivi par une tournée dans les plus grandes villes de Grande Bretagne, puis en Europe, en Afrique du sud et en Australie.
Paris l’accueillit plusieurs fois : à l’Hippodrome de la Porte Dauphine en mai 1866, au Champs de courses de Vincennes, en juillet 1866, l’année suivante lors de l’Exposition Universelle, et dix ans plus tard, au Palais de l’Industrie aux Champs-Élysées. Rome et Milan, à leur tour, furent témoin de ses exploits. Les Bruxellois, quant à eux, purent l’admirer fin août 1867 et en juin 1879.
Les exercices de Jean-François Gravelet
Parmi ses nombreux exercices citons :
- Marche en avant, en arrière, les yeux bandés, sur échasses…
- Equilibres, en poirier, et debout sur une chaise…
- Positions allongées…
- Conduite d’une brouette…
- Porter d’un partenaire sur les épaules…
- Conduite d’un vélocipède…
- Confection d’une omelette sur une cuisinière.
Hesdin et ses personnages illustres
La carrière de Blondin fut particulièrement longue. Il fut encore acclamé en 1894 au Gilbert Circus à Norwich, et deux ans plus tard, à Belfast.
Après une vie passée à grande hauteur, Jean-François Gravelet rendit son dernier soupir, à Londres, dans le quartier d’Ealing, le 22 février 1897.
Indubitablement, Jean-François Gravelet fut à l’origine de nombreuses vocations, et par la suite, plusieurs funambules tentèrent la traversée des chutes du Niagara comme Farini, Harry Leslie ou Maria Spelterini. Il y eut même le cheval Blondin de Corradini qui effectuait une étonnante traversée sur deux câbles tendus.
À la fin du mois d’août 1972, la ville de Hesdin rendit hommage à Jean-François Gravelet lors d’un délilé historique intitulé Hesdin et ses personnages illustres.
Dominique Denis
Sources
- Vu par Serge
- Histoire du Cirque – Serge
- Tel père, tel fils
- Recherches biographiques par Paul Salasca.
- Funambules au Cirque – Dominique Denis – circus-parade.com.
- Artisten-Lexikon – Signor Saltarino.
- Plusieurs Blondin
- Monsieur Loyal – Lorenzo Frediani.
- Courrier B. Loyal – 28/01/2021.
- Gent Circusstad – André De Poorter.
- La Merveilleuse Histoire du Cirque – Henry Thétard.
- Élève de Jean Ravel
- NotesPaul Salasca
- Das Buch vom Zirkus – Joseph Halperson.
- Troupe Nicolet – E. de Manne et C. Menetrier.
- Les Orsola – Luc Bucherie et Jocelyne Castex-Orsola.
- En Amérique du nord
- Olympians of the sawdust circle – William L. Slout.
- Affiches Ravel en Amérique.
- 200 years of the American Circus – Tom Odgen.
Suite sources
- Niagara
- Blondin : his life and performances – George Linnaeus Banks.
- Le cirque et ses étoiles – Tristan Rémy.
- Storia del circo – Alessandro Cervelatti.
- L’art des funambules – Legrand Chabrier – l’Illustration – 22/02/1931.
- Le Voleur – 29/07/1859.
- Globe – 1/07/1859.
- Nombreux contrats
- Crystal Palace – affiche 1 juin 1861.
- Victoria Arena – John Turner.
- Le vieux Paris – Victor Fournel.
- Histoire illustrée des cirques parisiens – Adrian
- Histoire illustrée des cirques à Bruxelles – Jean Léo.
- Cirques en bois, cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis.
- L’Univers illustré – 6/07/1864.
- Affiche champs de courses de Vincennes – 15/07/1866.
- La Lune – 15/07/1866.
- Affiche Palais de l’Industrie.
2 suite
- Les exercices de Jean-François Gravelet
- Les jeux du cirque et de la vie foraine – Hugues le Roux.
- Le sens de l’équilibre – Adrian.
- Ases y figuras estelares del Alambre – Volatin.
- Voleurs de ciel – Tristan Rémy – l’Humanité
- Traité du funambulisme – Philippe Petit.
- Hesdin et ses personnages illustres
- Von fliegenden Menschen und Tanzenden Pferden – Gisela Winkler.
- J. F. Gravelet – Marcel Dhénin – Le Cirque dans l’Univers – n° 100.