Alphonse Rancy, sucesseur de son père Théodore et de sa mère Olive Loyal, dirigea ses cirques, de main de maître, de 1892 à 1932.
Fils de Théodore Rancy
Alphonse Claude Rancy (prénommé comme un de ses oncles), né le 29 septembre 1861, était le fils aîné de Théodore Rancy, le fondateur de la firme éponyme.
Grand homme de spectacle, il excellait dans l’art équestre, la musique et la mise en scène. Habile écuyer, il brilla dans les Jeux péloponnésiens. En dehors du cirque paternel, il présenta sa cavalerie à Londres, au Cirque Hengler pour la saison 1879 -1880. Compositeur, il écrivit plusieurs œuvres lyriques en collaboration avec D. de Séverac.
Il se maria en novembre 1889, avec Jeanne Pauline Bidel (1871-1855) avec qui il eut trois enfants : Marcelle, Albert et André.
L’unique directeur
Après le décès de son père Théodore, survenu à Caen, en 1892, il seconda activement sa mère Olive Rancy jusqu’en 1902, date à laquelle il devint l’unique directeur du cirque famillial.
Tout en maintenant la tradition équestre héritée de son père, il sut accueillir les différentes disciplines acrobatiques et les mettre en valeur. Par une mise en piste dynamique, il rénova les pantomimes d’antan. Artiste dans l’âme, il réussit à marier la musique, les éclairages, et les effets de machinerie.
Looping the loop
Malgré la concurrence de Barnum & Bailey, ses spectacles en 1902 furent présentés, avec succès, dans les cirques de Genève, Nancy, Amiens, Boulogne, Lille, Liège, Verviers, Mons, Lyon et Milan. Une des ses plus belles pantomimes prit pour nom Calcutta.
Pour la première fois en France, le 7 février 1903, John Smithson Johnson, dit Diavolo tourna le fameux looping the loop, à bicyclette, au Cirque Rancy, à Lyon.
Les meilleurs attractions du moment tels le sauteur aux haltères John Higgins, le dompteur Sawade, les rois des volants Rainat, ou les acrobates à cheval Alfred et John Clarke, furent inscrits au programme. L’ orchestre était toujours dirigé par H. Omers. Cette année-là, Rancy s’installa également au Havre et à Turin.
Le chapiteau Rancy
Suite à la suppression des droits d’octroi, en 1904, la Municipalité de Lyon eut la malencontreuse idée, de créer une taxe spéciale pour les chevaux. Après le début de saison, Alphonse Rancy ne pouvant payer ces charges exorbitantes, décida, à regret, d’abandonner son cher cirque de l’avenue de Saxe.
Le moment était venu pour Alphonse Rancy de réorganiser son mode de fonctionnement.
Prenant exemple sur Barnum & Bailey, il acheta un chapiteau à deux mâts de quarante mètres de diamètre. La tente des écuries mesurait 20 mètres de long. Ses installations étaient modernes avec l’électricité. Le mode de transport choisi fut le train. La venue de Rancy fut annoncée dans le revue Der Artist à Genève, le Havre, Nancy, Amiens, Versailles, et Rouen. Les lions de mer de Will Woodward furent les vedettes du spectacle.
Asnières
La cavalerie Rancy fut engagée pour l’hiver 1904 au Cirque Hengler à Glasgow.
La famille Rancy fit l’acquisition d’une villa à Asnières, près de Paris, pour y établir leurs quartiers d’hiver. Grâce à son nouveau chapiteau, le Cirque Rancy put se produire dans de nouvelles villes, comme par exemple Angers. Une des grandes pantomimes fut La belle et la bête, une féérie en 3 parties et 7 tableaux.
Le cinquantenaire du Cirque Rancy fut fêté lors de la saison 1906 qui débuta à Asnières du 11 au 12 mars. L’ attraction à grande sensation la torpille humaine fut présentée par Raoul Monbar, à Nancy.
Les cyclistes Schlax multiplièrent leurs exploits sur la piste Rancy en 1907.
Au Cirque de Paris
Le Cirque de Paris, ex-Métropole, avenue de la Motte-Piquet, accueillit le Cirque Rancy, d’octobre 1808 à janvier1909. Au programme : les écuyers Proserpi, les jongleurs Balaguer , les trapézistes Hegelmann, le clown Alf Daniel… Entre-temps, Rancy s’était produit à Colmar, à Genève et Bâle.
Marcelle Rancy fit ses débuts d’écuyère sur la piste paternelle en 1909. Le cirque donna des représentations à Douai et en Belgique. L’ hercule Henri Waldorf fut une des étoiles du spectacle.
Jean-Baptiste Bidel, le beau-père d’Alphonse Rancy, décéda le 24 décembre 1909.
