James Fillis, maître écuyer exceptionnel, triompha à la fin du XIXème siècle dans les plus grands cirques européens, de Paris à Saint-Pétersbourg.

L’écuyer de l’Europe

James Fillis avec Markir
James Fillis sur Markir

On ne peut évoquer James Fillis, un artiste hors du commun, sans citer en référence le remarquable ouvrage de Gabriel Cortès : James Fillis, l’écuyer de l’Europe aux éditions Belin. À lire absolument !

Bien entendu d’autres auteurs et historiens, comme Signor Saltarino, H. Cazier-Charpentier ou Adrian lui réservèrent une place d’honneur. Dans Das Buch vom Zirkus, Joseph Halperson lui réserva un chapitre. Henry Thétard lui consacra des passages admirables dans sa Merveilleuse Histoire du Cirque. En une seule phrase , ce dernier a parfaitement expliqué la raison de son succès :

« … La méthode de Fillis était basée sur ce principe fondamental de rechercher l’équilibre, la légèreté du cheval dans le mouvement en avant, dans l’impulsion pour obtenir par l’effort moindre les effets les plus énergiques… »

Une famille de Cirque

La vie de James Fillis fut d’une telle richesse, que nous évoquerons dans cet article uniquement quelques uns de ses principaux engagements dans les cirques.

La famille Fillis était connue dans le monde du Cirque. Fils de Thomas Fillis et d’Anna Dalton, James vit le jour à Londres le 17 décembre 1834. John Turner a recensé six frères et soeurs : Martha, Henry, Thomas junior, Mary Ann, Fred et Charles.

Lorsque son père Thomas mourut en 1842, James n’avait que huit ans. Sa famille partit alors avec le Cirque Soullier. Le jeune James fit ses premières pas d’artistes en tant que voltigeur à cheval.

Plus tard, l’écuyer François Caron, un ex-élève de François Baucher, lui enseigna les principes de la haute école.

Sous l’égide des Franconi

Dédicace - James Fillis
Dédicace de James Fillis

Devenu à son tour un maître écuyer reconnu, James Fillis se fixa au Havre en 1859, où il ouvrit un manège et dressa des chevaux pour le baron de Rothschild.

L’attrait de la piste d’un cirque fut tel, qu’il participa néanmoins à un quadrille dans la troupe de Sébastien Gillet, dit Bastien Franconi, au Cirque Impérial, à Paris, en septembre 1866.

Victor Franconi, qui dirigeait le Cirque de Champs-Élysées et le Cirque Napoléon, l’engagea, à partir de 1870, en tant que dresseur.

Au titre d’écuyer, il fut inscrit au programme du Cirque d’Hiver le 4 mai 1872, puis en octobre et novembre 1879. Les programmes annonçaient un quadrille avec mesdemoiselles Guerra, Zéphora, Adèle, Mariani et messieurs Tony, Vidal et Gautier.

On le revit dans ce cirque avec les mêmes écuyers, dans un quadruple tandem, en avril 1880.

Au Nouveau Cirque

Après Bruxelles, en décembre 1890, James Fillis réapparut à Paris au Nouveau Cirque, dirigé alors par Raoul Donval en janvier 1891.

Dans Nouveau cirque – Paris de la Belle-Époque, nous écrivions :

« … Nous voici en janvier 1891. Les messieurs du jockey club accourent pour acclamer le maître écuyer James Fillis montant son pur-sang Germinal ; malgré le grand froid – il fait – 10° le soir de la première. Fillis, dont l’ouvrage principes de dressage et d’équitation vient d’être réédité six mois seulement après sa parution, monte également, en alternance, Markir. Dans le programme-papier, nous pouvons lire le détail de ses airs d’école. Les officiers de cavalerie et les saint-cyriens se pressent au nouveau cirque pour suivre, à la loupe, ses évolutions… »

Le programme

affiche nouveau cirque
Le Nouveau Cirque

1 – Deux pistes et serpentine au passage.

2 – Galop : changements de main renversés, deux pistes, pirouettes, courbetes avec tension de jambe.

3 – Pas espagnol, en avant et en arrière, pas nouveau, avançant et reculant en changeant de diagonal.

4 – Galop contre-changement de mains en changeant de pied, à quatre temps, changements de pied à trois temps, deux temps et un temps – même travail sur l’autre mai.

5 – Passage, piaffé droit, piaffé balloté, trot espagnol alternatif.

6 – Piaffé en arrière.

Une date historique

Adrian, dans Le cirque commence à cheval, précisa qu’il participa au programme de l’Hippodrome de l’Alma. À Marseille, Léon Doux l’accueillit au Grand Cirque Français en septembre 1891, avec Markir et Germinal.

