L’entrée du service militaire, appelé aussi le soldat, est un des sketchs les plus anciens du répertoire de clowns de Cirque. Il peut s’interpréter à deux personnages, voire plus.

Parodie sans fin

Foottit et Chocolat -photo -  Le service militaire - A. A.
Foottit et Chocolat – Le service militaire – photo A. A.

Le service militaire…

Si l’on considère que la guerre fait partie des activités principales de l’homme, la parodie du militaire reste éternelle. De tout temps, les personnages comiques, se sont inspirés du métier des armes. Sans remonter à l’Antiquité, dès la création du spectacle du Cirque à Londres, on interprétait le matelot ou le hussard à cheval pris de boisson. En France, chez Franconi, Kemp donnait L’ours et la sentinelle. Plus tard, le partenaire de Foottit était le héros d’une pantomime intitulée Les 28 jours de Chocolat.

Dès le début du XXe siècle, Antonet et Walter mettaient en place l’entrée du service militaire qui devint un classique par la suite. Elle fut reprise, entre autres, par Pipo et Rhum, Alex et Zavatta, Maïss et Mimile, Lulu et Tonio, Rex et Quito, Bocky et Randel, Dédé Gruss, Pipo junior, Rolfi et Gaston… et bien d’autres encore.

Première partie : Le service militaire

Monsieur Loyal : Excusez-moi de vous interrompre, j’ai un courrier pour un clown.

Clown : Ah oui, c’est pour moi !

Monsieur Loyal : C’est précisé… Le clown, dit l’idiot.

Clown : Alors, c’est pour lui !

Monsieur Loyal remet la lettre à l’Auguste. Il la décachète, et la regarde.

Auguste : Oh là, là, la, la, la, la, la ! 

Clown : Qu’est-ce qu’il y a ?

Auguste : Dis donc, dis donc, dis donc, dis donc…

Clown : C’est grave ?

Auguste se met à pleurer, d’abord doucement, puis de plus en plus fort.

Clown : Mais enfin, pourquoi pleures-tu ?

Auguste : Je… ne… sais… pas… lire !

Deuxième partie

Clown : Allez, donnes-moi ça.

Il lit.

C’est à l’en-tête du Ministère des Armées !

Auguste : Oh là !

Clown : (qui continue sa lecture) En application du nouveau décret du Ministre de la Défense Nationale, sous la haute autorité du Président de la République, chef des armées, vous êtes convoqué, séance tenante, pour accomplir vos obligations militaires.

Auguste : Ah non, je ne veux pas y aller ! (il cherche à s’enfuir)

Clown : (il le rattrape) Tu n’as pas le choix… sinon, les gendarmes vont venir te chercher, et alors, ce sera, direct, la prison.

Auguste : Non, je ne veux pas.

Clown : Écoutes… Figures-toi que je suis officier de réserve, et je vais t’enseigner les principes de base, comme çà, quand tu arriveras à la caserne, tu seras plus à l’aise. Vas en coulisses et mets-toi en uniforme. (Auguste sort)

Troisième partie

Monsieur Loyal : Monsieur Clown, ôtez-moi d’un doute… Êtes-vous réellement officier de réserve ?

Clown : Cher monsieur, je fais partie d’une grande famille de militaires !

Monsieur Loyal : Vraiment ?

Clown : Mon ancêtre Gontran, a participé à la guerre de 100 ans !

Monsieur Loyal : Cent ans, c’est long !

Clown : Il en est même mort d’épuisement !

Monsieur Loyal : Condoléances ! Oui, mais vous… qu’avez-vous fait comme guerre ?

Clown : C’est toute une histoire !

Monsieur Loyal : Je vous écoute.

Clown : Pour l’instant, à France-Market, je me bats contre la vie chère !

Monsieur Loyal : Admirable !

Quatrième partie

Clown : Mais, je ne suis pas là pour vous narrer mes exploits militaires… . (à Mr Loyal) Apportez-moi plutôt mes accessoires !

Monsieur Loyal : Voilà, voilà… Il lui remet un képi d’officier et une batte de clown. Rappelons que ce bâton est constitué d’un manche et de deux lamelles en bois provoquant un effet sonore qui ne fait pas mal à celui qui reçoit les coups.

Entre l’Auguste, revêtu d’un uniforme informe et coiffé d’un panier à salade.