Bob O’ Connor, en 1910, interpréta avec brio l’entrée de la femme cochère. Le talentueux écuyer nain Bagonghi fut également la vedette su spectacle et le capitaine de Brailly présenta les lions de mer. Pendant l’entracte, le public pouvait admirer les comorans pêcheurs dans leur bassin.
Albert et André Rancy en piste
Sous son chapiteau, Alphonse Rancy reprit sa tournée en France du 17 mars au 17 novembre 1911.
Le célèbre chimpanzé Consul émerveilla les calaisiens en 1912, et l’année suivante, les 3 Eclairs pétaradèrent sur leurs motos infernales.
En mars 1914, Rancy s’installa à Melun, avec les débuts en piste de Albert et André Rancy dans une démonstration de voltige équestre. Le cirque donna des représentations à Lyon, du 11 au 27 avril, et l’acrobate à cheval Albert Béchet décéda ce même mois.
Arriva la mobilisation générale… Henri, le fils de Napoléon, fut blessé, et son autre neveu Théodore Gallici, le fils de sa sœur Sabine, mourut au champs d’honneur, le 22 septembre.
Quand même bonne nouvelle : Marcelle Rancy se maria avec Jean Houcke le 28 décembre 1914.
Années de guerre
Albert Rancy, à son tour, fut mobilisé pour la guerre, en avril 1915. La troupe Rancy, avec Marcelle et André, partit en Espagne. À Barcelone, Rancy s’installa au Tivoli, du 13 avril au 13 juin, avec les clowns Pippo et Seiffert et Carpi et Noppi. D’octobre à novembre, le cirque donna des représentations à Saragosse.
Puis, en 1916, le Cirque Rancy vint à Lyon, Bordeaux et Angers. De retour du front, l’année suivante, Albert Rancy se maria avec Nelly Béchet. À Bordeaux, le 5 novembre, disparaissait le populaire clown Chocolat.
Olive Rancy, née Loyal s’éteignit le 26 avril 1918 à Lyon où elle résidait. De son côté, Albert s’établit, à son compte, en Belgique.
Des vedettes
La grande guerre ayant enfin prit fin, le Cirque Rancy s’installa à Lyon, du 19 avril au 5 mai, et du 14 au 31 août 1919. À Amiens, Alphonse Rancy planta son chapiteau en face du cirque municipal.
Les grandes villes françaises, comme Lyon, Bordeaux, Rouen, Amiens, Le Havre, Dijon, en 1920, accueillirent à nouveau Rancy. Installé à l’Hippodrome de Lille, Rancy termina l’année. Homme de cœur, Alphonse Rancy lança une souscription pour ériger à Rouen un monument dédié aux Forains morts pour la France.
Jean Houcke, lors de la saison 1921, prit une place importante dans le spectacle. L’ ex-cycliste Romain Noiset, sur sa moto, puis, le jongleur humoristique Gaston Palmer furent des vedettes de la saison 1922.
La Piste
Le plongeon de la mort de Gadbin fut une des principales attractions, en 1923, tandis que Marcelle et son époux Jean Houcke montait un Cirque Houcke-Rancy à Bordeaux. À la fin de l’année le cirque Rancy s’installa à Alger, avec au programme le dompteur Yvanoff et ses lions.
Travailleur infatiguable, Alphonse Rancy visita, en 1924, Bordeaux, Lyon, St Étienne, Lille avec des vedettes comme le picador Manzano, la troupe acrobatique Andreu et le fameux Charlie Rivel dans sa parodie de Charlot au trapèze.
L’association carritative La Piste, fondée par Jacques Gompel et Gabriel Astruc, dont le but était de secourir les artistes de Cirque en difficulté, lui demanda d’en devenir le président.
Magic City
Le chapiteau Rancy fut planté en juin 1925, à Magic City, situé Quai d’ Orsay à Paris. Le spectacle fut brillant avec les clowns Ilès et E. P. Loyal, le roi des sauteurs Zizine Frediani, les cyclistes Bowden et Garden… Le Relais de Lonjumeau fut présenté par André Rancy, et La Guerrinière par Marcelle Houcke-Rancy. Le contrat parisien terminé, le chapiteau reprit la route.
Les japonais Akebono furent à l’honneur en 1926, et l’homme projectile Zacchini impressionna les foules l’année suivante. André Rancy présenta Djibo, son chimpanzé trapéziste en 1928. Les clowns Ilès et E. P. Loyal furent les invités de marque en 1929.
Dernières années
Les deux frères Albert et André Rancy animèrent, avec fougue, la saison Rancy 1930. Comme chaque année, Rancy vint cours de Verdun à Lyon en 1931.
L’illustre fakir Blacaman fut la star de la saison 1932. Cependant, l’année débuta mal, avec le décès accidentel de son frère Napoléon, le 6 mars. Hélas, le 18 octobre suivant, Alphonse Rancy décédait, à son tour, à Asnières.
