Lille : Adaptation de Cirques en bois, cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis.

La capitale du Nord

Théodore Rancy et Djali
Théodore Rancy sur Djali

Lille est une métropole qui, après avoir accueilli les plus grands cirques, continue de tenir son rang de grande place internationale du Cirque.

À l’occasion d’une grande exposition, en 1997, dans la capitale du Nord, Michel et Vincent Mochez éditèrent une remarquable étude. Elle est intitulée 120 ans d’histoire du cirque à Lille. Nous ne pouvons que conseiller au lecteur de se procurer cet ouvrage, modeste d’aspect, mais riche de par son contenu. Bien que notre propos ne traite que des cirques en bois et en pierre, nous ne pourrons éviter quelques inévitables redites… mais présentées sous un éclairage différent, avec des informations tirées de documents originaux.

Les aristocrates de la banque

Indépendamment de quelques constructions éphémères évoquant un manège, construites avant 1877, plusieurs directeurs firent ériger des établissements en bois. C’est ce que fit Charles Gautier, avec son Cirque National, en septembre 1847 et 1851.

D’autres familles prestigieuses comme les Lalanne ou les Bouthors animèrent les foires de la capitale des Flandres. Les Franconi présentaient, en 1858, une pantomime à grand spectacle intitulée La prise de Laghouat.

Théodore Rancy bâtisseur

Dans ses mémoires, Théodore Rancy relatait que, dans cette ville, en 1863, il travaillait en concurrence avec Bastien Franconi, et les frères Loyal. Deux ans plus tard, le Cirque Marseillais, Loisset, et le Cirque Africain, se disputaient les faveurs du public lillois.

Sur le champ de Mars, en septembre 1866, Théodore Rancy fit construire un nouveau cirque en bois particulièrement spacieux et confortable. Cette construction resta en place l’année suivante, et fut louée au Cirque du Nord, qui présentait la troupe Feroni. Malgré la concurrence, les affaires étaient bonnes, et à chaque foire, plusieurs cirques montaient leurs constructions en bois… la dernière en date étant celle de Cottrelly.

L’hippodrome Lillois

Cirque Plège - Antoine Plège
Cirque Plège, direction Antoine Plège

Une société privée fit construire, en 1875, sous la direction de l’architecte Lestienne, un vaste hippodrome, rue Nicolas Blanc.

Ce cirque, était de forme polygonale, de 38 mètres de diamètre, de 40 mètres de hauteur, avec une contenance de 5.000 places. La charpente était métallique. Les dépendances étaient dotées d’écuries pouvant abriter 70 chevaux, et de loges pour les artistes.

Le Cirque Cottrelly, dirigé par Henri Cotrell eut l’honneur d’inaugurer l’hippodrome, le 26 août 1877. Pour ce spectacle d’ouverture, cette troupe présenta une revue féerique, en 10 tableaux, intitulée le Tour du Monde en 40 minutes. Elle était interprétée par 150 personnes, accompagnée d’éléphants, dromadaires, kangourous, lamas, chameaux et d’autruches.

Ce cirque revint trois ans plus tard. 

La Mort du général Kléber

Achille Ciotti présenta son spectacle, en 1880. Antoine Plège, un des directeurs les plus populaires de France, annonça, l’année suivante, le Vélocipède aérien par Antoinette Plège. Au final, il y avait un mimodrame militaire historique, en 6 parties, La Mort du général Kléber, animé par une troupe de 150 personnes.

Place de la République, Rancy annonça en en septembre 1881 Une fête de nuit au céleste empire mis en scène par Alphonse Rancy.

Fernando, dirigé par Ferdinand Beert s’installa à l’hippodrome en 1882, avec La Chasse au cerf. Ce cirque, revint l’année suivante. On vit cette même année, le Cirque Royal Néerlandais Oscar Carré, et L. Priami qui, en matinée, proposait des fêtes enfantines.