Joseph Halperson débutait son chapitre sur Fillis et la haute école ainsi : “…Février 1892 fut une date historique pour le monde du cirque allemand…”

L’auteur de Das Buch vom Zirkus célébrait avec enthousiasme sa venue au cirque de Gotthold Schumann à Berlin.

Cependant, Gustave Gaberel – encore un grand de l’équitation – dans un long entretien avec Henry Thétard, témoigna qu’il faisait partie de la troupe d’Ernst Renz en 1890, en même temps que ses confrères James Fillis et Constantin Werner (sous le nom de Renroff).

Saint-Pétersbourg

Photo dédicacée de Fillis
Photo dédicacée de Fillis – A. A.

Les engagements de Fillis se succédèrent à Hambourg, puis l’année suivante à Cologne, en Belgique et en Suisse, et en 1894, à Hanovre et Bruxelles. Le cirque allemand Krembser, dirigé par August Krembser et qui avait été fondé par le patriarche Joseph Krembser, le mit à l’affiche en 1897.

À Saint-Pétersbourg, James Fillis, triompha lors de la première le 26 décembre 1897 au cirque Ciniselli, un des établissements les plus prestigieux d’Europe. Au cour de cette saison, il monta Markir, Germinal, Maestoso et Povero.

Le grand duc Nicolas Nicolaievitch, le nomma écuyer en chef de l’École centrale d’application des officiers de cavalerie, poste qui avait été tenu auparavant par son ex-professeur François Caron.

Sa mission terminée, James Fillis retourna en France à Saint-Germain-en-Laye en 1910, et continua à enseigner jusqu’à sa fin, le 3 mai 1913.

James Fillis auteur

Il laissait un ouvrage Principes de dressage et d’équitation qu’il écrivit en collaboration avec son élève Georges Clémenceau, livre qui fut traduit en Allemand, Russe Anglais et Espagnol.

Le nombre de chevaux qu’il dressa était impréssionnant. Déjà en 1891, il se targuait d’avoir éduqué 150 000 chevaux dont une quarantaine d’école.

Dans l’histoire du Cirque, James Fillis reste un des maîtres incontestés de l’équitation à la française.

Nous profitons de cet article pour remercier Son Excellence Alexandre Orlov ambassadeur de Russie à Paris, d’avoir organisé une somptueuse réception dans son ambassade, à l’occasion de la parution du livre de Gabriel Cortès : James Fillis, L’écuyer de l’Europe.

Dominique Denis

Sources

  • L’écuyer de l’Europe
  • James Fillis, l’écuyer de l’Europe – Gabriel Cortès.
  • Artisten lexikon – Signor Saltarino.
  • Das Buch vom Zirkus – Joseph Halperson.
  • La Merveilleuse Histoire du Cirque – Henry Thétard.
  • Le cirque commence à cheval – Adrian.
  • Cheval et art équestre – Le grand livre du Cirque  – H. Cazier-Charpentier. 
  • Ecuyers et écuyères – baron de Vaux.
  • Une famille de Cirque
  • Victorian Arena – John Turner.
  • Les jongleurs à cheval – Dominique Denis.
  • Article : James Fillis – H. Cazier-Charpentier – Le Cirque dans l’Univers – n° 58.
  • François Baucher – Dominique Denis – circus-parade.com.
  • Fiche James Fillis – B. Cheviron – Cheval magazine – octobre 1994.
  • Sous l’égide des Franconi
  • Gabriel Cortès – James Fillis, l’écuyer de l’Europe.
  • L’Entract  – 4/5/1872 – 18/101879 – 15/111879 – 20/04/1880.
  • Histoire illustrée des cirques parisiens – Adrian.
  • Au Nouveau Cirque
  • Nouveau Cirque – Paris de la Belle-Époque – Dominique Denis.
  • Le programme
  • Programme Nouveau Cirque – 1891.
  • Une date historique
  • Adrian – le cirque commence à cheval.
  • Cirques en bois, cirques en pierre de France – C.  Degeldère & D. Denis.
  • La France moderne – 8/09/1891.
  • Joseph Halperson – Das Buch vom Zirkus.
  • Cavaliers d’hier et d’aujourd’hui – Henry Thétard – Le petit Parisien – 6/12/1927.
  • Saint-Pétersbourg
  • Henry Thétard – notes.
  • G. Cortès – James Fillis, l’écuyer de l’Europe.
  • James Fillis auteur
  • Principes de dressage et d’équitation – James Fillis.
  • La Presse – 25 mars 1891.
  • Notes de l’auteur.
couverture du livre de Gabriel Cortès
Livre de Gabriel Cortès

À Lire

James Fillis, L’écuyer de l’Europe – Gabriel Cortès – Belin – Paris – 2016.

Principes de dressage et d’équitationJames Fillis – Flamarion – Paris – 1890.