Personnage haut en couleur, audacieux et novateur, Lord George Sanger, reste un directeur de référence dans l’histoire du Cirque mondial au XIXe siècle.

par Brighton de Palma

Né sur le Voyage

George Sanger : Incontestablement, un personnage haut en couleur ! Il était né sur le Voyage, à Newbury, dans le Berkshire en Angleterre, le 23 décembre 1825.

George Sanger - portrait
Lord George Sanger

Daddy Sanger

Son père, James Sanger – né en 1778 – avait servi dans la marine royale durant une dizaine d’années. 

Une fois, rendu à la vie civile, il devint joueur de bonneteau, puis s’affirma en tant qu’escamoteur dans les champs de foire. 

Ensuite, il se spécialisa dans la présentation d’images. Il s’agissait d’une forme de spectacle fort prisé à l’époque. L’opérateur installait une boîte en bois, reposant sur un trépied, à l’intérieur de laquelle était disposées une série d’images qui racontait une histoire ou relatait un événement. Pour une piécette, le badaud pouvait contempler ce récit au travers d’un hublot. C’était la préfiguration des panoramas et autres dioramas.  La série de vues de James Sanger relatait la bataille de Trafalgar chère au public britannique. 

Attractions foraines

Fete & Gala de Sanger- affiche
Fete & Gala

Par la suite il s’établit comme industriel forain avec des balançoires et autres attractions. La mode étant aux présentations de phénomènes, il monta un entresort avec une géante ou supposée telle, puis des redoutablesenfants cannibales, deux aimables enfants maquillés en sauvage.

Sanger père se maria avec Sarah Elliott (1787-1852) avec qui il eut neuf enfants dont John (1819-1889) et George. Les enfants Sanger furent élevés  dans la tradition des forains.

La vie foraine

Dès l’âge de 7 ans, le jeune George était présent à la parade pour attirer les clients du diorama. Tenté par le statut d’artiste, George s’essaya à la jonglerie avec un jongleur du nom  de Malabar ; c’était à la foire de Hyde Park, en 1837.

Avec ses frères William et John, il s’adonna à la présentation de petits animaux tels souris, oiseaux, hamster et lièvres jouant du tambour.

Suivant les conseils de son père, il se consacra ensuite à la prestidigitation et, costumé en prince du Danemark, il courut les foires sous le nom de The wizard of the West. Ses débuts eurent lieu à la foire de Stepney en 1848.

Il fut remarqué par miss Nellie Chapman, appelée Madame Pauline de VereThe queen of lions, de la fameuse ménagerie Wombell.  La reine des lions et le prince du Danemark se marièrent en 1850. 

Spectacles divers

Le jeune couple se mit à leur compte et voyagea avec une lanterne magique.  Au programme : la mort du duc de Wellington. En plus de ses activités artistiques, il s’occupa de façon très lucrative de paris sur des courses diverses.

Entre-temps, John Sanger, l’aîné, s’était marié avec Elizabeth la fille du patron de la ménagerie Atkins. Après le décès de leur père survenu en 1849, les frères William, John et George s’associèrent pour créer le Sanger Circus. 

D’abord ils louèrent des salles pour présenter leurs spectacles. Puis, ils firent construire des constructions en bois dans des villes comme Plymouth ou Aberdeen. En plus de sa collaboration avec ses frères, il organisait d’autres spectacles comme des pantomimes de Noël ou des matchs de boxe. iI reprit ses représentations avec sa lanterne magique, ce qui lui valut, en 1852, d’être blessé par une explosion.

Place au Cirque

affiche de Sanger en 1886.
Sanger’s amphitheatre, 1886.

Après cette mésaventure, George Sanger reprit ses grandes illusions ainsi que des attractions foraines telle la fameuse huitre qui fume ou les poissons savants. 

Les affaires étant fructueuses, en 1854, il s’acheta un cheval et engagea quelques artistes tels John Croueste, William Kite ou le clown Wattty Hilyard. C’est ainsi qu‘il lança son premier cirque. Arrivé à Manchester, il agrandit sa cavalerie avec l’achat de deux poneys et de neuf chevaux. 

George Sanger devint le père de trois enfants : un fils mort prématurément, puis Laurina en 1853, et Sarah Harriet, l’année suivante. 

Pariant sur l’avenir, les frères Sanger investirent dans du matériel et augmentèrent considérablement la cavalerie qui comptait alors une soixantaine de chevaux. 