Les meilleurs cirques du monde

Avec la venue de cirques de grande classe, l’hippodrome de Lille allait s’imposer comme un établissement de cirque de niveau international. Théodore Rancy, en 1884, présenta un copieux programme comprenant le dresseur Robert Crokett avec 5 bœufs dressés. Le spectacle se terminait par Aladin, une grande fantaisie orientale. Le Grand Cirque Péninsulaire, en 1885, dirigé par Ermette Pierantoni aîné, offrit plusieurs spectacles avec une troupe composée de 80 artistes. On revit ensuite Rancy en 1886, 87 et 88. Léopold Loyal, assisté de ses fils Paul et Lucien, fut la vedette du Nouveau Cirque de Paris, à l’hippodrome, en 1887.

Après la venue du Cirque L. Priami, en avril 1888, la piste de la rue Nicolas Leblanc fut investi, successivement, par Antoine Plège,… la troupe de l’écuyère de haute école Fanny Lehmann… et le Grand Cirque International, dirigé par le dresseur d’éléphants Sam Lockhart.

Encore Rancy

Bonnety 1889
Bonnety

Pour l’année suivante, Théodore Rancy s’installa à l’hippodrome, avec les chats savants de Bonnety et Lepère, l’inventeur de la boule mystérieuse.

Cette même piste accueillit, en 1890, Rancy, et le Cirque Diter qui présenta plusieurs pantomimes comme les mésaventures du fiacre 117. Le fameux Théodore Rancy revint l’année suivante, avec un spectacle aquatique intitulé Une journée au parc de la tête d’or à Lyon… Rancy revint encore en 1891 et 1892.

Fin de siècle prestigieuse

Dirigé par Jean Pierantoni, le Grand Cirque Brésilien donna dix représentations à l’hippodrome en 1893, avec en vedette Manuel Veltran et son groupe de lions et chiens danois. Il fut suivi, en 1894, par Mademoiselle Lenka qui versa la recette de la soirée de gala à l’œuvre du vaccin du croup. Les Rancy présentèrent, l’année suivante, la Basse Cour Modèle de Bonnetty, et une grande pantomime intitulée Un rêve.

Après le décès de Théodore Rancy, survenu à Caen le 4 juin 1892, sa veuve Olive, née Loyal, reprit la direction du Cirque Rancy. Jusqu’au début du XXe siècle, ce cirque allait donner régulièrement des représentations.

César Cascabel

Ducos, puis le Grand Cirque Lorrain, de Mademoiselle de Lancray, vint, en 1897, accompagnée de 70 personnes, 20 musiciens et 20 chevaux. La troupe italienne de Pietro Salvani s’installa l’année suivante, tandis que les Rancy annonçaient César Cascabel d’après le roman de Jules Verne.

Le XIXe siècle se termina à l’hippodrome avec le Cirque Bouthors qui, lors de la soirée de gala du 4 janvier 1900, entreprit une grande distribution de jouets à tous les enfants.

En juin, le Cirque Hood présenta les barristes aériens Dumestrescu, et la troupe des Gardes Royales du Dahomey. Enfin, en  septembre, on assista au retour de Rancy.

Nouvelle génération des Rancy et des Plège

Cesar Cascabel au Cirque Rancy
Cesar Cascabel – Orlando Averino

Le nouveau siècle commençait avec le cirque belge Decock, puis en août, Rancy qui présentait, à l’hippodrome, les lions de mer de Wills-Woodward. Alphonse Rancy, l’année suivante,  prit officiellement la direction de l’entreprise familiale.

Le sauteur athlétique John Higgins était la vedette de la troupe Malden, en avril 1903. Fin août, Alphonse Rancy annonçait les débuts du dompteur Sawade avec un groupe mixte de tigres, lions, ours bruns et blancs. Toujours chez Rancy, en septembre, les acrobates à cheval Alfred et John Clarke tournaient des sauts périlleux. En 1907, on vit le Cirque Schumann, et celui de Pietro Salvani qui revint en 1908 et 1909. Le chevalier Charles installa son Cirque Suisse rue Nicolas Le Blanc, de 1908 à 1910.

Wulff

Les Lillois firent la connaissance, en 1914, du Cirque Wulff, célèbre pour sa cavalerie, et l’éléphant conduisant une voiture décapotable. Wulff revint les deux années suivantes.

