Maria Valente (1897-1977), surnommée le Grock féminin, fut une gloire du Music-Hall et du Cirque, entre les deux grandes guerres mondiales.

Une étoile internationale

La star Maria Valente - dessin
La star Maria Valente

Maria Valente : Dans Les Excentriques Musicaux au Cirque nous écrivions :

« … Avec ses yeux pétillants de malice, son visage illuminé et mobile, le cheveu rebelle, sa silhouette à la fois filiforme et dynamique, Maria Valente fut une des grandes étoiles internationales du milieu du XXème siècle… »

Dès sa première apparition à Paris, en septembre 1923, ce fut une révélation. Gustave Fréjaville, le plus grand critique de cette époque, écrivait :

« …L’Olympia nous a fait la surprise d’une révélation tout à fait remarquable. Le pot-pourri de musique et de danse des Valente, annoncé sans éclat et présenté sans faste, est allé aux nues dès le premier jour et fait pâlir aujourd’hui, à l’exception de Damia, tous les autres numéros du programme… »

Enfant de la balle

Authentique enfant de la balle, Marie Siri, dite Maria Valente, italienne née à Rome, en 1893, débuta à l’âge de 3 ans, à Kiev.

Elle fit des études de danseuse classique et de musicienne, puis se maria et débuta avec son époux Guiseppe Valente, un fameux accordéoniste. Ils eurent quatre enfants : Nina, Pietro, Silvio et Catarina.

Aussi à l’aise sur le plateau d’un music-hall que dans la piste d’un cirque, elle se fit particulièrement remarquer dans une parodie de Charlot.  Elle voyagea dans le monde entier, allant de succès en succès.

Irrésistible bonhomie

Maria - sa publicité
Maria – publicité

En mars 1931, de retour d’Amérique, elle revint à Paris à l’Empire, le célèbre music-hall-cirque de l’avenue de Wagram. Le maître Gustave Fréjaville lui consacra dans le journal Comoedia, un long paragraphe, dont voici un extrait :

« … Son numéro comprend toujours l’exécution tour à tour émouvante et ironique de pages musicales sur le monocorde, le xylophone, le concertina, une parodie de chanson américaine, la valse sonore des plateaux de métal et d‘étourdissantes parodies chorégraphiques, danse espagnole, danse russe… Voilà toujours notre Maria Valente avec ses dons inimitables, sa sincérité voilée d’espièglerie, sa virtuosité de danseuse classique exagérée en acrobaties facétieuses, sa sensibilité de grande artiste qui se dérobe sous des plaisanteries forai­nes d’une irrésistible bonhomie… »

Triomphes à l’Empire

Maria par Ben - dessin
Maria par Ben

Enfin, l’auteur de Au Music-Hall concluait son article ainsi :

«… Est-il besoin de dire que Maria Valente n’a eu aucune peine à triompher à l’Empire comme partout ailleurs ? Les rappels, après sa danse russe, ne s’arrêtaient pas, et la seule déception qu’on ait éprouvée, c’est que le numéro n’ait pu se prolonger à la demande du public, selon l’habitude de Maria Valente, dont la bonne volonté est infatigable… »

Un autre critique célèbre, André Legrand-Chabrier écrivait :

«… J’éprouve à la voir aller et venir dans la piste le même plaisir qu’à voir Douglas Fairbanks bondir sur l’écran… ou un jeune poulain gambader dans un pré…»

Quel répertoire !

Maria Valente - photo Jacques Verrier
Maria Valente à Medrano – photo Jacques Verrier

Alors que certains artistes se contentaient de présenter le même numéro, Maria Valente, n’hésitait pas à agrandir son répertoire.

Ainsi elle présenta des parodies amusantes comme celle d’une conférencière féministe – sujet audacieux pour l’époque – et celle d’un gentleman en visite à l’Exposition coloniale.

