À la fin du XVIIIème siècle, de nombreux voltigeurs équestres, de Jacob Bates à Jacques Tourniaire, se produisirent dans les grandes cités du Saint Empire germanique. De Nuremberg à Leipzig, ils firent découvrit au public allemand les premiers jeux du Cirque.
Jacob Bates - voltigeurs équestres

Jacob Bates

À Nuremberg

Un siècle auparavant, à Nuremberg, au mois de mai 1647, l’acrobate Christian Müller, originaire de Kamin, présentait des exercices acrobatiques. Il montait sur son cheval puis, prenant appui sur la selle de sa monture, se tenait en équilibre sur un avant-bras. Parmi les premiers voltigeurs équestres, se distinguait Jacob Bates, dont nous avons consacré une page :  Jacob Bates, précurseur du spectacle de Cirque.

Bates voltigea à cheval à Hambourg en 1762, puis à Dresde en juillet 1765, à Franckfort-sur-Main en septembre, à Leipzig du 6 au 23 octobre, à Nuremberg du 16 au 27 décembre.

Fête équestre à Nuremberg en 1714 - voltigeurs équestres

Fête équestre à Nuremberg en 1714

La ville de Nuremberg, en Bavière, était un haut lieu de l’Empire où se tenait une foire de deux semaines au cours de laquelle étaient présenté les joyaux de la couronne impériale. Les fêtes y étaient nombreuses. Le Fechthaus auf der Schütt, construit en 1628, était une arène de forme rectangulaire à trois étages pouvant accueillir 3.000 personnes. Elle était conçue pour du théâtre, des combats d’animaux, des spectacles d’acrobates, de sauteurs, de danseurs de corde et de funambules.

L’année suivante, ainsi qu’en 1652, le public assista à la présentation d’un éléphant. Une fête hippique donnée par la noblesse y fut donnée en 1714.

Jacob Bates

Après Vienne, Jacob Bates se rendit les années suivantes à Munich, Francfort, Hambourg et Ausbourg. En 1770, il fut reçu par le Roi de Prusse Frederick à Berlin.

D’autres voltigeurs à cheval prirent sa suite, comme à Nuremberg, Wilhelm Wear en 1772, Ludwig Gast en 1776. Il y eut encore le cavalier anglais Herr André, avec une équipe douze personnes, en 1777 ou Wolton à Franckfort, en avril 1773. Suite à ses succès parisiens, John Hyam devint une vedette du genre dans les états germaniques. Il se produisit en 1777 à Franckfort en avril, et à Nuremberg en juin. Deux ans plus tard, à Rostock en mars, encore à Nuremberg en juin 1781 ainsi qu’en 1784. Dans Le Cirque en France au XVIIIème siècle nous pouvons lire :

Affiche de Chiarini - voltigeurs équestres

Affiche de Chiarini

« …Outre les exercices de voltige, devenus alors traditionnels, sur un et deux équidés, Hyam excellait dans le maniement du pistolet et du fusil, exécutait divers sauts. Puis debout sur la selle, portait un enfant sur la tête. Il présentait également un cheval rapporteur et un autre qui savait s’asseoir sur son postérieur. En final, il interprétait une scène comique qui obtint beaucoup de succès… »

Luigi Chiarini

Toujours à Nuremberg, le public put apprécier Jacob Watson en mars 1780. La compagnie équestre la plus importante était celle de Luigi Chiarini composée de trente personnes. Il vint à Francfort en 1780, à Dresde l’année suivante, à Leipzig de janvier 1786 à janvier 87, à Nuremberg en mai.

En 1788, Chiarini donna des représentations à Stuggart en janvier, à Nuremberg en avril, encore à Stuggart en juillet, et à Leipzig en décembre jusqu’au 22 janvier 89. Deux ans plus tard, en août, il atteignait Prague, et en septembre Franckfort. Le public allemand le revit à Nuremberg en mars 1798, et pendant 22 jours à Leipzig en 1799.

Jean Balp - voltigeurs équestres

Jean Balp

De nouveaux voltigeurs équestres

Suivant l’exemple de Jacob Bates et de John Hyam, de nouveaux cavaliers investirent à leur tour les cités de l’empire germanique comme Palatin à Strasbourg en 1787 ou Kolter et Wieland à Stuggart en mai 1788.

On retrouva Wieland en avril 1792 à Franckfort, et à Stuggart en août. Quant à John Kolter, il fut l’attraction de Nuremberg en octobre 1795.

À Erfurt, en 1791, le réputé Jean Balp, d’une rare élégance, jonglait à cheval, montait jusqu’à cinq chevaux, exécutait des exercices en colonne, et sautait pardessus des barrières.

Pierre Mahyeu - voltigeurs équestres

Pierre Mahyeu

La même année en avril, le fameux Peter Mahyeu vint à Franckfort, et Johann Simon à Nuremberg.

Le danseur de corde Georg Traber apprit, à son tour, la voltige équestre et sillonna l’Empire. Il présenta son nouveau programme à Nuremberg en septembre 1795, à Marbourg l’année suivante, à Nuremberg et Stuggart en 1797… à nouveau à Marbourg, en 1798, et à Hanau en 1799.

Exercices des Franconi - voltigeurs équestres

Exercices équestres des Franconi

Jacques Tourniaire

Le XVIIIème siècle se termina en décembre 1800 à Stuggart avec Jacques Tourniaire, le fondateur de la fameuse dynastie qui brilla dans la voltige équestre jusqu’en Finlande et en Russie. Il revint dans l’Empire, en juin 1805, à Strasbourg.

Avant de fonder le Circus Gymnasticus à Vienne, Christoph de Bach, vint avec compagnie en novembre 1802 à Stuggart, créa ensuite un cirque à Prague l’année suivante ; et se produisit à Berlin quatre ans plus tard avec le danseur de corde Alexander Terzi. 

Bien que dirigeant de main de maître leur cirque parisien, les frères Laurent et Henri Franconi organisèrent des tournées, comme en janvier 1803 à Stuggart, avec des exercices d’équitation, danses et voltiges à cheval.

La troupe des voltigeurs Franconi, sous la direction de Bassin, s’installa une semaine dans la Krautenau à Strasbourg en juillet 1806. En décembre 1803, Kuhn et Masson voltigèrent à Stuggart et, en avril 1804, à Nuremberg. à Cobourg, en mai 1805. Rödiger présenta on répertoire de voltigeurs équestres, à Nuremberg.

L’année suivante, le Saint Empire romain germanique, fondé en 963 par Otton Ier, était aboli par l’empereur d’Autriche, pour s’appeler la Confédération du Rhin puis, en 1815, la Confédération Germanique.

Dominique Denis
Sources – voltigeurs équestres
  • Dossiers chronologiques de l’auteur.
  • Les premiers écuyers – Joseph Halperson – Music-Hall and Circus – n° 72.
  • Christian Müller – B. Barell – Echo.
  • Gravure Fechtaus – 1714.
  • Architectures du Cirque – Christian Dupavillon.
  • Le Cirque en France au XVIIIème siècle – Dominique Denis.
  • Cirkus-Archäologie – Hermann Saguemüller.
  • Das Busch vom Zirkus – Joseph Halperson.
  • La Merveilleuse Histoire du Cirque – Henry Thétard.
  • Schwäbische Chronik – Stuttgart – 19.1.1803.
  • Niederrheinisches Dekadenblatt – Strassburg – 9.7.1806.
  • Notes Peter Bräuning et Hermann Saguemüller.
À lire :
  • Das Busch vom Zirkus – Joseph Halperson.
  • La Merveilleuse Histoire du Cirque – Henry Thétard.