Après le décès d’André Plège, sa veuve Alice, née Trottman, prit la suite de l’entreprise, et s’installa à l’hippodrome en 1909. Le Grand Cirque d’Albrey présenta, en 1910, Mauricia de Thiers, le bilboquet humain, la famille équestre Lécusson, et les clowns Antonet et Grock.

Excelsior, dirigé par Eugène Dutrieu, afficha en 1910 le dompteur Henricksen et ses 12 tigres. Hélas, l’année 1911 fut néfaste pour Alice Plège qui fit faillite. Elle dut vendre à Lille six chevaux alezans.

Dutrieu, en septembre 1913,  présenta les 9 Rainat, et l’écuyer John Clarke. À l’hippodrome, Krone donna des représentations du 25 décembre 1913 au 5 janvier 1914. Le  Grand Cirque Palazzo, dirigé par Benoit Bredford, présenta, en avril, les 3 Eclair, motocyclistes dans la corbeille mortelle.

Looping, plongeon et saut périlleux en auto

Pendant le grand conflit, l’hippodrome fut endommagé, mais; heureusement ;vite restauré. Cela permit, d’accueillir en 1919, le Grand Cirque Parisien, dirigé par Dahan, Alphonse Rancy… et le Grand Cirque Australien, une des nombreuses enseignes dirigées par Périé. Roche entreprit ensuite, à partir de 1920, une série de spectacles qui divertirent les Lillois jusqu’en 1928.

Napoléon Rancy vint rue Nicolas Le Blanc, fin décembre1920, et janvier 1921, avec le clown Little Walter. Ensuite, on vit le Cirque Mondial, et Roche qui mit à l’affiche les 3 Fratellini. Cette même direction annonça le fameux Gadbin II, dans le plongeon de la mort. Deux ans plus tard, dans le même cirque, Moriss Abbins tourna à bicyclette le fameux looping the loop en lumière noire. Le Cirque Roche présenta régulièrement ses spectacles de 1920 à 1928.

Le directeur Gaston Desprez

Les frères Desprez dans leur saut périlleux en automobile au Cirque d’Hiver
Gaston Desprez, le directeur du Cirque d’Hiver de Paris, donna des représentations en septembre 1929, avec en vedette le roi des jockeys, Chotachen Courtault. La même direction engagea, l’année suivante, le comique Frank Pichel, et le double saut périlleux en automobile par les frères Marcel et André Desprez.

Hagenbeck, en 1931, impressionna les Lillois avec sa fastueuse ménagerie, et le dompteur Rudolph Matthies.

Dernière saison de l’hippodrome

Grock et son partenaire jouèrent devant un public enthousiaste du 17 au 20 mai 1932. André Rancy anima, en septembre, un spectacle de cirque pour la dernière fois rue Nicolas Blanc. Au programme on pouvait voir les trapézistes volants Zemganno, et le fameux hypnotiseur de fauves Blacaman.

Les habitués lillois vinrent pour la dernière fois à l’hippodrome, le 6 novembre, à l’occasion de la célébration du 25e anniversaire de la fondation de la Ligue Patriotique des Femmes Françaises. L’hippodrome fut démoli l’année suivante, au mois d’avril. Cependant, la coupole métallique fut sauvegardée. Elle fut remontée cinq ans plus tard,  pour la Foire Commerciale.

Retour en arrière

De nombreux cirques, et non des moindres, concurrencèrent l’hippodrome Lillois, en érigeant des constructions Place de la République, Place Sébastopol et l’Esplanade du Champs de Mars, appelé aussi Champ de Foire.

Place de la République, Théodore Rancy, proposait en 1878, Une fête de nuit au Céleste Empire, une pantomime en 5 tableaux. Ce cirque revint sur cette place en 1881, 1886, 1887 et 1888. Le Cirque Royal Néerlandais d’Oscar Carré, se produisit en 1882, Place de la République, avec plusieurs pantomimes, comme Titus.

Sur les grandes places lilloises

Cirque Corvi - façade
Cirque Corvi

Le Cirque Continental, dirigé par Léon s’installa en août 1884. Dans une construction, Plège présentait en 1885, La Grande Chasse Pompadour et La Chasse au cerf. Corvi et son cirque d’animaux, la Troupe équestre et Gymnastique et le Cirque Théodore Rancy, travaillèrent en concurrence l’année suivante. Ce dernier retourna à la même place en 1887 et 1888… tandis que Plège revenait en 1889.