Clown : Mais qu’est-ce que c’est cette tenue ? Ah mon gaillard… N’oubliez pas que vous me devez…

Auguste : L’apéritif !

Clown : Silence dans les rangs ! Attention ! Garde à  vous !

L’Auguste s’enfuit en courant.

Clown : Où allez-vous ?

Auguste : Vous avez dit : gare à vous…

Clown : Mais non, c’est un commandement militaire : Garde-à-vous ! Nuance !

Auguste : Faut prévenir.

Cinquième partie

Clown : Je vous explique : D’abord on se met au repos.

Auguste : C’est pas trop tôt. Il va s’allonger sur la banquette de piste.

Clown : Non, je vous montre : Le repos s’exécute avec le pied gauche en avant et la main droite à la ceinture. et lorsque je dis garde-à-vous, vous claquez des talons, les deux bras le long du corps, la tête haute. Il fait la démonstration. Et maintenant, exécution !

Clown : Repos… Garde-à-vous !

L’Auguste obtempère.

Clown : Très bien, maintenant je veux le regard intelligent … oui c’est mission impossible… et le petit doigt sur la couture du pantalon ! Reprenons ! Il se lance dans une longue série de  » rentrez-le-ventre »… « rentrez-le-fessier » en se servant de sa batte. Obéissant, l’Auguste exécute ce mouvement en continu, ce qui naturellement l’amène à danser sur ce rythme.

Sixième partie

Clown : Nous allons maintenant étudier le maniement des armes. Monsieur Loyal, apportez-nous deux fusils ! Merci. il prend le sien et lance l’autre à l’Auguste qui, le recevant, tombe à la renverse. Attention… Présentez-arme !

L’Auguste lui apporte gentiment son fusil.

Clown : Non, non pas comme ça.Je vous fais la démonstration. Attention : un, deux et trois ! Il fait le mouvement du présentez-armes. À vous.

L’Auguste reproduit le mouvement.

Clown : Bien ! Et maintenant : Arme-sur-l’épaule !

Dans le mouvement, l’Auguste envoie valser son arme en arrière.

Clown : On recommence.

Cette fois l’Auguste réussit.

Clown : En avant-marche ! Tous deux marchent au pas, chacun  de leur côté en décrivant un demi-cercle, ce qui fait, qu’au douzième pas, ils se télescopent, et tombent tous deux sur le sol.

Septième partie

Clown : Il faut que je vous dise quelque chose d’important : Il est d’usage que le deuxième jour, le colonel vienne faire l’inspection.

Auguste : C’est qui le colonel ?

Clown : C’est le père du régiment

Auguste : Qu’est-ce qui doit toucher comme allocation familiale !

Clown : Alors, il va poser trois questions : Quel âge avez-vous ? Et vous répondrez : vingt ans mon colonel. Ensuite… Depuis combien de temps êtes-vous dans l’armée ? Vous direz : Deux jours mon colonel. Enfin, il vous demandera : Que préférez-vous la vie civile ou la vie militaire. Alors par diplomatie, vous répliquerez : Les deux mon colonel. C’est compris ?

Auguste : Fastoche !

Huitième partie

Clown : Ah, ah, ah, c’est moi le colonel !

Auguste : Papa !

Clown : Alors mon bravequel âge avez-vous ?

Auguste : Deux jours mon colonel.

Clown : Depuis combien de temps êtes-vous dans l’armée ?

Auguste : Vingt ans mon colonel.

Clown : Vous me prenez pour un idiot ou un imbécile ?

Auguste : Les deux mon colonel !

Neuvième partie : Le service militaire

Clowns de Cirque -par
Clowns de Cirque – Dominique Denis

Cette entrée se conclut, en général, soit à cheval ou jouant de la musique… militaire

Dominique Denis

Sources – Le service militaire

  • Souvenirs de Medrano et du Cirque d’Hiver de Paris.
    • Interprétations du service militaire par Alex et Achille Zavatta, Maïss et Mimile, Lulu et Tonio, Rex et Quito, Bocky et Randel, et Dédé et compagnie.
      • Jouons aux Clowns – Dominique Denis. Dans mon premier livre édité chez Hachette Jouons aux Clowns, j’avais déjà écrit une version de cette entrée.
        • Les clowns et la tradition clownesque – Pierre Robert Levy.