Les circus du royaume

Lorsque qu’en 1856, le cirque américain Howe and Cushing débarqua à Liverpool, les frères Sanger décidèrent de le contrecarrer. Ils achetèrent six lions. La chance souriant aux audacieux, ils obtinrent de gros succès dans tout le royaume. 

Ils créèrent des établissements à Manchester, Birmingham, Liverpool, Glasgow, Aberdeeen, Bath, Bristol, Exeter et Plymouth.

À Islington, ils donnèrent des représentations au fameux Royal Agricultural Hall en 1870. En novembre de l’année suivante, ils reprirent le nouvel amphithéâtre royal d’Astley, dirigé alors par Dion Boucicault.

Le cirque de George Sanger

Programme George Sanger circus
Programme du Circus George Sanger

À la fin de l’année 1871, les familles de John et George Sanger s’agrandissant, les deux frères décidèrent de se séparer à l’amiable, chacun à la tête de leur propre entreprise. 

Seul aux commandes de son cirque, comprenant 230 personnes, George Sanger décida d’entreprendre une tournée européenne. il voyagea en France, en Allemagne, en Autriche, en Bohème, en Espagne, en Suisse, au Danemark, en Belgique,  et aux Pays-Bas. il était équipé de 46 voitures hippomobiles, 11 éléphants, 12 chameaux, et 160 chevaux. Sa cavalcade était grandiose et inspira de nombreux confrères.

Lord George Sanger

Fort de ses succès européens, George Sanger retourna en Grande-Bretagne. II dut subir la concurrence de Buffalo Bill qui tourna dans le royaume avec son Wild West Show.  Ce qui déplut le plus à George Sanger c’est que Buffalo Bill se faisait appeler l’honorable William Cody. Alors, il décida de s’autoproclamer lord. Depuis, son cirque s’appela le Lord George Sanger Circus. Pour ne pas être en reste, son frère John en fit autant et baptisa son chapiteau le Lord John Sanger Circus.

Homme de spectacle et d’action, entrepreneur audacieux, George Sanger était un travailleur infatigable. N’oubliant pas ses origines modestes, il fonda le Showman’s Guild, à la fois un syndicat et une œuvre caritative, qu’il présida pendant dix-huit ans.

Le malheur le frappa lorsque le 14 octobre 1882, mourut sa fille Laurina qui était mariée avec Alexander Coleman, connu sous le nom de Little Sandy.

Devant sa majesté la reine Victoria

Mémoires de G. Sanger - annonce

Mémoires de George Sanger

La réputation de George Sanger était telle, qu’il fut invité à donner des représentations de la reine Victoria, à Sandringham, le 8 janvier 1885. Il eut encore l’honneur de se produire devant sa très gracieuse majesté au château de Balmoral, le 19 juin 1898.

Le récit de ses exploits franchit l’Atlantique, et en 1884, P. T. Barnum lui acheta son spectacle The congress of monarchs qu’i avait présenté à l’Agricultural Hall. 

En plus de ses tournées sous chapiteau, il gérait ses cirques de Margate et de Ramsgate.

Mémoires de George Sanger

Sa fin fut tragique puisqu’il fut assassiné par un de ses employés le 28 novembre 1911 à Park Farm, dans le Middlesex.

Ses mémoires Seventy Years a Showman, avaient été publiées en 1908. Plus tard, John Lukens écrivit un autre ouvrage, The Sanger story – Being George Sanger Coleman’s story of his liffe his grandfather Lord George Sanger.

L’histoire du Cirque ne peut s’écrire sans rendre hommage à George Sanger, Lord de cœur, directeur audacieux et novateur.

Brighton de Palma

Un grand merci à monsieur Dominique Denis pour sa monumentale documentation.

Sources 

Seventy years a showman – George Sanger

Sanger story – John Lukens

Victorian Arena – John Turner.

Lord John Sanger Circus – Mark Twitchett.

Les histoires de cirque de Lewis-James Pinder dit Arthur – Jacques Garnier

Affiches et programmes – Sanger Circus – Lord George Sanger – Lord John Sanger

suite

La fête foraine d’autrefois – Christiane Py & Cécile Ferenczi

Circus – Rupert Croft-Cooke & Peter Cotes 

Trésors de Barnum – Dominique Denis

La merveilleuse histoire du cirque – Henry Thétard.

Notes Dominique Denis

Foire Nationale et Archives du Cirque– University Shieffield

À lire

Seventy years a showman – George Sanger – Maggibbon & Kee – London – 1966.

Sanger story –  Being George Sanger Coleman’s story of his liffe his grandfather Lord George Sanger – John LukensHodder and Stoughton – 1956