Sam Lockart installa son Grand Cirque International en septembre 1892. Mademoiselle Lenka monta une construction en 1894, sur l’Esplanade, et les deux années suivantes, Place Sébastopol. Beketow s’installa sur cette même place, en 1899 et 1901, avec, cette dernière année, les plongeurs Andrée et Golden… Sans oublier aussi le passage du Cirque du Nord en mai 1900.

Plège et ses successeurs

Le Grand Cirque National Suisse du capitaine Schmidt monta son chapiteau Place de la République, en 1902… tandis que Plège installait sa construction Place Sébastopol. Ce cirque présenta le jockey Harry Althoff, et la troupe acrobatique Glinseretti. La pantomime s’intitulait 1900, ou les aventures d’une américaine à l’exposition de Paris.

Depuis le décès d’Antoine Plège, en 1898, sa veuve Joséphine avait pris la suite directoriale.

Ensuite, en 1903, le Cirque Plège, dirigé alors par André qui venait de prendre la succession de sa mère Joséphine, mit à l’affiche, Hélène Dutrieu, la téméraire flèche humaine… et la famille équestre Brun-Lécusson, ainsi que le clown Tonitoff.

Quelques chapiteaux

Tilly Bébé - Roubaix
Tilly Bébé

Le temps d’une parenthèse, la métropole du Nord accueillit le cirque américain Barnum & Bailey, qui planta ses chapiteaux au Champ de manœuvre de Ronchin. Le cirque hollandais Brantsen, dirigé par Durandsen, s’installa en 1904 et 1905, Place de la République. On put y applaudir Mademoiselle Aboukaïa la flèche humaine, puis la dompteuse Tilly Bébé et ses 10 lions.

À remarquer aussi, en 1905, la venue de plusieurs cirques volants, comme Fernando, le Wild West Show de Buffalo Bill... et l’incroyable Mac Caddon, copie conforme de Barnum & Bailey.

Les frères Roche

Malgré les redoutables rouleaux compresseurs américains, André Plège, en 1906, monta sa construction Place de la République. Le Cirque Roche, de 1908 à 1911, s’imposa dans le paysage circassien Lillois. Cette construction était dirigée par les frères Camille et Emmanuel, qui avaient présidé aux destinées d’une grande agence artistique à partir 1896, puis créé leur cirque à Tourcoing.

Toujours en 1908, André Plège s’installa en construction. Hélas, il décéda au mois de  novembre.

Quadrille aérien

Le clown Alexandre Palisse et son épouse Adrienne Grenier s’installèrent en septembre 1912, dans leur confortable semi-construction montée Place de la République. Au programme on pouvait applaudir les aériens Monbar. Cet établissement travailla en concurrence avec le Cirque Hagenbeck, qui avait planté son chapiteau sur l’Esplanade.

L’année suivante, toujours chez Palisse, la troupe équestre des 7 Cardinale, et Foottit et Chocolat, furent à l’honneur. Palisse dut soutenir la concurrence de Dutrieu qui affichait un spectacle étourdissant avec l’acrobate à cheval John Clarke et Romain Noiset dans la course à la mort.

De 1919 à 1922, Palisse s’installa encore Place de la République, avec un chapiteau, car sa semi-construction était montée dans d’autres villes. Entre temps, Alphonse Rancy monta ses tentes au Champ de Foire, de 1924 à 1928, ainsi que le Cirque-Variétés Ancillotti-Plège en 1926.

Le règne des Pourtier

Cirque Pourtier - Bordeaux
Cirque Pourtier

Le Cirque Pourtier, de 1929 à 1938, vint au Champ de Mars, avec de copieux programmes. Son premier spectacle était animé par les clowns Dario, Bario et Rhum. On put applaudir par la suite, les meilleurs clowns du moment, comme Rico et Alex Briatore, ou Cairoli, Porto et Carletto

Les Pourtier achetèrent, en 1930, la semi-construction des frères Roche. En septembre 1931, le Cirque Pourtier, installé au Champs de Mars, proposa la troupe équestre Loyal-Repensky, et les fameux clowns espagnols Rico et Alex Briatore.