Elle jouait encore d’autres instruments comme le marimba, le piano, l’accordéon, la guitare, les clochettes et l’ukulélé.

À Medrano

Elle se produisit plusieurs fois sur la piste des cirques, comme au Cirque de Rouen en 1932.

Jérôme Medrano l’engagea se semi-construction Palisse-Medrano à Caen, du 12 au 18 mai 1933. Son numéro ne fut qu’une suite ininterrompue de rappels. Du 6 au 12 octobre de la même année, elle fut la vedette de Medrano au Havre.

Medrano la redemanda à nouveau, cette fois pour son établissement parisien du 10 au 23 novembre 1933.  D’entrée, elle suscita la sympathie. Dans La Volonté, André Legrand-Chabrier notait que Maria Valente était une rayonnante clownesse, très moderne.

Coiffée d’un canotier, vêtue d’une blouse en soie couleur ivoire, et d’un pantalon gris perle, elle chantait, dansait, jouait d’une d’une multitude d’instruments. Comme à l’accoutumé, elle était accompagnée par son partenaire (et mari à la ville) surnommé Joseph, qui restait imperturbable devant ses pitreries irrésistibles.

Encore au Cirque

Maria à Medrano - photo
Maria à Medrano – photo A. A.

On la revit encore à Medrano du 29 septembre au 25 octobre 1945, puis l’année suivante, du 21 décembre 1946 au 16 janvier 1947.

Enfin, elle revint dans cirque mythique du 24 décembre 1948 au 6 janvier 1949, cette fois, avec deux de ses enfants.

Toujours en France, Maria Valente se produisit au Cirque Pourtier à Douai, en juillet 1953.

Viva Maria Valente

Le cinéaste Alexandre Ryder tourna un court-métrage intitulé Maria Valente.

Après la mort de son mari Guiseppe, en 1957, Maria Valente continua de se présenter sur les planches  son numéro avec son fils Pietro. Silvio et sa fille Caterina devinrent des vedettes internationales de la chanson.

Maria Valente mourut en 1977, et ses obsèques eurent lieu à Munich le 2 novembre.

Irrésistible comédienne empreinte d’une grande drôlerie, excentrique musicale hors pair, Maria Valente fait partie de ces personnages d’exception qui ont marqué l’histoire du Cirque et du Music-Hall.

Dominique Denis

Medrano - direction Jérôme Medrano - Tome 1 - couverture
Medrano – direction Jérôme Medrano – Tome 1

Sources

  • Les Excentriques Musicaux au Cirque – Dominique Denis.
  • À l’Olympia – Gustave Fréjaville – 6/9/1923.
  • Les attractions de la semaine – Gustave Fréjaville – 24/3/1931.
  • À l’Alhambra – Gustave Fréjaville – 19/9/1932.
  • À Medrano – Hubert de Malafosse – septembre 1945.
  • Programmes Medrano – 1945 – 1949.
  • Vedettes et demi-vedettes – Tristan Rémy – 10/1/1947.
  • Annonce Medrano – 24/11/1948.
  • Centenaire du Cirque Pourtier à Douai – M. Harduin – Le Cirque dans l’Univers – n° 14.
  • Article : Maria Valente – L. R. Dauven – Le Cirque dans l’Univers – n° 107.
  • Cirques en bois, Cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis.
  • Medrano – direction Jérôme Medrano – Tome 1 – Dominique Denis.
  • Tome 2 : Medrano – direction Jérôme Medrano – Tome 2  – Dominique Denis.
  • Maria Valente -The Stage – 1/12/1977.

À lire

Medrano - Tome 2
Medrano – direction Jérôme Medrano – Tome 2

Medrano – direction Jérôme Medrano – Tome 1 – Dominique Denis – Arts des 2 Mondes – Paris – 2022.

La suite : Medrano – direction Jérôme Medrano – Tome 2 – Dominique Denis – Arts des 2 Mondes – Paris – 2023.