Digne sucesseur de son père Théodore et de sa mère Olive Loyal, Alphonse Rancy fut, incontestablement un grand homme de spectacle. En tant qu’artiste, il se révéla un homme de cheval à part entière. Comme directeur, il fut aussi bon gestionnaire que metteur en piste. Avec lui, le nom de Rancy, fut synonyme d’excellence.
Dominique Denis
Merci à Paul Salasca, H. H. Linssen, et aux regrettés Geneviève et Paul Adrian.
Sources
Fils de Théodore Rancy
Théodore Rancy et son temps – 1818-1892 – Jacques Garnier.
circus-parade : Théodore Rancy – Dominique Denis- circus-parade.com.
La magie du Cirque – Jacques Rancy.
Généalogie de la famille Bidel-Rancy – Jacques Garnier – Le Cirque dans l’Univers – n° 62.
Un cirque centenaire : Rancy – Adrian – Music-Hall – 1956.
Rancy Magazine.
Alphonse Rancy – 100 ans – Cirque Rancy – Jacques Bruyas.
L’unique directeur
Olive Rancy, née loyal – Dominique Denis- circus-parade.com.
Un lion parmi les lions – Albert Rancy.
Histoire du Cirque – Serge.
La merveilleuse histoire du Cirque – Henry Thétard.
2 suite
Looping the loop
Der Artist – 1902 – 1903.
Foires de Wallonie – Max Roseau.
Programmes Boulogne 1902 – Lyon 1903.
Le nouvelliste des concerts – 1902 – 1903.
Affiches Lyon – Lille 1903.
Bicyclette et force centrifuge – Henri de Thiersant – La Nature – 17 février 1903.
Attractions sensationnelles – Adrian.
Tristan Rémy – notes
Looping the loop au Cirque – Dominique Denis- circus-parade.com.
Le chapiteau rancy
1904 – Der Artist.
Courrier Rancy – 16/07/1904
Grand répertoire des cirques en France – Robert Barrier.
Forains d’hier et d’aujourd’hui – Jacques Garnier.
Un cirque centenaire : Rancy – Adrian – Music-Hall – 1956.
Asnières
1905 à 1907 – Der Artist.
Carton invitation – Nancy – 14 juin 1906
1906 – affiches et programmes
1907 – programmes – lettres de prospection Rancy.
3 suite
Au Cirque de Paris
Cirque métroplole – Cirque de Paris- Dominique Denis- circus-parade.com.
Histoire illustrée des cirques parisiens – Adrian.
Cirques en bois, cirque en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis.
Généalogie de la famille Bidel-Rancy – Le Cirque dans l’Univers – n° 62.
1908 à 1910 – Der Artist.
Marcelle Houcke-Rancy – Adrian – Scènes et Pistes – n° 98.
Douai- affiche 1909.
1910 – programmes
La dynastie des Bagonghi – Allessandro Cervelatti – Le Cirque dans l’Univers – n° 31.
Albert et André rancy en piste
1911 à 1914 – Der Artist – programmes.
Il était une fois le cirque Lamy – Charles Planke.
La voltige aux deux mains – Albert Rancy – Le Cirque dans l’Univers – n° 62.
Albert Rancy – Le Cirque dans l’Univers – n° 74.
Correspondance H. H. Linssen.
Forains d’hier et d’aujourd’hui – Jacques Garnier.
4 suite
Années de guerre
1915 à 1918 – Der Artist – programmes
Espagne – programmes Rancy 1915.
La historia del Circ a Barcelona – Ramon Bech i Battle ;
Les clowns – Tristan Rémy.
Clowns de cirque – Dominique Denis.
Article : Olive Rancy, née loyal – Dominique Denis- circus-parade.com.
Des vedettes
1919 à 1922 – Der Artist – programmes.
Jacques Garnier – Forains d’hier et d’aujourd’hui .
Sur les chemins des grands cirques voyageurs – Adrian.
120 ans d’histoire du cirque à Lille – Michel et Vincent Mochez.
Les jongleurs à cheval – Dominique Denis.
5 suite
La Piste
1923 – 1924 – Der Artist – programmes
Echo d’Alger – 20/12/1923 – 22/12/1923 – 30/12/1923.
J’en ai vu des choses – Louis Merlin.
Louis Merlin – Dominique Denis- circus-parade.com.
Le départ d’un grand cirque ambulant – Yvon Novy – Comoedia – 27/03/1924.
Magic City
1925 à 1929 – Der Artist – programmes.
Livres : Histoire illustrée des cirques parisiens – Adrian – Cirques en bois, cirque en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis.
En Piste – Bernadette Boustany.
Dernièes années
1930 à 1932 – Der Artist – programmes.
Alphonse Rancy est mort – 19/10/1932.
La dynastie Rancy – Adrian – l’Inter-Forain – juin à octobre 1950.
Le cirque et ses étoiles – Tristan Rémy.
Le grand livre du cirque – Monica J. Renevey.
Paul Salasca – notes.