Chez Pourtier

L’année 1933, Pourtier annonça l’étonnant avaleur de grenouilles Mac Norton. On put rire en septembre, dans ce même cirque avec les Dario-Bario. Toujours dans le même cirque, les rois de l’air Rainat triomphèrent en septembre 1934. Alfred Court, en 1935, réunit un groupe de 7 tigres géants du Bengale, parmi lesquels se trouvait le redoutable Bengali.

Les spectateurs Lillois furent charmés en 1936 par les 7 Ida May, et l’année suivante par le malicieux éléphant Mago. En 1938, on frémit en regardant le funambule Rover, et on put s’esclaffer avec les Fratellini.

Renaissance de l’hippodrome

Le 2 septembre 1937, on assista à la renaissance de l’hippodrome de Lille. La coupole métallique fut remontée dans un nouveau bâtiment qui allait devenir par la suite le Palais des Sports, situé dans le Parc des Expositions. La salle fut agrandie, permettant d’accueillir huit mille spectateurs. Le spectacle d’ouverture du Campeone Circus, dont la direction artistique fut attribuée aux Perezoff, père et fils. Il y avait 20 attractions, la troupe clownesque Dario-Bario, et pour le final une grande féerie nautique.

Le Campeone Circus, l’année suivante, dirigé par Edouard Bouchery, invitait le mythique Alfred Court dans une entrée de cage intitulée La paix dans la jungle, réunissant 18 fauves.

Pendant la seconde guerre mondiale, on put déplorer le bombardement de la coupole de l’hippodrome, lors de la retraite allemande, en 1944. À noter cette même année, le passage du Cirque Franco-Belge, au Théâtre de Sébastopol.

Retour des Rancy

carte de Lille 1939 - CPA
Lille 1939 – CPA

Henri Rancy fit monter sa semi-construction tubulaire en septembre 1946, et proposa deux séries de spectacles présentés par Mylos, avec les Dario-Bario. Ensuite, l’année suivante, le Cirque Napoléon Rancy s’installa, à nouveau, sur l’Esplanade de Lille. Ce cirque de grande qualité continua de divertir les Lillois, jusqu’en 1959.

Les meilleures attractions de l’époque défilèrent sur cette piste, comme le fou musicien Little Walter, le Prince de l’équilibre Little John, ou encore les hilarants Craddock. De 1960 à 1963, les représentations furent données sous un chapiteau à 4 mâts au carré, puis la firme passa sous la direction de Sabine Rancy.

Entre temps, les grands cirques ambulants, comme Amar, Pinder ou Bouglione, pour ne citer que les plus connus, visitèrent régulièrement la capitale du Nord.

La Voix du Nord

Dans la salle du Palais des Sports, à l’occasion du premier salon du confort ménager, à la foire commerciale, en 1955, le journal La Voix du Nord, eut l’idée d’offrir gracieusement aux enfants lillois deux matinées sur le thème du Cirque. Ce grand quotidien, qui avait déjà organisé en 1934, et 1936, de telles manifestations, demanda à l’impresario Jean-Pierre Panir d’organiser ces spectacles.

L’expérience fut recommencée l’année suivante, et s’intitula Le Cirque des Jeunes. Les spectacles s’étoffèrent, et en 1967, le Cirque de La Voix du Nord devint un grand moment de la vie lilloise.

Attractions internationales

Achille Zavatta

Les plus grands numéros du moment se produisirent au Cirque de la Voix du Nord, parmi lesquels on peut citer les dompteurs Gert Siemoneit, Charly Baumann, Taras Boulba… les trapézistes Gaonas, Alizés, Palacio, Gérard Edon… les clowns Rudi Llata, Chabris, Bario, ou encore Achille Zavatta… plus des attractions de premier ordre comme Lili Yokoï, le trio Zalewski,… la belle équilibriste Rogana ou le merveilleux fildefériste Joseph Bouglione.

Grâce aux spectacles du Cirque de La Voix du Nord, Lille continuait à tenir son rang de grande place internationale du Cirque. Ce cirque, pas comme les autres, avait attiré 100.000 spectateurs en 1986.

