Auguste original et jongleur comique, Émile P. Loyal fit honneur à sa célèbre famille par la qualité de son interprétation.

De la famille Loyal

Émile P. Loyal - photo
Émile P. Loyal – photo A. A.

Émile P. Loyal : Issu d’une ancienne famille de Cirque, il était né le 14 avril 1886, à Cologne. Son père, Georges Loyal fut, un temps, le Maître de manège du Cirque de Paris

Aîné de huit enfants, Émile, dès son plus jeune âge, s’était spécialisé dans l’acrobatie aux barres fixes, puis dans l’art de la jonglerie. Les Parisiens purent le voir, en 1908, à l’Etoile Palace, dans une scène intitulée Le voyage en Suisse. Quatre ans plus tard, il était engagé en tant que jongleur comique au Cirque Pissiutti.

À St Hillier (Jersey), il se maria, le 6 août 1910, avec l’écuyère Esterina Pissiutti, la sœur d’Enrico Pissiutti. Cette dernière était née le 1 octobre 1886, à Vlad, dans le Caucase. Désormais, Émile se fit appeler Émile P. Loyal, le P. indiquant Pissiutti.

 Jongleur et Auguste

La Grande Guerre déclarée, il fut appelé sous les drapeaux. Pendant la campagne de Champagne, en septembre 1914, il reçut une balle dans la jambe gauche. 

Une fois guéri, il reprit son numéro de jonglerie pour lequel il se composa une silhouette de vagabond, pétillant de malice, dans un habit étriqué, une chemise trop large, un parapluie invertébré. L’ensemble était d’une grande cocasserie.

Dès décembre 1914, il devint l’Auguste du clown Charley-Wiliam Ilès au Nouveau Cirque de Paris. Enfant de la balle, Charley-William Ilès était un personnage tout en rondeur et d’humeur joyeuse. Artiste de renom, il avait eut pour partenaire Antonio Lozano et Lavata.

Tous deux furent réengagés dans ce cirque en décembre 1918 puis de fin 1920 à février 1921. Entre-temps, on put applaudir Émile P. Loyal au Casino de Paris, à l’Alhambra en 1918 et à Medrano en 1920. 

Au Cirque d’Hiver de Paris et à Medrano

Gaston Desprez, à l’occasion de la réouverture du Cirque d’Hiver de Paris, engagea pour la saison 1923/1924 Charley-William Ilès et Émile P. Loyal, avec un troisième compère qui n’était autre que Little Walter. Alexandre Ulrich, dit Little Walter, était une vedette dans les plus grands établissements d’Europe et d’Amérique du Sud. En compagnie du célèbre Antonet, il était le créateur d’un certain nombre d’entrées qui allaient devenir par la suite des classiques.

En duo, Charley-William Ilès et Émile P. Loyal retournèrent au Cirque d’Hiver pour les deux saisons suivantes. De temps à autre, Emile P. Loyal reprenait en solo, son numéro de jongleur comique. 

L’équipe Charley-William Ilès et Émile P. Loyal était lancée. Les contrats s’enchaînaient comme au Cirque de Paris en 1924, ou chez Rancy à Magic City en 1925. Jérôme Medrano les appela pour sa saison 1929/1930. 

Le répertoire

Le duo retourna au Cirque d’Hiver en 1930/1931. Leur engagement fut prolongé pour les deux saisons suivantes. Leur répertoire était truffé de mémorables entrées telles les chats mignons, le coffre fortle cinéma, les chasseurs, ou les prestidigitateurs

Lors de la tournée du Cirque d’Hiver, sous chapiteau, en 1933, Émile P. Loyal, reprit son numéro de jonglerie comique sous le nom de Al Shermoon.

Medrano engagea à nouveau Ilès et Loyal fin septembre 1934, cette fois dans sa semi-construction du Havre, puis dan son cirque parisien en 1937. Ils restèrent dans ce temple du cirque jusqu’en mars 1940, ce qui ne les empêcha pas, entre deux contrats, de se produire dans d’autres cirques comme Pourtier, Rancy ou Amar. 

Le clown Géo, en avril, devint ensuite l’équipier d’Émile P. Loyal

Émile P. Loyal en trio

À la rentrée de la saison 1944/1945 de Medrano, Émile P. Loyal fit équipe avec Louis Maïss. Ce fut un choc pour le monde des clowns, lorsque Charley-William Ilès mourut le 28 mars 1945.

Alors, Émile P. Loyal reprit son numéro de jonglerie. À nouveau, il endossa sa défroque d’auguste avec Pepito en 1951. Puis, il constitua un trio avec Max van Embden et Géo Lolé, tous deux ex-partenaires de Grock. Ce nouveau trio anima les soirées du Grand Cirque de Bordeaux dirigé par Jean Coupan, puis celles de Napoléon Rancy et de Belli au Danemark.

En 1954, Émile P. Loyal prit comme faire-valoir Pastis. À Paris, au Cirque d’Hiver Bouglione, Émile P. Loyal retrouva, en 1957, Louis Maïss et Carlo Manetti. Ensuite, il forma un trio de choc avec Alex et Pépète Pauwel.

Un grand Artiste

Malgré son grand âge, Émile P. Loyal continua de travailler avec divers artistes comme Despard-Plège. Le 15 novembre 1962, il eut la douleur de perdre son épouse Esterina. Trois ans plus tard, il décédait à son tour, le 26 octobre 1965. Il avait deux filles Olga et Claudine

Par la qualité de son interprétation, sa faconde et sa bonhomie, Émile P. Loyal, s’est imposé comme un Auguste original et un jongleur comique de primo cartello.

Dominique Denis

Sources

  • De la famille Loyal
  • Recherches généalogiques Paul Salasca.
  • Les clowns – Tristan Rémy.
  • Monsieur Loyal – Lorenzo Frediani.
  • Jongleur et Auguste
  • L’Art de la Jonglerie – Dominique Denis.
  • Clowns de Cirque – Dominique Denis.
  • Le petit auguste alphabétique – Yves Daguenais
  • Au Cirque d’Hiver de Paris et à Medrano
  • Au Cirque d’Hiver – direction Gaston Desprez – Dominique Denis.
  • Medrano – direction Jérôme Medrano – Dominique Denis.
  • Cirques en bois – Cirques en Pierre – Charles Degeldère et Dominique Denis
  • Le répertoire
  • Album Maïss – Dominique Denis.
  • Dictionnaire du Cirque – Dominique Denis.
  • Émile P. Loyal en trio
  • Programmes Medrano, Cirque d’Hiver, Napoléon Rancy, Belli.
  • Un grand Artiste
  • Paul Salasca – notes.
  • Les jongleurs à cheval – Dominique Denis.

À  lire

Clowns de Cirque – Histoire Mondiale des Comiques de la Piste – Dominique Denis – Arts des 2 Mondes – Paris – 2015.

Clowns de Cirque -par
Clowns de Cirque – Dominique Denis – Dominique Denis