Du Cirque de Moscou à Barnum

En plus du Cirque de La Voix du Nord, le Palais des Sports accueillit le Télé Radio Circus 56, et fin décembre 1956, un spectacle intitulé Les Cirques Internationaux Réunis… sous la direction d’Alex Golstein, avec en vedette Achille Zavatta.

On fut charmé, en 1958, par la dompteuse Margarita Nazarova, l’étoile du Cirque de Moscou. Puis, ce cirque d’état soviétique revint en juin 1963, avec les funambules Voljanski.

Après 60 ans d’absence en Europe, le Ringling Bros and Barnum & Bailey Circus, dirigé par John Ringling North, investit le Palais des Sports, en septembre, pour sa première Européenne.

Le spectacle copieux avait comme vedette l’ahurissant funambule Harold Alzana, les trapézistes Galla Shawn et Gérard Soulès, et le tramp Otto Griebling. L’orchestre était dirigé par le grand chef américain Merle Evans.

Tragédie au Cirque

Un incident tragique allait assombrir les débuts. La veille de la première, le trapéziste mexicain Lalo Palacio se suicidait dans sa chambre d’hôtel. Malgré ce deuil, le plus grand cirque du monde fut exact au rendez-vous avec le public lillois.

Enfin, en juin 1971, le Cirque des Muchachos apporta la joie, et triompha sous la coupole de l’ancien hippodrome. Les Lillois eurent l’occasion de revoir ces trépidants Muchachos, au Palais des Sports, en 1987.

Sous prétexte d’organiser des soirées de rock, la direction du Palais des Sports, en 1984, avait relégué le Cirque de La Voix du Nord dans un des halls de la Foire. Hélas, ces lieux peu hospitaliers, ne permirent pas d’accueillir tous les spectateurs. Près de 40.000 places furent ainsi refusées. C’est pourquoi, en 1986, le journal La Voix du Nord, annonça à regret la triste fin de ce cirque.

Quand la foi soulève les montagnes

Au Père Lachaise 2
La fête

Jean-Pierre Panir ne baissa pas les bras. Il mit en place un nouveau spectacle de cirque intitulé La Grande Fête Lilloise du Cirque. Il fut aidé par la Municipalité qui mit à sa disposition le Palais Rameau.

Ce vaste bâtiment, construit par les architectes Mourcou et Condamine, fut financé par les fonds légués par l’agronome Rameau. Ce Palais fut édifié sur un terrain offert par la ville, qui fut baptisé Square Rameau, donnant sur la rue Solférino. Selon l’intention de ce mécène, ce Palais avait pour vocation les présentations d’expositions horticoles et artistiques. Le Cirque pouvait donc y avoir droit de cité. Malgré son aspect austère, ce bâtiment fut aménagé en cirque. La première eut lieu le 7 novembre 1987. Ce fut un succès incontestable.

La grande fête

Cinq ans plus tard, en décembre, le Cirque de Moscou donna quelques représentations au Palais Rameau. En 1996, la Grande Fête Lilloise du Cirque fêtait son dixième anniversaire avec faste. Les spectacles furent copieux et de qualité, riches en numéros d’animaux avec les lions de Kid Bauer, les ours de Ruppert, les éléphants d’Amadeo Folco… les hôtes de la ferme des Probst ou l’Arche de Noé de Krenzola.

Accompagné par l’orchestre de Roland Ingelaere, animé par l’Auguste Tico, le spectacle était présenté par Thierry Ferry. Ce dernier prit la succession de Jean-Pierre Panir en 1997.

Avec brio, ce dynamique directeur continue de présenter chaque année La Grande Fête Lilloise du Cirque. Souhaitons-lui longue vie et prospérité.

Charles Degeldère et Dominique Denis  écrit en 2003.

Adaptation de Cirques en bois, cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis – deux volumes – Arts des 2 Mondes – 2003.

Sources : Lille

1 sources : Lille

  • Plan de la ville.
  • Plan-guide de Lille – 1892.
  • 120 ans d’histoire du cirque à Lille – Michel et Vincent Mochez – 1997.
  • Les pérégrinations d’un directeur – Didier Gautier – Le Cirque dans l’Univers n° 200. 
  • Théodore Rancy et son temps – 1818-1892 – Jacques Garnier – p 109-118.
  • Les cirques stables en France (1900-1950) – Alfred Court – Le Cirque dans l’Univers – n° 15.
  • Architectures du Cirque – Des origines à nos jours – Christian Dupavillon – p 131.
  • Grand Répertoire Illustré des Cirques en France – Robert Barrier – p 263.
  • Der Artist – 1884-1892-1893-1895-1897-1900-1902-1904-1905.

2 sources : Lille

  • Le Nouvelliste – 1901-1902-1903-1920-1921-1931-1933-1934-1935-1936.
  • La fantastique tournée en France de Barnum & Bailey – Dominique Denis.
  • Affichettes et Programmes – Cirque National – Cottrelly – Plège – Great American Circus – Théodore Rancy – Fernando – Oscar Carré – Diter – L. Priami – Troupe équestre et Gymnastique – Grand Cirque Péninsulaire – Nouveau Cirque de Paris – Grand Cirque International – Cirque Brésilien – Lenka – Grand Cirque Lorrain – Bouthors – Alphonse Rancy – Cirque d’Albrey – Excelsior – Dutrieu – Grand Cirque Parisien –  Roche – Palisse – Pourtier –  Palazzo – Grand Cirque Australien – Napoléon Rancy – Cirque d’Hiver – Campeone Circus.
  • Les Grands Cirques Internationaux Réunis – Cirque de Moscou.
  • Info Krone : Quentin Villa – 7/01/2023.

3 sources : Lille

  • Un grand directeur est mort – Camille Roche – Alfred Court – Le Cirque dans l’Univers – n° 17.
  • Sur le chemin des grands cirques voyageurs – Adrian – p 37.
  • Album Maïss – Dominique Denis – p 65.
  • La vie intime d’un grand cirque – Le Nord Illustré – n° 16.
  • Avant l’ouverture de la foire commerciale – Le grand hebdomadaire illustré – n° 14.
  • Une séance au cirque Rancy – Le grand hebdomadaire illustré – n° 38.
  • L’hippodrome Lillois – Le grand hebdomadaire illustré.
  • Il était une fois l’hippodrome – M. Héraud.
  • Le roi du looping the loop – Le réveil illustré – n° 144.
  • Quand Lille aimait le cirque – Pierre Dhénin.
  • Cirques – Constructions – Jacques Fort – Le Cirque dans l’Univers – n° 22.
  • Das Organ – 1937-1938.
  • L’Inter-Forain – Septembre 1937.
  • Hop et Voilà – 1937-1938.

4 sources : Lille

  • L’Artiste – Septembre 1938.
  • La saison de cirque à Lille – Henry Thétard – 6/9/1938.
  • Annonces Napoléon Rancy – 1949-1955-1956-1957-1958.
  • Rancy – La croix du Nord et du Pas de Calais – 14/9/1957.
  • Les cirques internationaux à Lille – Michel Harduin – Le Cirque dans l’Univers – n° 25.
  • Les membres du Club du Cirque – Jean-Marie Sourgens – La Voix du Nord – 23/8/1963.
  • Deux accidents hier au cirque Barnum – Jacqueline Cartier – France-Soir – 18/9/1963.

5 sources : Lille

  • Frayeur au cirque Barnum à Lille – France-Soir.
  • Annonces Barnum – 1963.
  • Scènes et Pistes – 1963.
  • Après 60 ans d’absence le plus grand spectacle du monde revient en Europe – Liberté – Septembre 1963.
  • Le problème des trois pistes – Pierre-Robert Levy – Le Cirque dans l’Univers – n° 51.
  • Lille servira de test au plus grand cirque du monde – La Voix du Nord – 1963.
  • Le cirque des Muchachos – Le Cirque dans l’Univers – n° 146.
  • Notes Dominique Denis.

À lire :

Cirques en bois, cirques en pierre de France – Charles Degeldère et Dominique Denis – deux volumes – Arts des 2 Mondes – 2003. (en cours de réédition).